“J’ai vu qu’il y avait une liste d’invités remarquable, c’est impressionnant.” L’auteur de cette phrase fait preuve d’une certaine humilité, il fait lui-même partie de cette liste d’invités. Le dessinateur et auteur Enki Bilal était l’une des nombreuses personnalités à l’affiche de la 46e édition du Livre sur la Place à Nancy. Enki Bilal était présent pour évoquer ce qui le lie à William Shakespeare à l’occasion de la sortie de Shakespeare-Bilal (Marie Barbier), ouvrage qui revient sur Julia & Roem (2011), adaptation de Roméo et Juliette.
Cette année, le public nancéien a eu l’honneur d’accueillir un président qui impose le respect, Edgar Morin, 103 ans, qui a débattu avec Laure Adler en ouverture du salon, en présence de l’acteur Philippe Torreton. “Edgar Morin nous disait hier à l’Opéra, avoue l’acteur, que la lecture l’a constitué, l’a aidé à vivre, l’a sauvé d’une certaine façon.”
Dans les allées du chapiteau monté sur la place de la Carrière, la foule se précipite vers les auteurs rassemblés derrière les stands. De longues files se forment derrière ceux qui caracolent en tête des classements de vente en cette rentrée, comme Gaël Faye avec Jacaranda (Grasset) ou Maylis de Kerangal avec Jour de ressac (Verticales).
“C’est quand même le moment où on est en direct avec les lecteurs, affirme Maylis de Kerangal, c’est-à-dire qu’on a le retour qui n’est pas médiatisé par la presse ou par la critique, ce sont directement les lecteurs qui viennent vous parler, c’est unique. Il n’y en a pas énormément, des moments comme ça, je trouve que c’est intéressant, moi ça me fait plaisir.”
L’un des moments forts de ce samedi a été la lecture d’œuvres de Colette par Nicolas Mathieu. L’écrivain lorrain récompensé du prestigieux Prix Goncourt en 2018 a choisi de lire cette autrice insaisissable, scandaleuse et excessive disparue il y a 70 ans, accompagné en musique par l’artiste Cascadeur.
“C’est un plaisir et une manière de rendre hommage, nous a confié l’auteur de ‘Leurs enfants après eux’, et peut-être de chercher à aller encore plus loin dans l’œuvre de Colette, qui est un peu ma commotion dernière. Ça fait un moment que je barbote dans son travail et que je suis émerveillé par la femme qu’elle a été, l’œuvre qu’elle a conçue, l’immense styliste qui se révèle à chaque fois qu’on lit une page d’elle.”
Le monde de la musique a été par ailleurs brillamment représenté par l’Américaine Patti Smith, autre grand nom de cette 46e édition. Et le ciel est resté bleu sur la cité ducale pour rendre encore plus parfait ce rendez-vous désormais incontournable de la Grande Région.
