"La croissance nous fait défaut depuis cinq ans et les perspectives ne sont pas brillantes", a déclaré mardi le directeur général de la Chambre de Commerce lors de sa traditionnelle conférence de presse sur le budget.
"Sommes-nous arrivés au terme du modèle luxembourgeois ?" C’est la question posée par la Chambre de Commerce lors de sa traditionnelle conférence de presse sur le budget. Notre petite économie ouverte serait fortement fragilisée par le contexte géopolitique, mais aussi par nos problèmes structurels internes, selon l'institution.
Le Luxembourg a toujours pu générer des recettes fiscales élevées grâce à son économie solide et à ses entreprises compétitives orientées vers l’exportation, ainsi qu’à sa place financière internationale, explique Carlo Thelen, directeur général de la Chambre de Commerce. Mais ce modèle est menacé "car la production, c’est-à-dire ce que l’économie génère, notre richesse créée, nécessite toujours plus d’apports, donc toujours plus de ressources, qui deviennent cependant de plus en plus coûteuses et rares."
Parmi ces ressources figure notamment le capital : "Jusqu’à présent, nous avons toujours réussi à l’attirer, parce que nous étions peut-être plus attractifs que d’autres pays, parce que nous étions aussi plus attractifs fiscalement, mais pas seulement fiscalement, également grâce à la stabilité politique par rapport à d’autres pays. Cependant, nous sommes désormais entraînés dans tout ce mouvement de sur-réglementation en Europe. Cela signifie qu’à l’heure actuelle, l’Europe n’est malheureusement plus attractive, et le Luxembourg fait partie de l’Europe. Par conséquent, de nombreuses juridictions situées en dehors de l’Europe sont désormais plus attractives."
La population au Luxembourg vieillit de plus en plus, ce qui aura des conséquences dramatiques à long terme sur nos systèmes de pensions, de soins et de santé. Il s'agit par conséquent de continuer à attirer des talents, y compris de l’étranger: "Si toutes ces personnes venant de pays tiers ne viennent plus, et nous l’avons vu dans les chiffres, si les frontaliers ne viennent plus, parce que là aussi le vieillissement est présent, et l’Allemagne connaît également un fort vieillissement, alors notre système social ne pourra plus fonctionner, car nous n’aurons plus l’emploi nécessaire pour payer les cotisations dont nous avons besoin."
L’emploi ne croît plus que dans la fonction publique.
"Dans le secteur public, on ne se demande pas si une personne doit vraiment être remplacée lorsqu'elle part à la retraite, ce qui crée une très grande concurrence ou une pression énorme par rapport au secteur privé. Cela a bien sûr des conséquences sur la disponibilité de la main-d’œuvre dans le secteur privé." Selon Carlo Thelen, le pragmatisme luxembourgeois s’est complètement perdu ces dernières années et il y a eu un basculement total : "D’un pays à l’esprit entrepreneurial d'acteurs industriels et économiques, nous sommes passés à un pays de contrôleurs, d’inspecteurs, de régulateurs, d’agents de conformité, de fonctionnaires qui, au lieu de servir la population, comme l'indique le terme anglais 'civil servants', sont plutôt là pour mettre des bâtons dans les roues de la population et des entreprises."
L’économie doit être relancée et redevenir compétitive et attractive, selon Carlo Thelen.