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Dans le conflit sur la gouvernance de la Caisse médico-complémentaire mutualiste (CMCM), une voix manquait jusqu'ici. Celle de la délégation du personnel qui dénonce via un courrier l'étendue du malaise au sein de la CMCM.
Révoqué de son poste de président du conseil de la CMCM fin février, André Heinen avait demandé via une assignation l'annulation de sa révocation, car elle se serait pas conforme aux statuts. L'affaire qui devait être tranchée lundi matin a finalement été repoussée au 18 avril car l'avocat de huit membres du conseil d'administration qui se sont opposés à l'ancien président était... en vacances.
La délégation du personnel s'est adressée mercredi via un courrier à toutes les mutuelles qui sont regroupées au sein de la mutuelle santé, qui rembourse par exemple, une partie des frais médicaux qui ne sont pas pris en charge à 100% par la Caisse nationale de Santé (CNS). La CMCM compte près de 300.000 membres.
Dans son courrier, la délégation se dit consternée par ce qui s'est passé à la CMCM et annonce d'emblée qu'"il existe un vaste problème entre le personnel de la CMCM et son directeur général", c'est-à-dire Fabio Secci.
Les salariés de la CMCM se sentent délaissées et souffrent de la situation actuelle, assure la délégation. Le personnel veut juste faire son travail et être traité avec respect. "Notre plus grand souhait est de rétablir un environnement sain et respectueux pour tous les collaborateurs de la CMCM, de sortir de la spirale négative, et de regagner la confiance de nos membres" est écrit dans ce courrier, première prise de position officielle de la délégation du personnel depuis que l'affaire a éclaté.
Secci critiqué, Heinen défendu
Dans sa lettre, la délégation explique que Fabio Secci est vivement critiqué en interne en raison de népotisme et du modèle de rémunération dont il bénéficie. Les délégués du personnel rappellent que ce problème dure depuis longtemps et qu'il s’est encore aggravé avec la pandémie du Covid-19. Si bien qu'en mai 2022 une lettre a été signée par la grande majorité des salariés pour dénoncer problèmes relationnels avec le directeur général.
Le président révoqué André Heinen, en revanche, a toujours été "une personne digne de confiance et très respectueuse", prenant très au sérieux les problèmes et les intérêts des salarié.
Dans cet esprit, André Heinen aurait donné à chacun des collaborateurs de la CMCM l'occasion d'avoir des entretiens individuels pour analyser la situation survenue entre le personnel et le directeur général. Même les personnes satisfaites de la gestion du directeur général ont pu exprimer leurs doléances à André Heinen.
Il est donc faux d'affirmer que M. Heinen voulait juste entendre un son de cloche, comme l'ont affirmé deux administrateurs dans une circulaire adressée à toutes les mutuelles après la révocation du président du conseil d'administration.
La médiation a fait pschitt
La délégation rappelle au passage que sous le président Heinen, une médiation avait été décidée entre le directeur général et le personnel. Pour qu'il ne soit plus seul à prendre les décisions, le directeur général a été encadré par un comité de direction. Mais malgré cette médiation, les problèmes entre le directeur général et le personnel ont continué. La médiation n'a pas eu de suite.
Au lendemain de la révocation du président, le personnel a eu une réunion avec la nouvelle équipe forte du conseil d'administration, mais il y a davantage de questions ont été soulevées que de réponses obtenues. Depuis, c'est le grand flou disent les représentants du personnel. Aucune communication de la part du conseil d'administration, du directeur général ou de la DRH n'ont filtré.
Les salariés de la CMCM se sentent abandonnés, se disent choqués et déçus. Les bonifications touchées par le directeur général et le fait qu'il ait également demandé à Jetons pour représenter bénévolement la mutuelle auraient fait déborder le vase.
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