Pluies diluviennes et crues record au Luxembourg, inondations meurtrières en Belgique et en Allemagne, dômes de chaleur au Canada, terribles incendies en Méditerranée, fonte de glace sans précédent au Groenland... Cet été, la planète est dévastée par des catastrophe naturelles en cascade dont l’ampleur et la fréquence sont sans doute aggravés par le réchauffement climatique selon de nombreux experts.
Depuis la semaine dernière, 195 pays ont commencé l’adoption des nouvelles prévisions des experts climat de l’ONU, un rapport “crucial pour le succès” de la conférence climat COP26 de novembre.
“Depuis des années, nous avions prévenu que c’était possible, que tout ça allait arriver”, a insisté la responsable climat de l’ONU, Patricia Espinosa qui ajoute: “je dis ceci aux décideurs: la science ne permet pas de voir le monde comme on voudrait qu’il soit, elle montre le monde tel qu’il est. Ce n’est pas de la politique, c’est la réalité”.

Malgré le choc des images des catastrophes, certains craignent que le regain d’intérêt pour le climat ne soit que passager alors que des actions cruciales pour l’avenir de l’humanité sont réclamées aux dirigeants de la planète lors de cette réunion reportée d’un an à cause du Covid-19.
“Dès que ces tragédies seront terminées, nous oublierons probablement à nouveau et continuerons comme avant”, s’est notamment inquiétée sur Twitter la militante Greta Thunberg, qui a entraîné des millions de jeunes dans les rues ces dernières années pour réclamer aux gouvernements de réduire drastiquement et immédiatement les émissions de gaz à effet de serre.
Le rapport du Giec, attendu le 9 août, dont le “résumé pour les décideurs” va être négocié ligne par ligne à huis clos en virtuel pendant deux semaines, doit mettre à jour son évaluation et ses prévisions climatiques: hausse de la température mondiale, augmentation du niveau des océans, intensification des événements extrêmes.
Deux autres volets doivent être publiés début 2022. Celui sur les impacts montre comment la vie sur Terre sera inéluctablement transformée d’ici à trente ans, voire plus tôt. Mais il n’arrivera qu’après la COP26.
Le réchauffement de la planète lié aux activités humaines est “incontestable” estime le climatologue Robert Vautard, l’un des auteurs du rapport du GIEC.
Depuis le dernier rapport d’évaluation des experts climat de l’ONU en 2014, la science a largement progressé. “Aujourd’hui, nous avons de meilleurs modèles de projection du climat et de plus longues observations avec un signal du changement climatique beaucoup plus clair. Il était déjà clair, mais il est incontestable aujourd’hui”.
Quant aux “points de bascule”, comme la possible fonte des calottes glaciaires ou le dépérissement de l’Amazonie, qui pourraient entraîner le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable, on a là encore “beaucoup d’incertitudes et de mystères”. Notamment sur le niveau de température qu’il faudrait pour les enclencher.

Il est crucial d’en savoir plus car même s’ils ont une plus faible probabilité, leurs “conséquences irréversibles à l’échelle de millénaires” seraient bien plus grandes que d’autres événements plus probables avec moins d’impacts, explique-t-il.
L’incertitude concerne enfin l’état des forêts et des océans qui absorbent environ la moitié du CO2 émis par l’homme.
“Est-ce que cette fonction de puits de carbone va continuer à être efficace ou non?”, s’interroge Robert Vautard. “C’est une inquiétude”, car le carbone qu’ils n’absorberaient plus augmenterait la concentration de CO2 dans l’atmosphère et la température mondiale.