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Les maisons unifamiliales et les appartements classiques, un modèle révolu? Le sujet a fait débat jeudi aux assises nationales du logement.
Les troisièmes assises du logement ont eu lieu jeudi à la Chambre des Métiers en présence du ministre du Logement, Henri Kox, et des acteurs du logement abordable. Parmi eux, les promoteurs et bailleurs publics, des représentants du secteur social (Fedas) et du Syndicat des villes et des communes (Syvicol).
L'occasion de discuter des mesures et des instruments déployés dans le cadre de la stratégie nationale du logement abordable mais pas seulement. En début de soirée, les débats ont pris une autre tournure après le discours de Florian Hertweck, architecte et professeur à l'Université du Luxembourg.

L'architecte et professeur Florian Hertweck et le ministre du Logement Henri Kox / © Gael Arellano/ RTL Luxembourg
Lors de son intervention, il a dressé un historique des décisions qui ont mené le marché de l'immobilier luxembourgeois à se tendre au point de devenir "impayable", d'après les mots d'un certain Henri Kox. Il a ensuite évoqué la problématique du modèle de construction luxembourgeois qui serait basé, d'après lui, sur un "concept révolu, datant des années 70".
Le professeur a dénoncé le modèle de "la maison unifamiliale, trois chambres, deux salles de bains avec une vue sur la végétation" comme un des facteurs aggravants de la tension sur le marché de l'immobilier. "Le secteur de la construction construit des maisons qui ne correspondent plus à la demande et aux besoins d'aujourd'hui", a-t-il affirmé.
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"Il faut construire différemment, il faut expérimenter et proposer de nouveaux types de logement", a ajouté Florian Hertweck. Une déclaration qui a suscité l'approbation de l'auditoire à la Chambre des métiers jeudi soir. L'architecte urbaniste Christine Muller est d'ailleurs intervenue pour encourager les promoteurs et les constructeurs à "faire du sur-mesure".
Elle n'a pas mâché ses mots lorsqu'elle a abordé le sujet de la construction: "Tout le monde veut une maison unifamiliale au Luxembourg mais, dans les faits, ce n'est pas possible. On se trouve dans un état mental général antiprogressiste. Ça relève presque de la psychorigidité... Je dis cela mais je ne prétends pas être une psychologue. (rires) "
L'architecte urbaniste est d'avis qu'il faut stimuler la créativité des acteurs de la construction au Grand-Duché. Pour ce faire, elle a suggéré de passer par des concours d'architecture "bien encadrés" qui peuvent, d'après elle, engendrer de "superbes projets".
Elle a ajouté qu'il y avait "assez d'architectes au Luxembourg" pour satisfaire la demande si des projets "originaux" venaient à être lancés. Mme Muller a même suggéré un partenariat avec les "bons promoteurs" afin de diversifier le paysage de la construction luxembourgeois.
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Des idées généralement approuvées par les personnes présentes à la Chambre des Métiers jeudi soir. Cependant, elles ne résolvent pas le problème de stagnation que connaît le marché du neufen ce moment au Luxembourg. Un problème reconnu par le ministre du Logement qui a tenu à rester optimiste.

© Gaël Arellano/ RTL Luxembourg
"Peut-être avait-on besoin de cette crise pour réfléchir autrement. Il nous faut des habitats alternatifs. À titre d'exemple, j'ai récemment visité une commune qui a racheté une maison unifamiliale pour en faire un espace communautaire qui va accueillir sept jeunes", a commenté Henri Kox.
Dans ce contexte, le ministre s'est félicité d'avoir réussi à "définir la colocation" et a renouvelé son engagement "pour le droit au logement". "Une dynamique a été lancée au Grand-Duché. 97 communes (sur 100) ont signé le pacte logement. La bonne nouvelle, c'est qu'avec l'article 29 bis, les communes ne pourront plus se défiler à l'heure de créer du logement abordable".
Il a rappelé qu'à ce jour, 50% des communes luxembourgeoises ne proposent pas encore de logements abordables. "Le logement abordable ne représente actuellement que 2,5% du parc immobilier" a-t-il ajouté.
Ce à quoi Christine Muller a répondu, en faisant référence à l'état du marché du neuf, "que c'était le moment de proposer du 100% abordable aux promoteurs". Une intervention qui a bien fait rire les acteurs présents jeudi à la Chambre des Métiers. Pas sûr qu'elle suscite la même réaction auprès des promoteurs.