Après une année 2023 désastreuse, les acteurs du marché de l'immobilier espèrent une reprise dans les mois à venir. Mais cette reprise va-t-elle se concrétiser en 2024? Rien n'est moins sûr.

Personne n'y croyait mais c'est arrivé. En 2023, les prix de l'immobilier ont baissé pour la première fois en près de 15 ans. Douze mois plus tard, le marché de l'immobilier a profondément changé. Alors qu'il n'y a pas si longtemps, les acheteurs s'arrachaient les projets en VEFA, c'est désormais l'existant qui prime.

Ceux qui, malgré la hausse des taux d'intérêt, pouvaient encore acheter ont privilégié les logements disponibles de suite. Une mauvaise nouvelle pour les secteurs de la promotion et de la construction qui ont vu leur activité chuter à des niveaux sans précédent. Certaines entreprises ont d'ailleurs mis la clé sous la porte.

Dans un débat récemment organisé par atHome, l'économiste du Statec, Ferdy Adam, a d'ailleurs confirmé que 1.400 emplois avaient été perdus "principalement dans la construction" en 2023. D'après lui, la moitié des personnes concernées sont actuellement au chômage. "Les autres sont sans doute des frontaliers ou des expatriés qui sont rentrés dans leur pays", a-t-il précisé.

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Une année particulièrement dure qui s'est donc achevée il y a quelques jours. La question sur toutes les lèvres est désormais la suivante: à quoi doit-on s'attendre en ce début d'année 2024? Une question à laquelle cinq experts ont essayé de répondre dans un débat diffusé par atHome au mois de décembre 2023. Et si certains se sont montrés optimistes, d'autres sont restés sur la réserve.

Arnaut Regout, administrateur délégué chez BPI Real Estate, a annoncé qu'il faudra s'attendre à "un premier semestre assez calme". Il n'a cependant pas exclu l'éventualité d'une reprise par la suite. "En seconde partie (de l'année), on va pouvoir amorcer une relance et on espère avoir quelque chose de plus stable en 2025", a-t-il déclaré.

Pour sa part, l'économiste du Statec a préféré parler d'une "année de transition" qui sera suivie ensuite "d'une vraie reprise" en 2025. Razvan Mara, Partner dans le département audit dans l'équipe "Real Estate" chez EY, a temporisé en expliquant qu'il faudra que le gouvernement réponde à une série de questions, notamment en termes de fiscalité et d'urbanisme, avant qu'on puisse parler de reprise.

Rappelons dans ce contexte que le nouveau gouvernement mené par Luc Frieden (CSV) a promis des mesures pour stimuler le marché. Des mesures qui, on le sait déjà, seront limitées dans le temps et qui incluront très probablement des incitatifs fiscaux.

La bonne nouvelle, c'est qu'après avoir stagné pendant plusieurs mois, les taux d'intérêt ont commencé à baisser sensiblement en fin décembre 2023. Une tendance qui pourrait se confirmer en ce début d'année ce qui aurait pour effet d'augmenter la capacité d'emprunt des acheteurs potentiels. De quoi créer une fenêtre d'opportunité pour certains acheteurs alors que les prix sont toujours à la baisse partout au Luxembourg.

C'est d'ailleurs là-dessus que compte Arnaut Regout pour relancer l'activité au premier semestre 2024. Ça et les mesures promises par le gouvernement luxembourgeois pour booster le marché de l'immobilier. Mais avant de tomber dans l'optimisme excessif, il faut se rappeler que lorsque la demande reviendra, les prix repartiront probablement à la hausse.

L'occasion pour nous de rappeler les mots du nouveau ministre du Logement sur nos ondes au mois de décembre: "Le problème du logement ne sera pas réglé du jour au lendemain."