
Le Luxembourg ne devrait pas participer au Concours Eurovision de la chanson. Telle était la principale revendication d’une soixantaine de personnes rassemblées samedi vers 14h au Kirchberg. Devant le siège de RTL, elles ont exigé que la chaîne luxembourgeoise boycotte l’événement, arguant qu’Israël l’instrumentaliserait à des fins de “Artwashing” – un terme désignant l’utilisation de l’art pour redorer son image.
La manifestation était organisée par le mouvement BDS Luxembourg (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), qui critique Israël en raison de la guerre dans la bande de Gaza suite à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. La manifestation a reçu le soutien du collectif Waassermeloun, du Comité pour une paix juste au Moyen-Orient (CPJPO) et du parti de gauche Déi Lénk.
Un porte-parole de BDS a déclaré que, si RTL refusait de boycotter le concours, un événement musical alternatif serait organisé en mai. Outre la demande de boycott de l’ESC – similaire à une manifestation qui s’était tenue en juin 2024 – les manifestants ont également réclamé une Palestine libre. Les slogans scandés comprenaient “Palestine libre” et le slogan plus controversé “Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre”, que les critiques considèrent comme une négation du droit d’Israël à exister.
Lors des discours prononcés pendant le rassemblement, Israël a été qualifié d’État terroriste, accusé de génocide à Gaza malgré un cessez-le-feu et d’instrumentaliser le Concours Eurovision de la chanson (ESC) à des fins politiques. Les manifestants ont affirmé qu’Israël avait politisé et instrumentalisé le concours.

L’Union Européenne de Radio-Télévision (UER), organisatrice du Concours Eurovision de la chanson, a récemment répondu à ces critiques en instaurant de nouvelles règles plus strictes visant à prévenir toute influence indue sur le résultat de la compétition. Dans le cadre de ces décisions, l’UER a confirmé qu’Israël serait autorisé à participer à la prochaine édition du Concours Eurovision de la chanson, prévue du 12 au 16 mai 2026 à Vienne.
En réaction, plusieurs pays – dont la Slovénie, les Pays-Bas, l’Espagne, l’Irlande et l’Islande – ont annoncé leur intention de boycotter l’événement, tandis que d’autres examinent encore leur position. Actuellement, la position officielle du Luxembourg est de ne soutenir ni l’exclusion d’Israël ni de se joindre au boycott des diffusions réclamé par les manifestants de samedi.
La controverse entourant la participation d’Israël est encore accentuée par les actions récentes d’anciens vainqueurs du Concours Eurovision de la chanson. Vendredi, le Suisse Nemo, vainqueur de l’édition 2024, a rendu son trophée en signe de protestation. Charlie McGettigan, Irlandais, vainqueur en 1994, a depuis annoncé qu’il rendrait également son trophée par solidarité.

Le débat sur le conflit au Moyen-Orient dépasse le cadre de l’ESC. Vendredi, une manifestation organisée par Waassermeloun et Étudiants pour la Palestine s’est tenue place de l’Europe à Kirchberg, près du Parlement européen. Près d’une cinquantaine de militants ont exigé l’arrêt du financement européen d’Israël par le biais du programme de recherche Horizon, arguant que le maintien de ce soutien financier fait de l’UE une complice.
Plus tôt dans la semaine, le mardi 9 décembre, une autre manifestation a eu lieu devant la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), route d’Arlon. Le collectif Collectives4Palestine a accusé la CSSF de financer indirectement la guerre à Gaza en autorisant la négociation d’obligations israéliennes.