Comparé à ses voisins, le Luxembourg ne connaît pas la crise. Pour encore longtemps ? L’équipe de Cosmopoly et ses invités se demandent si un scénario catastrophe est possible.
Le Luxembourg a beau être en haut du classement du PIB par habitant de l’Union européenne et compter parmi les économies les plus dynamiques du continent, l’OCDE ne se gène pas pour lui faire des recommandations : engager une réforme globale du système de retraite à court terme, continuer de mener une politique budgétaire prudente ou encore changer son modèle de croissance. Un rapport récent de l’Organisation de coopération et de développement économiques affirme d’ailleurs que le Luxembourg est très exposé aux chocs économiques mondiaux.
C’est pourquoi il n’a pas paru si hors de propos à l’équipe de Cosmopoly de se demander ce qui pourrait faire chuter l’économie du pays en compagnie de ses invités : Michèle Detaille, entrepreneuse et ancienne présidente de la fédération d’entrepreneurs FEDIL, Aline Muller, directrice du LISER, Institut luxembourgeois de recherche socio-économique et Julian Bernstein, de l'association etika qui milite pour la finance éthique. Quant à l’homme de lettres et de culture Claude Frisoni, il a fait profiter l’assemblée de sa verve bien connue pour un billet entre humour et sarcasme.
Au fil de cette émission, durant laquelle sont également intervenus Gael Arellano, le “monsieur immobilier” de RTL Infos et Caroline de Plaen, spécialiste des réseaux sociaux, on a pu constater que le niveau de confiance est loin d’être égal.
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“Ce qui compte pour une économie, c’est la richesse créée. Que ce soient des robots ou des gens, peu importe.”
Qu’est-ce qui pourrait changer la donne et mettre l’économie du Luxembourg, qui repose encore fortement sur le secteur bancaire, en péril ? On commence à constater les premiers effets de l’intelligence artificielle sur le marché du travail, avec par exemple des suppressions de postes chez Amazon qui vont toucher le Luxembourg.
Michèle Detaille ne pense pas “qu’il faille avoir peur de l’IA et puis tant mieux si on supprime des emplois puisqu’on est dans une démographie vieillissante et que de moins de moins de gens veulent se déplacer pour venir travailler. Ce qui compte pour une économie, c’est la richesse créée. Que ce soient des robots ou des gens, peu importe.”
De son côté, Aline Muller avoue que “la croissance est drivée par le progrès technologique, c’est là que le bât blesse un peu au Luxembourg mais je reste optimiste sur l’impact que peuvent avoir l’IA et ces progrès sur le secteur des services.”
Julian Bernstein est plus circonspect : “L’économie du Luxembourg est concentrée. C’est le secteur financier bien sûr qui porte essentiellement l’économie. Et quand un secteur est tellement dominant, c’est toujours un risque. Quand on jette un œil aux recettes fiscales, on se rend compte que la vente de tabac représente 6 % de la totalité. On ne peut pas parler d’économie durable.”
Dans cette émission, Claude Frisoni a imaginé un scénario désopilant où “les employés des fonds spéculatifs et des fonds alternatifs, des fonds d’investissements, des fonds sans fond et des fonds sans fondements, doivent quitter leurs bureaux luxembourgeois, un carton sous le bras et une infinie détresse dans les yeux.” Un billet à écouter intégralement en deuxième partie d'émission.
Si les visions de l’avenir ne sont pas unanimes, tout le monde semble d’accord pour dire que, pour l’heure, l’économie du Luxembourg n’est pas spécialement menacée. Mais Aline Muller a rappelé un point essentiel : “Il n’y a pas de croissance à long terme sans innovation. Et la question au Luxembourg est : Est-ce qu’il y a suffisamment d’incitants et d’attention portée à tous les obstacles qu’il peut y avoir à l’entrée ? Par exemple, de nouvelles innovations au sein de l’économie. C’est ça qui va être déterminant dans les prochaines années.”
Julian Bernstein, de l’association etika, a rappelé que sa structure présente “une alternative et nous avons été précurseurs d’une idée aujourd’hui plus connue, c’est-à-dire baisser les taux d’intérêt, quand on accorde des crédits, à des projets qui ont un objet social ou écologique. etika a été parmi les premières institutions au Luxembourg qui ont mis cette idée en avant et ça fonctionne, même si aujourd’hui ça reste une niche.”
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