© Ben Wagner
Les "snus", ces petits sachets de nicotine, que l’on place sous la lèvre, restent un sujet de discorde au Luxembourg.
Avec la nouvelle législation, qui n’interdit pas noir sur blanc le snus sur le marché national mais l’exclut quasiment, le producteur luxembourgeois Heintz van Landewyck se sent lésé.
Autrefois, l'entreprise produisait des cigarettes. Aujourd’hui, elle a investi à Hollerich pour développer la production de snus sans tabac. Mais fin octobre, la Chambre des députés a révisé la loi anti-tabac. Le Luxembourg n'est pas allé jusqu'à interdire purement et simplement les sachets, mais le texte fixe une teneur maximale en nicotine très faible. Pour le directeur de Heintz van Landewyck, Georges Krombach, c’est incompréhensible : seulement 0,048 milligramme de nicotine est autorisé par sachet. Autant que ce qu’on trouve naturellement dans deux aubergines : "Nous estimons au fond qu’il faudrait alors mettre des avertissements aussi sur les aubergines, puisque c’est ce que veulent les autorités. Avec cette dose, notre produit snus ne sera plus attractif pour le consommateur qui recherche malgré tout la nicotine. Cela entraînera une explosion des commandes en ligne. On peut commander le produit sans problème sur des milliers de sites."
Le marché noir va exploser, prophétise Georges Krombach. Une interdiction est tout simplement une décision à courte vue, selon lui. Ses arguments ont surtout été repris par l'ADR et, en partie, par les Piraten au Parlement. Les autres partis considèrent la nicotine et les produits dérivés colorés et parfumés de Georges Krombach, comme un danger trop important pour la jeunesse. La rapportrice du projet de loi, Françoise Kemp (CSV), a déclaré : "La nicotine est et reste une addiction, même si la forme a changé. Les responsables politiques ne doivent pas rester à la traîne alors que le marché est toujours plus créatif."










De son côté, le fabricant était favorable à une limite d'âge de 18 ans, à des avertissements sur l'emballage et à une teneur limite en nicotine comprise entre 6 et 16 milligrammes par sachet. Sans oublier les taxes sur le snus. Georges Krombach explique que l'entreprise s'était préparée à apposer des étiquettes fiscales sur les emballages : "Après que les accises aient été décidées sur le produit, nous avons investi plus d'un million d'euros ici, au Luxembourg, dans des machines d'étiquetage. Le lundi, nous pouvons acheter l'étiquette fiscale et le lendemain, notre produit est interdit. C'est un véritable cauchemar industriel pour nous. Nous investissons de l'argent au Luxembourg et, le lendemain, notre produit est interdit. Nous ne comprenons pas ce qui se passe."
Les snus luxembourgeois étant exportés dans plus de 25 pays, le fabricant est en pleine expansion. Cependant, l'usine va être délocalisée à Trèves. Georges Krombach espère que la limite de nicotine autorisée sera revue à la hausse afin que les sachets puissent être aussi vendus de manière conventionnelle au Luxembourg, et pas seulement finir malgré tout ici via des sites internet étrangers.