Les acteurs de la santé en milieu hospitalier semblent être du même avis: on pourra difficilement se passer de l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé.

L'IA est déjà utilisée comme support dans de nombreux domaines, notamment dans le service client où des chatbots basés sur l'intelligence artificielle répondent aux demandes, mais aussi dans la finance où des quantités énormes de données sont traitées.

Comment cette technologie est-elle utilisée dans les hôpitaux luxembourgeois et à quoi ressemble l'avenir du domaine de la santé ?

CHEM

La réponse du Centre Hospitalier Emile Mayrisch (CHEM) à Esch-sur-Alzette est sans équivoque: "l'IA se répand de plus en plus et son utilisation future ne sera plus une option mais bien une obligation, c'est presque certain, jusque dans le code de déontologie ou même dans la loi sur la médecine".

L'IA est déjà utilisée, avec succès, depuis plusieurs mois dans l'imagerie médicale au CHEM. La technologie fournit un soutien précieux aux radiologues dans la recherche de fractures ou autres blessures internes: "Il est important de souligner que l'IA est une solution de support au jugement du radiologue et qu'elle ne remplacera ou n'affectera pas la décision du spécialiste", précise le centre hospitalier qui souligne que le jugement du médecin restera le point central des décisions médicales ou cliniques.

CHdN

Même son de cloche au Centre Hospitalier du Nord (CHdN) à Ettelbruck. Grâce à l'IA, certaines maladies ou conditions pourront être détectées à l'avance, notamment chez les patients atteints de problèmes cardiaques. La technologie est également très utile afin d'établir un diagnostique plus approfondi, mais, comme au CHEM, le CHdN tient à préciser que l'IA reste un appui pour les professionnels de la santé et que sa réponse ne remplacera jamais un diagnostique classique.

Selon les deux centres hospitaliers, ces changements ont été jusqu'à présent bien accueillis par le personnel de santé. Ces nouvelles solutions ont fait l'objet d'une analyse d'un point de vue clinique, sans oublier la question de la protection des données et de l'éthique. Le CHdN avance que des études ont prouvé que les médecins sont convaincus par l'utilisation de l'IA mais souhaitent des formations plus précises dans le domaine. Le Dr Briganti, expert en IA au CHdN, explique que la technologie vient aussi en aide dans les tâches administratives, ce qui permet aux médecins de consacrer plus de temps aux patients.

HRS

Aux Hôpitaux Robert Schuman (HRS), l'intelligence artificielle est utilisée dans l'interprétation d'imagerie médicale, alors que d'autres pistes pour son utilisation sont en cours d'évaluation, comme des démarches administratives telles que le traitement de texte, la traduction, la documentation ou les recherches dans les bases de données internes.

Le service de presse du groupe hospitalier précise que "les responsables surveillent de très près les évolutions d'une documentation automatique via 'ambient listening', ou des systèmes d'alerte ou de support basés sur l'IA". L'ambient listening est un système qui écoute les conversations entre médecins et patients afin de créer des notices médicales de manière automatique.

Contrôle permanent

L'objectif de cette nouvelle technologie, selon les Hôpitaux Robert Schuman, est de réduire le volume de travail des collaborateurs, de les aider dans leurs tâches et de rendre les procédés plus efficaces. Les trois établissements hospitaliers luxembourgeois sont unanimes sur le fait qu'il faut systématiquement faire vérifier les informations fournies par l'IA par du personnel qualifié.

L'utilisation de l'IA est étroitement liée à un contrôle permanent de la protection des données et de la sécurité des réseaux. Lorsque l'intelligence artificielle entre en contact avec les données des patients, cela se fait dans des conditions très strictes, comme dans le cadre de la recherche. Ces projets sont réalisés au sein de partenariats établis, notamment avec le Luxembourg Institute of Health (LIH) et sous la surveillance du Comité National d’Éthique de Recherche (CNER).

"Phase décisive"

Les responsables médicaux sont unanimes: nous nous trouvons en plein coeur d'une phase décisive dans laquelle l'IA se développe très rapidement, et la Fédération des Hôpitaux luxembourgeois en est bien consciente. Un groupe de travail spécial a d'ailleurs été récemment créé afin de soutenir les établissements dans une "utilisation responsable et contrôlée des outils de l'IA", selon le CHEM.

Le Luxembourg accueillera des conférences sur l'IA dans le secteur hospitalier les 7 et 8 octobre durant la semaine des soins de santé (Healthcare Week).