Vendredi matin, la politologue Léonie de Jonge, spécialiste des partis d'extrême droite et de la droite populiste, était l'invitée de la rédaction de RTL.

Une poussée de la droite est constatée non seulement à l'étranger, mais aussi au Luxembourg. Comme les récentes déclarations de responsables politiques du DP et du CSV (Simone Beissel et Marc Lies, ndlr), entre autres, le montrent, a constaté vendredi sur RTL la politologue Léonie de Jonge, professeure-assistante à l'Université de Groningue aux Pays-Bas.

"Les idées radicales de droite se normalisent de plus en plus, car les partis qui les défendent sont en plein essor" et remportent également des élections dans de nombreux pays européens. "Les partis de centre-droit tentent alors de copier cette rhétorique afin de capter les voix de droite." Même le Parti populaire européen, le PPE, a dans son programme électoral une proposition sur la politique d'asile, qui peut être considérée comme une sorte de copie d'un programme électoral radical de droite, constate la politologue. De manière générale, pour les élections européennes, "les sondages à travers toute l’Europe indiquent que les partis d’extrême droite vont gagner en voix" et auront alors de bonnes chances de "pouvoir s'ingérer au Parlement européen."

Comment les partis établis doivent-ils affronter l'extrême droite?

C'est "une question très difficile", parce qu'il n'y a pas de "panacée", selon Léonie de Jonge. "Le timing joue également un rôle important." Par exemple, lorsqu’il s’agit de partis radicaux de droite, il est bon de mettre en place un cordon sanitaire avant que ces partis ne "grandissent". Il s’agit de les isoler, de ne pas les inviter aux débats et de ne pas leur donner de tribune. "Ce qui est cependant difficile si ces partis remportent 20% des voix lors d'une élection."

Il existe en théorie "trois stratégies". Premièrement "l'isolement par un cordon sanitaire".  La deuxième consiste à "aller au débat, chercher la confrontation et tenter de démasquer les idées radicales". La troisième est de "copier ces partis, reprendre leurs positions et s'en accommoder."

Jusqu’où allons-nous tolérer l’intolérance?

L’ADR n’est certainement pas un parti d’extrême droite, mais il est très clairement au Luxembourg le parti "qui évolue le plus à droite sur l’échiquier politique et qui se radicalise de plus en plus." Cela n'était pas le cas il y a des années, mais depuis, ils reprend de plus en plus clairement les positions des partis radicaux de droite, notamment en matière de migration ou de questions de genre. La question du rapport à cette évolution se pose et il est important que les médias se demandent "Jusqu’où allons-nous tolérer l’intolérance?", selon la politologue.

Là il serait possible de prendre exemple sur la Wallonie, où un cordon sanitaire est en place, qui ne peut être franchi par tous les partis considérés "liberticides".