Le Luxembourg a-t-il eu raison de confier sa réserve des retraites aux marchés ? Financièrement parlant, oui. Mais à quel prix l'a-t-il fait ?

27 milliards d'euros. C'est le montant accumulé par le Luxembourg sur sa précieuse réserve des retraites. Un pactole équivalent à plus de quatre années de dépenses.

Pour l'heure, le système luxembourgeois est équilibré, et le trop-plein des cotisations payées par l'État, les employeurs et les travailleurs alimente cette réserve. Qui génère ensuite des revenus sur les marchés financiers. L'argent fait de l'argent.

Depuis qu'elle est ouverte aux investissements, l'impressionnante réserve gérée par le Fonds de compensation a rapporté plusieurs milliards d'euros par an au Luxembourg. Une stratégie en or, c'est certain, mais le revers de la médaille est moins brillant.

On ne peut que regretter de constater que sortir la réserve des marchés pour s'en servir, c'est s'infliger une double peine : utiliser ses économies ET se priver d'une précieuse source de revenus. Au point que l'on peut se demander si la réserve porte encore bien son nom.

Le gouvernement promet aujourd'hui son "maintien" pour qu'elle "continue à générer autant de revenus financiers que possible". Mardi, la ministre de la Santé a évoqué la possibilité pour l'État de couvrir le déficit attendu de la caisse de pension, annoncé pour l'an prochain. Luc Frieden a même proposé de rediriger une partie de l'argent de la taxe CO2 vers les retraites, alors qu'elle est censée financer des mesures en faveur de la transition énergétique, notamment pour les ménages vulnérables. Alors, à quoi bon avoir une réserve si c'est pour ne pas l'utiliser ?

Le LSAP l'a bien compris et en a fait une de ses propositions de réforme alternative : puisqu'il existe un plafond minimum pour la réserve, pourquoi ne pas instaurer un plafond maximum ? Au-delà duquel chaque euro en surplus viendrait alimenter directement la Caisse nationale d'assurance pension. Et contribuer ainsi à rendre la réforme moins difficile pour les travailleurs actuels.

Dans une réforme en chantier, le gouvernement a tout intérêt à ne se fermer aucune porte s'il veut faire accepter un projet aux fondations encore incertaines.