Plusieurs chefs du Luxembourg et de la Grande Région s'allient régulièrement afin de proposer des dîners d'exception à plusieurs mains. Pour RTL Infos, certain(e)s se livrent sur ce phénomène qui dépasse la simple envie de faire le buzz. Aujourd'hui: Charles Coulombeau (La Maison dans le Parc, Umé, Yozora) et Ryodo Kajiwara (du restaurant Ryodo à Luxembourg).
Depuis qu'il a repris l'offre de restauration du Centre Pompidou à Metz en créant une brasserie (Umé) et un restaurant gastronomique (Yozora), Charles Coulombeau s'est rapproché du Luxembourg. Ce n'est pas qu'une image: le chef français, également à la tête du restaurant étoilé La Maison dans le Parc à Nancy, a passé une tête -et les mains- de l'autre côté de la frontière.
Il a notamment participé au dîner de grands chefs - la "Nuit Blanche" - organisé en faveur de la lutte contre le cancer, à Mondorf, en juillet dernier. Et après avoir accueilli Cyril Molard (Ma Langue Sourit) dans son restaurant nancéien en février, il a réalisé en août un autre "4 mains" avec Ryodo Kajiwara, le chef japonais qui jouit d'un macaron depuis un an et demi dans le quartier d'Hollerich à Luxembourg. Le trentenaire est un hyperactif et multiplie ces repas à plusieurs mains tout au long de l'année.
"Les gens aiment nourrir cet esprit de compétition entre les chefs. Moi, c'est quelque chose dont je m'écarte complètement" nous répond d'emblée Charles Coulombeau, quand on lui demande ce qu'il recherche dans un dîner à 4 mains. "Inviter des chefs chez nous, c'est aller plus loin, c'est voir les dessous de leur cuisine et créer quelque chose ensemble. J'aime cet esprit de compagnonnage, de partage. Pour nos clients, c'est un rendez-vous toujours très attendu."
Le 4 mains réalisé avec Ryodo s'est joué sur "un coup de poker", les deux se rejoignant au minimum quant à l'amour qu'ils portent aux saveurs japonaises. "Je me suis renseigné sur sa cuisine, son univers. Je l'ai contacté et il était ravi" raconte Charles Coulombeau. En terme d'organisation, il dit toujours laisser carte blanche au chef invité et à son équipe. "Il doit produire deux canapés, une entrée, un plat et un dessert. Moi je remplis les trous pour proposer un menu équilibré. S'il fait un poisson ou une volaille, je fais une viande rouge. S'il fait un dessert au chocolat, on va en faire un aux fruits, etc."
Contrairement à Cyril Molard et René Mathieu (voir notre 1er épisode), Charles Coulombeau et Ryodo Kajiwara ont décidé de travailler chacun dans leur propre assiette. "Je n'ai pas envie qu'on créé de plats ensemble. J'ai peur que ça dilue l'essence de ce qu'on fait et ça permet au chef que j'invite de montrer tout son savoir-faire. On fait chacun ce qu'on sait faire faire, à l'image d'un maçon et d'un électricien sur le chantier d'une maison" illustre le chef de Metz et Nancy.
Chacun ses secrets ? Si Ryodo confie que "ça arrive que certains chefs veulent garder quelques secrets pour eux", ce n'est visiblement pas le cas ici. "Si quelqu'un veut lancer les jus avec moi à 6h du matin, il est le bienvenu! Il n'y a pas de secret, pas de mystère, ce n'est pas de la magie, ce n'est que de la cuisine" répond Charles Coulombeau. "Moi, si on me demande, je montre tout. Comment faire des sushis, comment couper des sashimis, comment aiguiser des couteaux..." appuie Ryodo.
Pour lui, cette collaboration était aussi l'occasion de se faire connaître à 120 kilomètres de son restaurant au Luxembourg, même s'il préfère évoquer "la passion" plutôt qu'un intérêt mercantile. "À Nancy, il n'y a pas de restaurant japonais étoilé. Du coup, on a pu montrer notre cuisine. Il n'y a pas beaucoup de chefs au Japon qui font des 4 mains. Est-ce par timidité ou par besoin de se protéger ? Je ne sais pas trop. Moi, je ne suis pas comme ça, je suis ouvert et j'aime ces challenges."
La preuve: le chef japonais a participé à des "4 mains" au Skybar, au Clairefontaine, chez Mosconi ou à La Villa de Camille et Julien. Il est également membre du collectif Foodamental, qui réunit plusieurs chefs du Grand-Duché. C'est rare qu'il décline une invitation d'un de ses confrères. "Ce n'est pas très important de savoir si le chef avec qui tu fais ton 4 mains fait la même cuisine que toi ou pas. Si je rencontre un chef qui cuisine au beurre, avec de la crème, ça m'intéresse de voir ce qu'on peut faire ensemble. C'est juste qu'il faut bien s'organiser. Par contre, je veux qu'on communique et qu'on se rejoigne sur une certaine idée du produit. Si ça implique une baisse de la qualité, je ne peux pas accepter."
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