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Huit représentants de partis ont participé au "grand oral" que l'OGBL a axé sur cinq questions-clés, mercredi soir à Esch. Une soirée très suivie et émaillée de déclarations provoquant des applaudissements. Morceaux choisis.
Les élections législatives se rapprochent et la campagne bat son plein comme ont pu le sentir les huit candidats défendant les couleurs du DP, LSAP, CSV, des Verts, des Pirates, déi Lénk, du KPL et de Fokus. Dans une Maison du peuple d'Esch comble, l'ambiance était parfois électrique, mais la table ronde organisée par l'OGBL n'a jamais dérapé malgré des points de vue parfois aux antipodes.
Pour ce grand oral, l'OGBL a mis les candidats face à cinq questions axées sur les incontournables de son répertoire syndical que sont la manipulation de l'index, la réindexation du barème fiscal, la réduction du temps de travail, le "mur des pensions", mais aussi l'exploitation des IRM, sujet de santé polémique du moment. Dans l'arène, l'idée générale que les inégalités grandissantes dans un pays économiquement en forme devraient être combattues par une balance fiscale plus juste, est revenue en filigrane.
Les partis sont-ils en mesure de garantir de ne pas manipuler l'index, ni de le plafonner pour les cinq ans qui viennent? Une première question qui a mis le feu aux poudres. Fokus et les Pirates, défenseurs d'un plafonnement de l'index, ont répondu par "non". Frank Engel, porte-parole de Fokus a défendu l'idée d'un "en bas plus, en haut moins", traduisez un index plus favorable aux petits salaires qu'aux gros. Bruno Da Silva, coordinateur des Pirates dans le Sud, s'est prononcé pour "un plafonnement de l'index à 11.000 euros pour avoir 250 euros, ce serait déjà pas mal".
"Si on commence à diviser la société entre ceux qui l'ont et ceux qui ne l'ont pas, la solidarité va voler en éclat", prévient calmement Georges Engel, candidat LSAP au Sud et ministre du Travail sortant. "C'est le faux chemin", lance Carole Thomas, co-porte-parole déi Lénk, à l'intention de Fokus. Avant d'ouvrir les hostilités: "Les seuls qui ont manipulé l'index ce sont les partis gouvernementaux!" en visant directement LSAP, DP et Les Verts. Tonnerre d'applaudissements dans la salle.
Le percutant président du parti communiste (KPL), Ali Ruckert, enfonce le clou à l'applaudimètre: "L'index est là pour maintenir le pouvoir d'achat. Il doit être maintenu intégralement! Le candidat du DP au Sud, Pim Knaff, sait qu'il est en terre socialiste et rétorque par l'explication d'une "période tendue" qu'il a fallu gérer entre sortie du Covid et entrée forcée en guerre de l'Ukraine, mais défend le bilan: "Les tranches indiciaires ont toutes été payées".

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Le positionnement des partis sur la question de la réduction du temps de travail généralisée, légale et sans perte de salaire, a montré que la façon de résoudre l'équation n'était pas la même dans tous les camps.
"La productivité est extrêmement élevée ces dernières années. C'est le moment!". Sous-entendu de réduire le temps de travail au Luxembourg à "32 heures par semaine avec un temps maximum de 40 heures et en plusieurs étapes jusque 2030", répond concrètement Carole Thomas. Déi Lénk veut pour cela une loi-cadre.
Pim Knaff (DP) et Marc Spautz (CSV) sont sur la même longueur d'onde et estiment que "le temps de travail doit être négocié entre employeurs et salariés", explique le premier. C'est par le dialogue que l'on parviendra à trouver ce que l'on cherche au fond: un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. Mais "après deux années de pandémie, envoyer le message de travailler moins, n'est pas le bon, sans parler du manque de personnel", fait réfléchir le candidat du DP. Les Verts représentés par Meris Sehovic, tête de liste dans le Sud, pensent que "la question doit être abordée par secteur".
À quoi Ali Ruckert (KPL) répond par un recentrage sur une réalité du monde du travail au Luxembourg: "La moitié des gens n'ont pas de convention collective de travail!" Réduire le temps de travail est "absolument nécessaire" aux yeux des communistes pour lesquels "toutes les entreprises de plus de 100 salariés doivent être forcées à avoir une convention collective". Pour imposer le changement , il faut passer "par la loi et par les conventions collectives".
En juge de paix, Georges Engel (LSAP) ne manque pas de rappeler qu'il est l'initiateur de la résurgence du temps de travail dans le débat public et s'attire les applaudissements de la salle en lançant un limpide: "On est pour!" Ses arguments-clés étant qu'il s'agit d'une solution pour permettre au Luxembourg à la fois de rester attractif dans la Grande Région et de pallier à un manque criant de main-d'œuvre.