
Pendant des décennies, en matière de politique militaire, tout semblait indiquer que les Etats allaient vers le désarmement. Maintenant, ils se réarment.
L’invasion de l’Ukraine a clairement montré l’importance de l’OTAN pour notre défense. Afin d’exposer concrètement comment fonctionne l’alliance militaire, comment l’espace aérien est sécurisé à l’Est, des représentants des médias de plusieurs pays ont été invités sur un vol de l’OTAN entre Eindhoven et la Lituanie.
Base aérienne de Šiauliai en Lituanie, mardi à 14h00: les sirènes retentissent, deux pilotes foncent vers deux avions de chasse F16.
Ici, sur le flanc est, une semaine avant le sommet de Vilnius, l’OTAN fait la démonstration d’une opération de police du ciel, de sécurisation de l’espace aérien, quand un avion étranger vole sans s’être signalé dans l’espace aérien.
Il n’y a pas vraiment de tensions ici à la frontière lituanienne malgré la guerre en Ukraine, mais il y a une épreuve de force constante entre l’OTAN et la Russie. Les avions de combat russes font sans arrêt des incursions jusqu’à 50 mètres à l’intérieur de l’espace aérien de l’OTAN. Ils sont alors interceptés par des pilotes de l’OTAN. Ils volent jusqu’à l’avion étranger et établissent un contact. L’OTAN appelle cela de la dissuasion et de la défense. Et cela fonctionnerait bien jusqu’à présent.
Cela s’est produit à 47 reprises au cours des derniers mois. Ce n’est cependant pas plus fréquent qu’avant la guerre en Ukraine. Harold Van Pee, général-major de l’OTAN, explique ne pas constater une augmentation de l’agressivité de la Russie.
Les pilotes russes resteraient professionnels, de sorte qu’il n’y aurait pas d’escalade, nous confirment les pilotes portugais et roumains sur place.
La Lituanie - tout comme l’Estonie et la Lettonie - n’a pas sa propre force aérienne. C’est pourquoi des détachements d’autres États membres assurent à tour de rôle la protection au-dessus de la Baltique. Lors du sommet de l’OTAN à Vilnius la semaine prochaine, on voudrait proposer l’institutionnalisation de ce roulement. Il s’agirait de planifier plus en avant quelle nation interviendra où et quand. Actuellement cela serait décidé de manière plus sporadique.
À quoi ressemble une telle interception dans les airs? Cela a déjà été démontré à la presse sur le vol vers la Lituanie.
Nous avons quitté à 6h00 Eindhoven à bord de l’A330 en direction de la Lituanie, via l’espace aérien de l’Allemagne et de la Pologne. Et retour, via la Lettonie, l’Estonie, la Suède, le Danemark, la Norvège et la Grande-Bretagne. Sans arrêt, des avions de chasse apparaissent près des hublots dans les différents espaces aériens et communiquent avec les pilotes. Une manœuvre difficile, nous a-t-on expliqué, car il n’y a pas de distance minimale entre les trois avions, c’est une question d’appréciation et de concentration.
Le reportage de RTL en luxembourgeois:
Ce vol de démonstration était parrainé par le Luxembourg et effectué par la MMU, une unité multinationale dont le Grand-Duché est également membre.
La MMU exploite actuellement sept avions de type A330, qui sont utilisés pour effectuer des vols de passagers ou d’évacuation médicale. Cependant, ils sont également utilisés pour ravitailler en vol des avions de chasse, lorsque, par exemple, des avions de l’ouest de la France doivent se rendre sur le flanc est.

Ces appareils ont déjà aussi volé en Afghanistan pour le Luxembourg.
Il ne faut pas considérer ce vol comme de la publicité, explique le lieutenant-colonel Georges Campill de l’armée luxembourgeoise. Nous voudrions être transparents et montrer à la société civile comment travaille l’OTAN et souligner la bonne coopération entre Etats-membres.
En ce qui concerne le financement de l’OTAN, le Luxembourg, avec environ 0,6% du PIB, est bien en deçà de l’objectif de 2% exigé par l’OTAN. Nous visons 1% du PIB d’ici 2028, explique Michael Schuster, porte-parole du ministère de la Défense.
En raison de la situation particulière du Luxembourg et du PIB élevé, 2% serait trop. Nous n’aurions absolument pas les effectifs militaires pour prendre en charge un volume d’investissement aussi élevé. C’est la raison pour laquelle, au sommet de l’OTAN, nous voudrions proposer de ne pas se baser sur le PIB, exceptionnellement élevé au Luxembourg, mais sur le Revenu national brut (RNB).