La plupart de ceux qui travaillaient encore jusqu'à lundi pour Caritas au Luxembourg ont depuis mardi un nouvel employeur, "HUT - Hëllef um Terrain".
En raison du manque de transparence et parce que les salariés avaient été mis sous pression, le syndicat OGBL avait conseillé au personnel de ne pas signer le nouveau contrat.
Interrogé par RTL, l'OGBL ne peut pas citer le chiffre précis, mais très peu d'employés n'ont pas signé leur nouveau contrat. Comme l'explique Smail Suljic de l'OGBL, le syndicat comprend parfaitement pourquoi la plupart ont signé chez HUT:
"Des sans-abris et des mineurs non accompagnés sont pris en charge dans des foyers par ces personnes, qui ont été mises sous pression pour signer leur contrat. Et évidemment, si je suis éducateur par conviction et que je suis professionnel, je veux que ces gens continuent à être pris en charge. Et je ne prendrai pas le risque de ne peut-être pas être autorisé demain à entrer dans le foyer pour y faire mon travail."
Le syndicat a aussi conseillé aux salariés qui risquaient de connaître des difficultés financières s'ils ne le faisaient pas, de signer. Les personnes qui n'ont pas encore signé sont pour la majeure partie en arrêt maladie ou en vacances. Ce qui n'est pas non plus sans poser de problèmes. Des problèmes qui auraient été réglés s'il y avait eu un transfert d'entreprise, souligne l'OGBL, qui n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi le transfert n'a pas été organisé sous cette forme.
Que peut encore faire le syndicat à présent?
Etant donné qu'aucun transfert d'entreprise n'a été organisé, HUT n'a pour l'instant aucune délégation du personnel et l'OGBL n'y dispose donc d'aucun mandat. Il y a toutefois dans la nouvelle structure des salariés qui sont membres de l'OGBL et le syndicat va entamer avec eux des poursuites contre HUT et Caritas, selon Smail Suljic.
"Il s'agit ici de personnes qui ont été forcées de signer un contrat pour pouvoir conserver leur emploi. Les circonstances qui entouraient cette signature ne sont pas légales et cela nous pouvons le contester devant la justice. Ensuite il y a encore d'autres membres de chez nous, du personnel, qui n'ont pas été repris, qui, pour nous, auraient dû être repris lors d'un transfert d'entreprise, cela nous pouvons aussi le contester. Et évidemment aussi, ceux qui ont signé, s'ils ont de plus mauvaises conditions de travail que s'il y avait eu un transfert d'entreprise."
Les conditions de travail se sont-elles dégradées?
Suite au passage de Caritas à HUT, rien n'a changé au niveau du salaire et de l'ancienneté, car ces deux points sont couverts par la convention collective des secteurs SAS (secteur d'aide et de soins et secteur social). Cependant des choses ont changé au niveau de l'organisation du temps de travail.
"Il y a des salariés qui pendant des années ont uniquement travaillé du lundi au vendredi, qui ont à présent un contrat du lundi au dimanche. Cela signifie qu'ils pourront être appelés à travailler le week-end. Par ailleurs, nous avons aussi des employés qui n'ont jamais travaillé la nuit et qui ont maintenant un contrat où il est stipulé qu'ils pourront théoriquement être appelés à travailler la nuit. Et cela, ce n'est pas correct. Cela ne constitue pas non plus une dégradation des conditions de travail."
Quant à la situation des salariés qui n'ont pas été repris par HUT, ceux qui étaient en charge des activités internationales et du plaidoyer politique, elle reste totalement obscure, ajoute Smail Suljic.
L'OGBL a lancé des procédures judiciaires contre Caritas et HUT. La loi sur le travail a été complètement mise hors-service et cela doit être dénoncé, selon le syndicaliste.
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