Après la validation de l’accord de coalition par les instances du DP et du CSV, plus rien ne s’oppose à la formation du gouvernement Frieden-Bettel.
Mercredi soir, les deux partis ont dévoilé les noms des nouveaux ministres. La nouvelle coalition a fait le choix d’une équipe resserrée avec 15 ministres: huit pour le CSV et sept pour le DP.
Non paritaire (cinq femmes pour dix hommes nommés), le nouveau gouvernement sera officiellement formé vendredi lors de l’assermentation avec le Grand-Duc. Avant cela, le nouveau Premier ministre s’est présenté ce jeudi devant la presse pour la signature de l’accord de coalition. Il en a évidemment dévoilé les grandes lignes, avant sa présentation à la Chambre lundi.
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“Après cinq semaines de négociations, le DP et le CSV sont parvenus à un accord. Avec l’objectif de renforcer le Luxembourg pour l’avenir. La population, l’économie, l’environnement, la société...” a détaillé Luc Frieden.
Le nouveau Premier ministre s’est montré optimiste sur la future entente des deux partis. Rivaux ces dix dernières années, désormais partenaires, ils ont une ligne commune. “Je suis très positif pour le fonctionnement futur du gouvernement. Jamais il n’y a eu d’oppositions lors des négociations, nous allons dans le même sens.”
Le pouvoir d’achat fut le premier thème présenté par Luc Frieden. Et les premières améliorations seront appliquées dès 2024. Le nouveau gouvernement va notamment voter une loi pour adapter davantage le barème fiscal: aux 2,5 tranches qui seront adaptées le 1er janvier, la coalition CSV-DP y ajoutera 1,5 tranche supplémentaire. Ce qui abaissera les impôts de tous. “Cette coalition ne veut pas d’augmentation des impôts.”
En matière fiscale justement, la transformation des classes d’impôts sera réalisée à moyen terme. Luc Frieden a promis qu’un projet d’individualisation de l’impôt sera établi pour 2026. “En attendant, le classe 1a sera traitée différemment et il y aura un allègement fiscal.” Fidèles à leur ligne , les deux partis ont promis de ne pas créer d’impôt sur la succession en ligne directe ni d’impôt sur la fortune pour les particuliers.
“Très important pour cette coalition”, le logement est une “politique commune”. Le ministre du Logement se chargera notamment du logement abordable. Et le ministère de l’Environnement travaillera sur les normes de protection parfois trop restrictives, a précisé Luc Frieden. “La politique environnementale est importante pour cette coalition mais nous ne voulons pas qu’elle bloque des projets. Nous voulons un principe de proportionnalité et d’efficacité.”
Luc Frieden identifie un double problème sur le secteur immobilier: les prix sont trop élevés, y compris pour la location, et la crise de la construction pèse sur le marché. À court terme, son gouvernement prendra des mesures pour rebooster la construction. Dès 2024, et sur une période limitée à un ou deux ans, “nous introduirons des mesures pour stimuler le marché” a-t-il assuré.
La coalition promet également de baisser le taux d’imposition des plus-values, pour encourager à vendre “sans que les impôts ne soient un obstacle”. Il y aura également la réintroduction de l’amortissement accéléré. Pour les propriétaires engagés par un crédit immobilier, le montant des intérêts débiteurs déductibles du revenu imposable sera augmenté. Et le crédit d’impôt à l’achat sera augmenté (Bëllegen Akt, ndlr).
Le gouvernement prévient toutefois que si les mesures fiscales “ont un effet incitatif, il faut qu’il se passe quelque chose dans la construction”. Traduction: le problème du logement doit être réglé par une augmentation de l’offre. L’État compte accorder “des aides nécessaires pour que le secteur privé puisse participer à l’effort” de construction.
Sans déi gréng, écarté après dix années passées au gouvernement, des craintes subsistaient concernant l’environnement. Elles sont bottées en touche par Xavier Bettel: “Cette majorité tient à l’environnement. Ce qui a été fait jusqu’ici n’est pas remis en question.” La nouvelle coalition axera “massivement” son action sur les énergies renouvelables notamment. “Nous voulons de nouvelles normes pour l’installation du photovoltaïque” a dit Luc Frieden.
L’équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle sera également au cœur du programme du CSV et du DP. Luc Frieden promet “un abattement spécial pour celles et ceux qui entrent dans la vie professionnelle”, une mesure justement proposée par le CSV pendant les élections. Il y aura également des congés familiaux différents. “Le congé parental sera prolongé de trois mois notamment. Et le congé de maternité sera plus flexible avant et après la naissance.” Pour ceux qui veulent rester plus longtemps auprès de leurs enfants, les ministre feront en sorte que “l’affiliation à la sécurité sociale du parent qui reste à la maison sera étendue de deux à trois ans”.
Dans le domaine de la santé, c’est vers une “meilleure prise en charge médicale” que le Luxembourg souhaite se diriger. Notamment via le renforcement du traitement ambulatoire en-dehors des hôpitaux.
Thème cher au CSV, l’État devra assumer davantage sa responsabilité en matière de sécurité. Les moyens de la police seront renforcés. Et élargis: “Nous avons toujours plaidé pour une police communale. Elle sera intégrée à la police grand-ducale et sera placée sous la compétence des autorités locales” a annoncé le Premier ministre. Enfin, la coalition souhaite introduire le principe de la comparution immédiate.
Modèle en matière d’ouverture et de progressisme, le Luxembourg va également voter plusieurs avancées de société. Notamment dans le domaine de la parentalité. L’adoption par une seule personne sera rendue possible et le gouvernement actera une avancée concernant la PMA. Enfin, la GPA réalisée à l’étranger sera reconnue au Luxembourg, promet Luc Frieden. “C’est un pas supplémentaire pour les familles, il y a une évolution dans la société et il faut en tenir compte” a ajouté Xavier Bettel.
Peu de détails en revanche pour l’éducation. Si la continuité est de mise avec le maintien de Claude Meisch à son poste, la coalition a simplement évoqué vouloir “tenir compte de la diversité, notamment linguistique” du Luxembourg.
Ces mesures vont évidemment avoir un coût. Or, la maîtrise budgétaire ne sera pas oubliée par les deux partis de gouvernement. Le triple A sera défendu. Et les dépenses publiques seront “saines”. La dette du Luxembourg ne pourra pas “augmenter massivement”a promis Luc Frieden. “Elle sera utilisée pour des politiques tournées vers l’avenir tout en restant remboursable.” Puisque l’État aura “besoin d’argent” pour financer les mesures de la coalition, le Premier ministre plaide pour “une économie compétitive”.
