Fini les bouchons sur l'A6. Les "Bergeronnettes" ont trouvé la parade et leur trajet s'est transformé en plus-value. Originaires du secteur d'Arlon, des frontalières pédalent quotidiennement ensemble pour se rendre au travail au Luxembourg. En selle pour cette journée mondiale du vélo !

"Régulièrement on me dit: "Mais tu as du courage!" et je réponds: "Ce n'est pas moi qui en ai, mais vous qui avez du courage à passer tout ce temps dans les bouchons!"", raconte Joëlle, 50 ans, qui se rend plusieurs fois par semaine à vélo au Kirchberg en partant d'Arlon.

Elle couvre en moyenne 30 km par jour - même si l'aller-retour entre son domicile et le travail représente 60 km - parce qu'elle tient compte de son humeur ou du temps qu'elle veut bien y passer. Mais surtout parce que le vélotaf, c'est-à-dire l'utilisation du vélo comme moyen de transport principal pour se rendre au travail, présente "tellement d'options: aller en vélo et rentrer en train, prendre sa voiture et mettre son vélo hyper léger dans le coffre, faire la moitié en voiture, l'autre moitié à vélo...", souffle-t-elle d'un trait.

Quand la plupart des frontaliers belges se mettent en route à l'heure de pointe du matin pour affronter ce qui est devenu une épreuve au fil du temps sur l'A6, Joëlle se met en selle en compagnie d'Els, Nathalie, Laetitia, Breeze ou d'autres "vélotafeuses". Elles savent d'avance, qu'en pédalant ensemble vers le Luxembourg, elles vont passer un bon moment.

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© Maurice Fick / RTL

"On vélotafe parce qu'on aime ça. C'est vraiment sympa de partir comme ça en groupe et de partir travailler ensemble. Ça permet d'éviter les bouchons et on arrive au boulot avec la pêche", témoigne Nathalie, 50 ans, tout sourire, qui part de Clemency pour aller à Leudelange, soit 44 km aller-retour.

"J'en avais marre d'être tout le temps dans les bouchons"

Vélotafer, "c'est le bonheur !", lance même Laetitia, 44 ans, qui va de Meix-le-Tige à Foetz, soit 35 km un trajet. Elle part vers 7h30 pour arriver à 9h00 au travail. Et quand elle arrive au boulot, elle se sent "en pleine forme pour commencer sa journée". Au point que ses collègues la voient comme un "OVNI".

Toutes sont des "Bergeronnettes", du nom du cyclo club né de rencontres et de cette estime inspirée par des frontalières qui ont fait le choix de troquer leur voiture contre un vélo... bien plus léger. D'abord à trois, puis à cinq, les vélotafeuses du secteur d'Arlon qui se lancent sur les routes et les pistes cyclables luxembourgeoises pour rejoindre Leudelange, Foetz, Belval, le Kirchberg, etc. sont plus d'une quarantaine aujourd'hui ! Elles se contactent par messagerie et forment de petits groupes de trois à cinq personnes pour rouler ensemble le matin. Quand la nature appartient à celles qui se lèvent tôt.

Els, 54 ans, raconte avoir "commencé le vélotaf à cause des bouchons parce qu'entre la Belgique et le Luxembourg, il y a vraiment beaucoup de bouchons. J'en avais marre d'être tout le temps dans les bouchons et de devoir me lever de plus en plus tôt pour arriver au boulot à l'heure". Alors elle a tenté l'aventure du vélotaf. Elle reconnaît qu'elle s'y est prise à plusieurs reprises pour "trouver les bons chemins", mais reconnaît aujourd'hui qu'elle "adore". Ce que Laetitia "adore" par -dessus tout, c'est de "dépasser les voitures dans les villages", dit-elle avec beaucoup de satisfaction

"Honnêtement c'est accessible à tout le monde !"

Breeze, 30 ans, Luxembourgeoise installée à Barnich, a rejoint récemment les Bergeronnettes. Pour se rendre à Luxembourg-Ville, elle pédale sur 45 km. Un mode de vie assumé car "faire son sport le matin et en revenant du boulot, c'est chouette! Parce qu'en voiture on est complètement crevé après les bouchons et c'est difficile de se remotiver pour se mettre sur le vélo". Comme les copines, elle sait bien que le corollaire du vélotaf, c'est de préparer son sac la veille avec badge, vêtements et "de quoi se doucher au boulot".

Car si les gros avantages du vélotaf sont "d'aller plus vite" et "d'éviter les bouchons", a contrario, "ça demande quand même une organisation, surtout quand on est maman", ne cache pas Nathalie.

Un peu écolo dans l'âme, elle rajoute que le vélotaf, c'est aussi "bon pour la planète, parce quand je prends le vélo au lieu de prendre la voiture pour aller travailler; j'épargne presque cinq kilos de CO2 pour chaque trajet de 22 km. Accumulés sur l'année ça fait un paquet de CO2 économisé!"

Interrogez les Bergeronnettes sur le défi sportif qu'elles relèvent quasi quotidiennement et elles vous répondrons toutes, avec le même aplomb, qu'""honnêtement c'est accessible à tout le monde! Il suffit d'avoir un vélo".

Et à Nathalie de rajouter que "pour les personnes qui sont un peu moins sportives, on peut aussi commencer avec un vélo électrique". Au fil du temps, faire des kilomètres devient une habitude. Le moteur c'est l'ambiance au sein du groupe. Les "petits kilomètres" accumulés tous les jours, transforment l'exercice en respiration. Physique et morale. À force, "on ne transpire même plus", confie Joëlle. C'est pratique, une fois arrivé au bureau.