Dès la rentrée scolaire, l’école privée Sainte-Anne à Ettelbruck a mis en place une directive du ministère de l'Éducation sur les dangers liés à l’addiction au téléphone portable.
L’exposition croissante des enfants aux écrans est devenue une préoccupation majeure pour les parents et les éducateurs. Face à ce défi, l'école privée Sainte-Anne a organisé le 18 septembre une initiative qui vise à sensibiliser et éduquer les élèves sur une utilisation responsable du téléphone et des nouvelles technologies. Et surtout prévenir les risques liés à l’addiction aux écrans.
Cette journée a également coïncidé avec le coup d’envoi officiel de la campagne nationale du Luxembourg en faveur de la prévention de l’addiction au téléphone et de l’utilisation excessive des écrans dans les écoles.
À Sainte-Anne, l'équipe pédagogique, menée par Kim Weber, a travaillé avec la participation de nombreux intervenants externes comme Bee Secure, la Police, ou encore EDMO).
"L'objectif est simplement de sensibiliser les élèves à réduire l’utilisation de leur téléphone, mais surtout le temps qu’ils passent devant les écrans, car cela peut poser de gros problèmes pour leur santé et leur bien-être." précise le directeur de l'école, Georges Kayser.

© Paul Didier
Le 30 septembre 2024, le ministre de l'Éducation nationale, Claude Meisch, avait lancé la campagne de sensibilisation "Pour une Screen-Life-Balance saine de nos enfants", aux côtés du président de la représentation nationale des parents d'élèves, Alain Massen.
Certaines des mesures annoncées à l'époque demandaient l'interdiction de l’usage du smartphone dans les écoles fondamentales (y compris pendant les pauses) à partir du 22 avril 2025 et dans les lycées à partir du 2 juin 2025, ainsi que la séparation physique des téléphones pendant les cours.
À l'école Sainte-Anne, Lis Kayser, l’une des co-organisatrices de la journée Re-Connect, insiste sur le fait qu’il est très important que cela ne soit pas perçu comme un renoncement ni comme une interdiction du téléphone. Bien au contraire, l’objectif est de montrer les avantages de la numérisation de notre monde et d’apprendre à utiliser le téléphone de manière consciente et autonome. Les élèves doivent rester maîtres de leur portable, et non pas laisser le téléphone contrôler leur vie.
Pour un usage raisonné des écrans
La journée Re-Connect a donc invité les élèves à participer à plusieurs ateliers. Certains étaient pédagogiques, comme celui proposé par le groupe Bee Secure.
Laura Donven, co-organisatrice de l'événement explique : "Bee Secure est bien connu dans notre pays, en particulier dans de nombreuses institutions socio-pédagogiques. Ils nous informent sur le cyberharcèlement et les fake news. C’est très important, car de plus en plus de faux profils et de fausses informations circulent, et pour les jeunes élèves, il est encore difficile de les reconnaître". L'idée est de sensibiliser aux dangers qui y sont liés tout en favorisant une utilisation raisonnée des écrans.
"Nous travaillons aussi avec Fairtrade, en lien avec la mode et les vêtements." poursuit Laura Donven. "L’idée est de sensibiliser les élèves à ce qui se cache derrière ces grandes plateformes en ligne où l’on commande des habits : où finissent ces vêtements, par qui ils sont produits, dans quelles conditions, et combien gagnent réellement les personnes qui les fabriquent. Nous voulons créer une prise de conscience et inviter à réfléchir à la question : achète-t-on de la fast fashion ou de la slow fashion ?"
Il y avait également des ateliers artistiques, comme le résume Axelle Noloni, membre de l'équipe organisatrice :
"On retrouve l'artiste Emmanuel Fey. Pour le graffiti, un autre artiste, Pablo Schwickert, est présent. Nous avons aussi Vanessa Pinto, danseuse de salsa, qui vient faire danser nos élèves. L’idée, c’est de réapprendre des choses et de pratiquer une activité. On peut très bien découvrir un talent qu’on ne pratique pas à cause de cette place trop importante que prend le téléphone dans notre quotidien."
Une initiative bien accueillie
Les élèves rencontrés à cette journée sont globalement conscients du problème et approuvent le projet: “Je trouve que c’est une très bonne initiative, car beaucoup de gens ne réalisent pas vraiment ce qui se passe sur les réseaux sociaux." nous avoue l'une des jeunes filles croisée sur le tournage. "Nous avons besoin d’intervenants comme celui d’aujourd’hui, qui nous ouvrent les yeux en nous rappelant que ce n’est pas la vraie vie et que tout ce qu’on y voit n’est pas forcément bénéfique.”
“J’utilise énormément les réseaux sociaux, TikTok, Instagram, Snapchat mais je m’impose des limites, car c’est très addictif. Lors du quiz, la première question portait sur le temps moyen passé par un élève sur son téléphone dans une journée. La majorité a répondu entre 5 et 7 heures, et j’ai été vraiment choquée : c’est énorme quand on y pense. “
Cette journée a été un succès, et un premier bilan sera dressé dans trois mois pour en évaluer les retombées.