
© Maison du Grand-Duc
Le "trounwiessel" a ravivé les questions autour de la monarchie au Luxembourg. Chef de l'Etat, le Grand-Duc n'est pas élu et se tient loin des controverses politiques. Il cimente la Nation. Concrètement, qu'apporte un Grand-Duc ?
À donner au Grand-Duché de Luxembourg l’éclat qu’il mérite. Pour que son étoile, aussi petite soit-elle, puisse briller sur la scène internationale. Et évidemment, ce n'est pas la peine de tourner autour du pot, la monarchie luxembourgeoise a un coût.
Certains estiment que 19 millions d’euros, à la louche, c’est un peu cher pour un pays de la taille du Luxembourg. Ça nous fait quand même 28 euros par habitant et par an. Contre 1,15 euros pour le contribuable britannique si on se réfère à la "Subvention royale".
Revenons au Luxembourg. Le Grand-Duc n’y est pas élu, mais il est le chef de l’Etat. Il nomme le Premier ministre et son gouvernement. Dans les faits, le Grand-Duc ne peut prendre aucune décision, sans l’accord de ce même gouvernement.
Autre paradoxe: pour que les lois votées par les députés deviennent officielles, le Grand-Duc doit les signer. Son pouvoir de refuser est très limité. Notamment depuis la “crise de 2008”. Le Grand-Duc Henri avait alors refusé de signer la loi sur l'euthanasie pour des raisons de conscience, s'en était suivie une crise constitutionnelle. Depuis il promulgue les lois, mais ne peut plus les sanctionner, ni les approuver.
Le Grand-Duc, c’est aussi le chef des Armées. Il a même le titre de Général.
Son rôle a complètement changé depuis la création du Grand-Duché. En 1815, il dirigeait la politique. La Chambre avait alors un rôle consultatif. Aujourd’hui les rôles sont inversés. Le Grand-Duc a surtout un rôle protocolaire et représentatif, comme ses homologues belge et néerlandais par exemple.
Alors concrètement, qu'apporte un Grand-Duc ?
Plein de bonnes choses! “Le rôle du Chef d’État est d’abord d’être au service du Luxembourg, des Luxembourgeoises et des Luxembourgeois et de tous ceux qui y habitent et y travaillent”, explique aux enfants, son avatar dessiné sur kids.monarchie.
Dans ce petit pays qui “ne reste jamais figé” - c’est une expression qu'on doit à Henri - il s’évertue à apporter la plus-value liée à sa qualité de chef du pays. Imaginez un instant les patrons de grandes entreprises ou de start-ups en mission économique au Portugal, en Chine ou au Japon avec un Grand-Duc en tête de délégation... C’est tapis rouge pour les affaires!
En tant que chef de l’Etat, il rend régulièrement visite aux dirigeants d’autres pays, crée des liens et place le Luxembourg sur l’échiquier. D’autre part, il reçoit au Luxembourg, les visages du monde.
Le Grand-Duc est surtout une figure d’unité nationale. C’est le “bon père de famille” qui effectue de très nombreuses visites de terrain dans les entreprises, hôpitaux, associations, les compétitions sportives, mais aussi lors “d’épreuves” comme les inondations de juillet 2021 ou le Covid-19.
Ses rares discours, plein de recul, montre qu’il est là, à l’écoute. Dans son costume impeccable, il distille des messages d’encouragement et dit “Merci à ceux qui travaillent chaque jour pour ce pays” qu’ils soient Luxembourgeois ou frontaliers. Bref, le Grand-Duc “cimente” la Nation à sa manière.
Et les Luxembourgeois le lui rendent bien. Ils tiennent à leur monarchie. N'en déplaise au KPL qui milite pour la république, 69% des sondés pour le Politmonitor de juin estimaient que la monarchie parlementaire est même le meilleur système politique pour le pays.
Il n’est pas élu par le peuple, mais c’est manifestement un rassembleur. Et à un moment où l’éclat de la paix sociale menace au Luxembourg - du fait de l’intransigeance d’un Premier ministre sur la question de la réforme des retraites - on se dit qu’un jeune Grand-Duc pourrait apaiser l’atmosphère. À la manière qui sera la sienne. Ce serait chouette.