"Grand con" et une tape sur le frontUn conseiller ADR de Kayl demande 2.000 euros d'indemnité à un employé communal

Marc Hoscheid
Le 30 avril 2025 à Kayl, une fête avait été organisée dans la cour de l'atelier communal pour fêter le départ à la retraite d'un ouvrier communal.

C’est là que le conseiller communal ADR Amilcar Caetano aurait été agressé verbalement et physiquement. Suite à cela, le conseiller a adressé à l’auteur présumé, un employé communal, une mise en demeure afin qu’il lui vire 2.000 euros sur son compte, à titre d’indemnité compensatoire, sinon il porterait plainte auprès de la police. L’élu local ADR ayant envoyé la lettre à la mairie, celle-ci a réagi et a fait appel au ministère des Affaires intérieures.

“On m’avait déjà dit que tu étais con, mais là je confirme, tu es un grand con.”

Voilà ce qu’aurait dit un employé communal à Amilcar Caetano, après l’avoir frappé avec la paume de la main sur le front. C’est en tout cas la scène que décrit le conseiller communal de Kayl dans sa lettre envoyée à la mairie, en indiquant que l’affaire sera réglée si 2.000 euros lui sont versés. Le bourgmestre de Kayl, Jean Weiler, n’a pas trouvé cette réaction adéquate et a transmis la lettre au ministère des Affaires intérieures. Interrogé par RTL, le ministère indique avoir conseillé au collège des bourgmestre et échevins de réaliser une analyse interne de l’incident et de le dénoncer au parquet, s’ils sont d’avis qu’il s’agit d’une infraction pénale. Le ministère n’aurait aucune compétence en la matière. La mairie indique en revanche que quelqu’un au ministère des Affaires intérieures avait fait comprendre qu’il ne s’agissait pas d’une infraction pénale.

Nous avons posé la question à Maître Jean-Jacques Schonckert: est-ce de bonne guerre ou est-ce déjà du chantage?

“De mon point de vue, c’est de bonne guerre. Parce que c’est très simple: quelqu’un croit que quelqu’un d’autre lui a causé un préjudice, et notre Code civil dit que si quelqu’un a subi un préjudice, intentionnellement ou pas, il a droit à une compensation. Et puis il peut dire, écoute, je te le demande règle-moi cela à l’amiable, s’il te plaît, et c’est généralement comme ça aussi que l’avocat procède, en essayant d’abord de régler le problème à l’amiable. Et ensuite, les parties peuvent peut-être en discuter et dire, ok, je m’excuse et l’affaire est close.

Qu’en est-il du montant réclamé? 2.000 euros, n’est-ce pas un peu excessif pour un “grand con” et une tape sur le front?

“Si c’était 500 euros, ce serait déjà énorme. Il appartient au juge d’apprécier in concreto, au cas par cas. Et comme je l’ai dit, l’autre personne qui dit avoir subi un préjudice a bien sûr également la charge de la preuve. Et elle doit aussi prouver, par exemple, par un certificat, qu’elle a, je ne sais pas moi, qu’elle a dû suivre un traitement psychologique ou autre, alors l’indemnité peut même encore être plus élevée. Mais dans ce cas précis, si cela passe au tribunal, ellen’obtiendra certainement pas 2.000 euros.”

Le fait qu’il s’agisse ici d’un conseiller et d’un ouvrier communaux, c’est-à-dire d’une certaine manière d’un employeur et d’un salarié, joue-t-il un rôle?

“Le parquet et la police ne regardent pas qui exerce quelle fonction. Ou bien c’est un abus, mais je pense qu’ici, si quelqu’un dit : ‘tu m’as donné une claque et tu m’as insulté’, cela n’a pas d’importance que je sois conseiller communal ou non. Une insulte et recevoir une tape sur la joue ou sur le front blesse autant une personne qu’une autre, qu’elle soit conseiller communal ou non.”

Amilcar Caetano avait donné 15 jours à l’ouvrier communal pour verser l’argent. Selon les informations dont dispose RTL, à ce jour, il n’y a eu ni versement d’argent, ni dépôt de plainte de la part du conseiller ADR.

L’employé communal a été invité à donner sa version des faits à la mairie. Les autorités communales indiquent être arrivées à la conclusion qu’il avait juste exprimé son avis d’une manière plus grossière. Le dossier est ainsi clos.

RTL aurait évidemment souhaité évoquer l’incident et ses conséquences avec Amilcar Caetano, mais aucune suite n’a été donnée à la demande d’interview, qui a dû transiter par le président de la section Sud de l’ADR, Christian Fassbinder.

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