Deux ans après avoir tiré la sonnette d'alarme, la Chambre des Métiers attire à nouveau l'attention sur l'état "préoccupant" du secteur de la construction. Si certains acteurs du marché se réjouissent de voir un regain d'intérêt pour le neuf, celui-ci ne semble pas s'être traduit en transactions pour l'instant.

La crise n'est pas finie dans le secteur de la construction. Profondément affectées par les deux dernières années de disette, les entreprises du secteur ont dû puiser dans leurs réserves pour survivre et pour certaines le point de rupture approche. En témoigne la "nette hausse" des faillites et des cessations d'activité dans le secteur en 2024 (700 "radiations" en une année). "La traversée du désert n'a pas commencé il y a six mois", rappelle le directeur général de la Chambre des Métiers, invité dans l'émission "La Bulle Immo". 

39. La traversée du désert du secteur de la construction

L'organisme qui représente l'artisanat luxembourgeois a d'ailleurs attiré l'attention sur la situation préoccupante du secteur de la construction la semaine dernière. Un appel à l'aide adressé à deux acteurs majeurs du marché de l'immobilier: les banques et le gouvernement. Tom Wirion a profité de son passage dans l'émission RTL pour le réitérer. "Il faut faire plus" et vite. Cela parce que le marché reste, d'après lui, dans "une situation assez critique". Le "regain d'intérêt" pour la VEFA évoqué par les représentants de la Chambre immobilière le mois dernier, "s'il existe, n'est pas encore arrivé jusqu'aux constructeurs". 

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Tom Wirion, directeur général de la Chambre des Métiers / © Chambre des Métiers

"Le niveau d'activité reste toujours très en dessous de la ligne décennale", souligne le directeur général de la Chambre des Métiers. Il s'inquiète de voir le nombre d'emplois dans la construction chuter aussi fortement. Depuis 2022, "on est quand même passés de 52.000 à 48.000 salariés", nous confirme Tom Wirion. Il en profite pour revenir sur les chiffres du Statec qui annonçaient un regain d'embauche dans la construction au mois de février Une hausse "purement artificielle" d'après lui. Il rappelle que l'indicateur à surveiller est celui des salariés actifs et celui-ci est bien à la baisse. "Le secteur perd de l'emploi, ça c'est clair", insiste-t-il.

Une autre crise à l'horizon pour la construction

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© Domingos Oliveira/ RTL Luxembourg

Et cela pose un véritable problème à court mais aussi à long terme puisque le marché du logement dépend de ces ouvriers pour construire les maisons, appartements et bâtiments de demain. "Ces deux années de crise vont accentuer le manque de logements (...) et si reprise il y a, où trouvera-t-on le personnel pour bâtir plus vite et rattraper notre retard?", s'interroge le directeur général de la Chambre des Métiers. C'est sans parler de la prochaine crise qui pend au nez du secteur dans un futur un peu plus éloigné. "32% des salariés dans la construction ont 50 ans ou plus", note Tom Wirion. Le Luxembourg va donc devoir trouver beaucoup de main d'oeuvre dans les années à venir.

Pour la faire venir, le pays va devoir trouver des solutions. En effet, le niveau des prix et des loyers ne jouent pas en faveur du Luxembourg. "Il faudrait les loger et, dans un deuxième temps, loger leur famille (...) vous voyez, on tourne un peu en rond", constate M. Wirion. Pour remédier à ce problème, une solution a cependant déjà été évoquée par le ministre du Logement, Claude Meisch: favoriser la construction de logements pour salariés. "Une piste pour l'avenir", reconnaît le directeur de la Chambre des Métiers. Cependant, avant de préparer l'avenir, le Luxembourg va d'abord devoir régler les problèmes qui se posent dans l'immédiat comme le manque de construction et de logements.

Pour ce faire, Tom Wirion estime que les banques et les pouvoirs publics vont devoir en faire plus. "Je tiens à souligner que le gouvernement a déjà beaucoup fait", tempère-t-il. Il considère néanmoins qu'au vu de la situation, plus d'efforts et d'appels d'offres s'imposent. "Les rendez-vous sont pris" avec le gouvernement, nous confirme-t-il. En ce qui concerne les banques, il n'hésite pas réitérer les critiques formulées dans la dernière communication de la Chambre des Métiers.

"C'est un dialogue de sourd, chacun dit qu'il joue son rôle et fait son maximum. Très honnêtement, je ne pense pas que ça va avancer", lâche-t-il. En attendant, il assure que les entreprises du secteur de la construction ne sont pas restées les bras croisés. Celles qui le pouvaient ont élargi leur palette de service. Les autres devront encore et toujours prendre leur mal en patience...

Dans ce nouvel épisode de "La Bulle Immo", d'autres sujets tels que le chômage partiel, les difficultés de financement des entreprises ou encore l'attraction de talents dans la construction ont été abordés. Les détails de nos échanges sont à écouter en cliquant sur l'audio en haut de cet article. Vous pouvez également retrouver l'émission sur RTL Play en cliquant ci-dessous ou sur Apple Podcast et Spotify.

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