Un projet est à l'étude au CGDIS pour réformer le fonctionnement du Service d'Aide Médicale Urgente, ou SAMU en abrégé.

Les médecins urgentistes seront-ils bientôt autorisés à accompagner le SAMU? Jusqu'à présent, seuls les médecins et infirmiers spécialisés en anesthésie et réanimation y étaient autorisés. Mais cela pourrait changer, ce qui suscite les critiques des anesthésistes.
 
Le conseil d'administration du CGDIS a une proposition sur la table visant à ouvrir l'accès au SAMU aux infirmières et aux médecins ne disposant pas d'une spécialisation en anesthésie-réanimation.

Que s'est-il passé? 

Plusieurs urgentistes se sont plaints de ne pas être autorisés avec leur spécialisation, à participer aux interventions du SAMU et ce, parce qu'ils ne disposent pas de la spécialisation nécessaire. Ils ont fait pression, ce qui devrait entraîner une réforme du référentiel SAMU du CGDIS, susceptible de perturber son bon fonctionnement établi depuis 40 ans, comme l'indique un communiqué de presse des syndicats OGBL et LCGB. Les urgentistes ont certes une bonne formation et possèdent des compétences importantes, mais leur routine n'est pas la même que celle des anesthésistes, selon le Docteur Philippe Welter, président du Cercle des anesthésistes-réanimateurs:

"Surveiller des patients gravement malades, leur administrer une anesthésie, donner quelque-chose contre la douleur, aussi en cours d'opération, prendre en charge des cas critiques, qu'il s'agisse d'insuffisance pulmonaire ou cardiaque, c'est notre quotidien. Ils n'ont pas cela, car dans leur pratique ici, du moins au Luxembourg, ils nous le délèguent. Et c'est cette expertise que nous voulons aussi avoir à l'extérieur."

Interrogé sur l'existence d'une pénurie de médecins et, par conséquent, d'un besoin d'élargir les compétences au sein du SAMU, le Docteur Welter répond clairement :

"Très clairement non, nous avons suffisamment d'anesthésistes au Luxembourg, et en quarante ans, il n'y a pas une seule fois eu un SAMU qui s'est désisté parce qu'il n'y avait personne. A contrario, si vous interrogez les urgentistes, ils recherchent des médecins urgentistes, car il n'y en a toujours pas assez. Et si vous discutez avec différentes personnes, elles vous diront : 'Si tu nous prends encore celui-ci et l'affecte au SAMU, alors je n'en aurai plus un qui viendra aux urgences."

La situation est différente pour les infirmières, pour lesquelles l'ensemble du secteur hospitalier peine à recruter suffisamment de personnel. Toutefois, la pénurie d'infirmières spécialisées en anesthésie-réanimation serait moins grave que dans d'autres domaines.

Le binôme composé d'un médecin et d'un infirmier possédant cette spécialisation, fonctionne "plus efficacement qu'un mariage", selon le Docteur Welter. Maintenir ce dispositif est également essentiel pour garantir la haute qualité des services du SAMU:

"Nous nous soucions des personnes à l'extérieur, dans la rue, et c'est pourquoi ce binôme infirmière-anesthésiste et médecin-anesthésiste, est encore une fois important. Il arrive parfois qu'ils doivent s'occuper seuls d'un patient, notamment s'il y en a plusieurs, suite à un accident de voiture par exemple. Dans ce cas, nous sommes rassurés de pouvoir compter sur quelqu'un en qui nous pouvons avoir confiance aveuglément et de savoir : il est compétent et sait comment procéder. Nous pouvons alors le laisser travailler, ce qui n'est peut-être pas le cas avec d'autres formations."

Une décision par rapport à ce nouveau référentiel ne sera probablement pas prise avant l'année prochaine.
 
RTL a souhaité obtenir une réaction du CGDIS sur cette question, mais ce dernier n'a pas encore pris position.