Le premier était Premier ministre du gouvernement luxembourgeois, la deuxième était sa ministre des Affaires étrangères, le troisième à la tête du parti socialiste. Jean-Claude Juncker, Lydie Polfer et Jean Asselborn sont trois personnalités politiques de premier plan au Grand-Duché. Ils étaient aux premières loges le 11 septembre 2001, marqués à jamais dans leur vie personnelle comme dans leurs missions publiques respectives.
Jean-Claude Juncker est dans son bureau. Son huissier principal entre sans frapper. Il faut allumer la télé. un grave accident d’avion vient d’avoir lieu à New York. De son côté, Lydie Polfer a marqué cette date d’une croix sur son agenda, mais pour d’autres raisons: “D’abord, à titre privé, c’est l’anniversaire de ma fille. Donc j’étais encore en train d’emballer un cadeau à mon bureau en début d’après-midi lorsqu’un de mes collaborateurs arrive et dit: ‘Il y a eu un accident à New York, un avion est entré dans une des tours du World Trade Center.’”
Lorsqu’un deuxième avion entre dans l’autre tour, le Premier ministre fait immédiatement venir à son bureau la ministre des Affaires étrangères et le ministre de la Défense. “Je me suis rendu compte qu’il ne s’agissait pas d’un accident d’avion mais d’une attaque concertée, organisée”, se rappelle-t-il.
Une journée inoubliable pour Lydie Polfer: “Nous avons ensemble regardé dans son bureau le déroulement des heures qui suivaient. On a vu les tours s’effondrer, c’était un moment vraiment irréel.”
Le Premier ministre luxembourgeois garde l’oreille collés au téléphone: Jacques Chirac, Gerhard Schröder, Tony Blair Blair... Les grands leader européens se concertent pour analyser la situation et convenir des démarches à suivre.
“Le fait d’avoir déclenché pour la première fois depuis 1949, poursuit Jean-Claude Juncker, l’article 5 d’assistance mutuelle (de l’OTAN. NDLR), je m’étais dit, naïf, que ça, les Américains ne l’oublieraient jamais. Ils l’ont vite oublié parce qu’ils n’en ont fait qu’à leur tête par après. Mais je me suis rendu compte d’une façon plus générale de l’énorme fragilité du monde.”
Jean Asselborn, aujourd’hui au ministère des Affaires étrangères, dresse un constat désabusé de ce triste anniversaire: “Ce qui est vraiment frappant, c’est que la violence engendre de la violence. Et si on fait maintenant le tour, 20 ans après, ce qui s’est passé à New York il y a 20 ans, des violences terribles, des drames terribles, et puis ce qu’on a vu il y a quelques jours à l’aéroport de Kaboul... Ce qui me frappe, c’est que l’histoire ne se répète pas, elle semble parfois bégayer.”
