Le paiement direct et immédiat de la Caisse nationale de Santé devrait être prêt d'ici mi-2023. Mais cette numérisation ne progresse guère dans les cabinets médicaux, et en attendant, les patients doivent prendre leur mal en patience.
Avec le paiement immédiat direct, l'assuré qui se rend chez le médecin n'aura plus besoin d'avancer le montant qui lui est ensuite remboursé par la CNS. Il paiera sa part personnelle du mémoire d'honoraires au médecin et la partie prise en charge par la CNS le sera simultanément via le paiement électronique. Avant d'y parvenir et pour soulager la Caisse nationale de Santé, où le délai d'attente pour le traitement des mémoires d'honoraires atteint les six semaines, une étape intermédiaire a été introduite l'an dernier avec le remboursement accéléré. Ce dernier fonctionne numériquement, mais sans succès jusqu'à présent. La numérisation dans le secteur médical stagne au Luxembourg, et cela, pour différentes raisons.
C'est le scénario idéal: le patient a un rendez-vous chez le médecin. Après un examen de routine, la facture est imprimée et payée. Elle apparaît simultanément dans une application sur le smartphone avec le détail du traitement. Et quelques clics plus tard, elle est envoyée à la CNS.
Le témoignage d'une patiente, Gabriele Pautler: "C'est beaucoup plus simple. Plus besoin de faire des enveloppes et de tout envoyer, puis d'attendre six à huit semaines. Ici on peut tout envoyer immédiatement et être remboursé en deux à trois jours. C'est extrêmement simple. [...] On pourrait également imaginer recevoir une prescription électronique sur cette appli. On pourrait alors aussi la transmettre au laboratoire, qui pourrait interagir avec le patient et lui dire qu'il ne devra rien manger avant l'analyse de sang. On pourrait imaginer la même chose avec les médicaments."
SEULS UNE QUARANTAINE DE MEDECINS UTILISERAIENT LE REMBOURSEMENT NUMERIQUE
Mais c'est encore loin d'être une réalité au Luxembourg. Après le lancement du remboursement numérique en 2021, les responsables considéraient que 700 des 3.000 médecins que compte actuellement le Luxembourg travailleraient avec ce système.
Christian Oberlé, le président de la Caisse nationale de Santé: "Là nous avons tous remarqué que l'ensemble du processus est plus complexe que ce que nous avions imaginé, notamment avec les logiciels des médecins. Nous considérons aujourd'hui qu'entre 70 et 90 médecins sont prêts à nous envoyé les factures numériquement et à communiquer avec les patients via l'application. Dans la pratique, seuls une quarantaine de docteurs travaillent avec le programme.“
Que ce soit via la CNS ou l'application de la Santé. Il y a derrière cela un système universel, qui a été planifié en coopération avec l'AMMD, l'Association des médecins et médecins-dentistes, qui a collaboré au projet de manière intensive. Un an plus tard et après un million d'euros investis, l'association regrette d'être freinée dans le développement de son application.
L'AMMD LANCE UN APPEL A XAVIER BETTEL
Le docteur Guillaume Steichen, secrétaire général de l'AMMD et cofondateur de l'application Santé: "Nous voulions avoir une vision globale pour le patient, afin que ce dernier puisse transmettre ses factures à la Caisse nationale de Santé via l'appli. Mais l'idée était en même temps que le client puisse prendre un rendez-vous chez son médecin, qu'il puisse aussi transmettre ensuite directement le détail de son remboursement à son assurance complémentaire. Nous avions un accord politique pour une solution globale. Malheureusement, il se trouve que le périmètre se limite désormais à une facture que le patient reçoit et peut ensuite renvoyer.“
L'AMMD appelle à la progression de la numérisation: "L'appel s'adresse très clairement au ministre d'Etat. Ce dernier n'est pas seulement le chef du gouvernement, il est aussi le ministre de la Digitalisation. En ce sens, il s'est également prononcé en faveur du projet avec l'AMMD dans son discours sur l'état de la nation à la Chambre. Pas parallèlement à elle, pas contre elle. Et à présent, nous ne voyons pas d'autre solution qu'il reprenne lui-même ce dossier en main et qu'il tente de renouer le dialogue avec nous. Dans l'intérêt de tous les citoyens au Luxembourg, qui sont actuellement laissés pour compte car ils doivent attendre six semaines pour se faire rembourser une facture par la CNS, ce qui est absolument scandaleux."
LES PATIENTS ATTENDENT TOUJOURS
La CNS soutiendrait un certain nombre de bonnes solutions, y compris de nouvelles qui se présenteront. Personne ne sera freiné. Le libre marché dominerait.
Christian Oberlé: "Ils ont créé de bonnes choses, mais ils sont un éditeur comme un autre pour nous. Et eux, en tant qu'éditeur, ils doivent trouver la voie pour amener cela auprès du public. Nous, dans le sens où nous disons que nous le soutenons, nous disons que le produit a des fonctionnalités. Nous n'avons pas dit dans notre communication que nous ne soutiendrions pas différentes fonctionnalités. C'est déjà le produit global tel qu'ils l'avaient développé que nous soutenons.“
Il reste à voir ce qui résultera de ce match de ping-pong numérique entre la CNS et l'AMMD. Et comme souvent, celui qui doit attendre, c'est le patient.