S’il est inexact de parler de chute, les spécialistes n'hésitent pas à employer le terme d'essoufflement pour évoquer l’évolution du travail frontalier au Luxembourg. Et si le pays perdait en attrait ? Décryptage de l’équipe de Cosmopoly avec ses invités.

Le cadre était idéal. L’équipe de Cosmopoly avait installé son plateau au cœur du salon des frontaliers qui s’est tenu le jeudi 13 novembre dernier au centre commercial de la Cloche d’or au Luxembourg. À l’heure où un récent rapport de l’INSEE en France confirme que les travailleurs frontaliers au Luxembourg touchent en moyenne 65% de salaire en plus qu’en France, Cosmopoly s’est demandé si cet appât du gain suffisait toujours à compenser les désagréments. Car ils sont nombreux : le temps de trajet bien sûr, mais également différentes “attaques” des deux côtés de la frontière, sur les champs de l'imposition, de la limitation du télétravail ou des allocations.

Autour de la table pour cette émission : 
La sociologue Jessica Lopes, autrice du livre Temps de trajet (Éditions Point Nemo) avec son compagnon Charl Vinz, réalisé à partir de témoignages et illustré à la façon d’une bande dessinée moderne.
David Büchel, psychologue du travail à la Chambre des salariés.
Pascal Peuvrel, président des Flux et organisateur de l’événement.

L’humoriste Julien Strelzyk était également présent pour apporter une touche de dérision, sans oublier Thomas Toussaint et Caroline de Plaen de l’équipe de RTL Infos, respectivement pour nous rappeler quelques chiffres clés et pour nous faire part des questions des internautes.

Comme pour valider le thème de l’émission, Pascal Peuvrel a confié d’emblée que, même si la situation n’est pas dramatique, “nous remarquons au fil des ans que certains membres de notre association, souvent parmi les jeunes, commencent à nous dire qu’ils en ont un petit peu marre et envisagent de retourner travailler en France. D’ailleurs, certains le font concrètement.

Les raisons sont multiples, mais la principale est indiscutablement liée à la mobilité, problème qui touche aussi bien les frontaliers que les résidents désormais. C’est pourquoi le livre Temps de trajet s’avère une entreprise extrêmement pertinente. Pour le réaliser, la sociologue Jessica Lopes et l’illustrateur Charl Vinz ont, pendant un an, partagé le quotidien de personnes qui doivent se déplacer, souvent longtemps, pour aller travailler au Luxembourg. Cette méthode de recherche appelée l'observation participante a valu à Jessica et à son compagnon au crayon de se "réveiller au milieu de la nuit pour rejoindre quelqu’un à Verdun qui partait à 6 heures du matin pour le Luxembourg. Ça nous a permis de ressentir et d’observer de nombreux petits détails durant ces trajets."

RTL

© CSL / Point Nemo Publishing

En sa qualité de psychologue du travail à la Chambre des salariés, David Büchel a évoqué une enquête réalisée chaque année sur la qualité et le bien-être au travail, cela sur un échantillon de 3.000 personnes dont la moitié sont des frontaliers. Ce dernier a précisé que cette distinction induit “la comparaison, et elle permet de remarquer que les profils sont différents. Il y a des différences structurelles selon le pays de résidence. Ceux qui vivent au Luxembourg travaillent plus souvent dans les banques, la fonction publique ou la santé et sont en général très diplômés. Quand on retrouve plus souvent les frontaliers de France dans les métiers techniques et manuels [...] Évidemment, cela a un impact sur le ressenti car les secteurs ne sont pas les mêmes.”

Dans sa chronique désopilante, Julien Strelzyk nous a rappelé avec cruauté qu’un frontalier qui fait toute sa carrière au Luxembourg passe l’équivalent de 3 ans dans les bouchons, “Trois, comme le nombre de mots luxembourgeois qu’un frontalier maîtrise après 40 ans de carrière : Moien, adi, wannechgelift.”

Retrouvez l’intégralité de l’émission en vidéo dans cet article ou sur la plateforme RTL PLAY. Vous pouvez également écouter Cosmopoly sur les plateformes audio.

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