Saviez-vous que le Luxembourg a l’une des pires empreintes écologiques au monde? Décryptage de ce "jour du dépassement", qui tombe ce 14 février.
Au Luxembourg, le 14 février, ce n’est pas que la Saint-Valentin. C’est aussi le "jour du dépassement". Écologiquement parlant, c'est la date à partir de laquelle le Luxembourg vit "à crédit".
En 2023, l’ONG Global Footprint Network estime que si toute l’Humanité consommait comme le Luxembourg, les ressources de la planète seraient complètement épuisées le 14 février. C'était déjà le cas en 2022.
COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ?
Pour parvenir à ce résultat, l’ONG calcule l’empreinte écologique du pays. Et elle la compare à ses capacités biologiques.
Prenons un exemple fictif: si le pays peut produire une tonne de bois par an, mais que sa population en consomme dix, son empreinte écologique dans ce domaine est donc très forte. À l’inverse, si le pays produit dix tonnes de bois et que sa population n’en consomme qu’une seule tonne, le déficit disparaît.

© Global Footprint Network
En croisant plusieurs domaines comme l’agriculture, la pèche, la surface bâtie… L’ONG estime que le Luxembourg a l’une des pires empreintes écologiques au monde. Si son style de vie était généralisé à la population mondiale, il ne faudrait que 45 jours pour consommer ce que la Terre peut offrir en une année. Nous aurions besoin de huit planètes comme la Terre pour que le monde entier puisse vivre comme les Luxembourgeois.
En 2022, le "jour du dépassement" mondial s'est produit le 28 juillet. La Belgique (26 mars), l'Allemagne (4 mai), la France (5 mai) et le Portugal (7 mai) sont de mauvais élèves.
LE JOUR DU DÉPASSEMENT EST-IL FIABLE?
Dans le monde, il n’y a que le Qatar qui fait pire: son jour du dépassement tombe le 10 février, quatre jours avant le Luxembourg. Est-ce que ca veut dire que le Luxembourg pollue autant qu’un pays pétrolier ?
Bien que le jour du dépassement soit pratique pour comparer les pays, sa méthode de calcul fait débat.

© Cedric Letsch / Unsplash
Premièrement, car les données utilisées sont celles de l’ONU. Elles sont fiables, mais elles ne sont pas actualisées très rapidement. Les dernières utilisées pour le Luxembourg remontent à 2018. Pour obtenir le résultat de 2023, l’ONG est ensuite obligée de produire une estimation.
L’autre limite, c’est la nature du Luxembourg: le Grand-Duché est un petit pays et ses résultats sont influencés par ses voisins.
La consommation des frontaliers est évidemment prise en compte dans son empreinte écologique, calculée par habitant. Mais puisqu'ils ne sont pas résidents du Luxembourg, les frontaliers accentuent le mauvais résultat du pays. De la même manière qu'ils améliorent le PIB par habitant du Luxembourg, champion du monde en la matière.
UN JOUR DU DÉPASSEMENT EXAGÉRÉ
D’après le Conseil supérieur pour un développement durable, le mauvais résultat du Luxembourg est exagéré.
Prenons le tourisme a la pompe, phénomène bien connu désormais. À lui seul, il vaut quasiment pour deux planètes.
Et puis, le Luxembourg est très présent dans des domaines dont la production est en fait "exportée". Comme pour l’aviation (Cargolux est un des leaders mondiaux et le Findel un important centre de fret) ou certaines industries (l’acier ou les pneus par exemple).
Selon les calculs présentés dans son rapport, le conseil estime que sans les frontaliers, la consommation des Luxembourgeois équivaudrait plutôt à six planètes. Et pas huit, comme l’ONG l’a calculé.
Un résultat certes moins mauvais, mais qui confère toujours au Luxembourg une des pires empreintes écologiques au monde.
DES SOLUTIONS POUR UN LUXEMBOURG PLUS VERT
Pour réduire cette empreinte écologique du Luxembourg, le conseil recommande notamment une baisse de la consommation d'énergie, une réduction des déplacements et l'adoption de modes de transports plus vertueux. La taxe CO2 va justement dans ce sens, pour limiter le tourisme à la pompe. Il propose aussi de privilégier une consommation plus durable, de recycler, de manger plus de produits de saison et moins de viande.
Son rapport affirme même que "le système luxembourgeois de retraite, et le modèle économique qui en découle, sont l’exemple parfait d’un modèle économique non durable".
Pour changer les choses en profondeur, il faudrait remettre en question le modèle social du Luxembourg et son besoin de croissance économique. Autant dire que le pays a du pain sur la planche.
