RTL Infos a rencontré Woodkid, de son vrai nom Yoann Lemoine, à la Paris Games Week, début novembre. Le chanteur, compositeur, réalisateur de clips, musicien et même graphiste est un artiste international accompli. C'est aussi un grand fan de jeux vidéo et de la saga Final Fantasy.
Casque audio sur les oreilles, Woodkid est plongé dans une partie de Final Fantasy VII Rebirth, jeu vidéo que les fans attendent pour le 29 février 2024. Nous sommes à la Paris Games Week, début novembre. Celui qui est un chanteur et un musicien réputé à l'international après avoir collaboré avec des stars comme Katy Perry, Drake, Lana Del Rey, John Legend ou Pharrell Williams, et qui a signé des bandes-sons pour des films et des publicités, est également féru de jeux vidéo. Cela a d'ailleurs inspiré une grosse partie de son travail artistique et musical. Il s'est confié à RTL Infos.
Vous avez eu un aperçu de Final Fantasy VII Rebirth à la Paris Games Week. Qu'en avez-vous pensé?
Woodkid : C'est très excitant. J'avais déjà adoré le Remake. J'ai des souvenirs du jeu original et voir que maintenant, tout est à l'échelle du paysage comme la ville de Junon, et que l'on peut y entrer de manière progressive, je trouve ça très émouvant. C'est comme ça que je me l'imaginais à l'époque, quand je jouais au Final Fantasy VII original. Là, il y a une espèce de concrétisation de l'imaginaire. C'est super beau. Je suis très excité de voir qu'il y a des choses qui ont été conservées et des petits détails qui ont changé. Dans la démo, on voit par exemple Yuffie dès la découverte de la ville de Junon, ce qui n'est pas le cas dans le jeu original. J'ai hâte de voir ce qui se trame en terme de variation.
Que s'est-il passé concrètement dans les deux démos auxquelles vous avez jouées ?
La première démo était orientée "baston" lors d'un flashback avec Sephiroth et Cloud. C'est un moment assez clé dans l'histoire. La prise en main a été très bonne, assez similaire à Remake dans l'énergie. La deuxième démo laissait plus de place à l'exploration, avec des Chocobos, la région de Junon... Ça fait du bien car dans Remake, on était très enfermé dans Midgar, comme dans le CD1 de Final Fantasy VII à l'époque.
Que représente pour vous la saga Final Fantasy ?
C'est toute mon adolescence, toute ma jeunesse. J'habitais à côté de Lyon, j'allais toujours au bureau de tabac le jour de la sortie de PlayStation Magazine. Je me souviens qu'à l'époque, il y avait une couverture "événement" et la démo de "FF7" dans un numéro. Je l'ai acheté direct et j'ai adoré. C'est une référence que je cite énormément dans mon travail depuis très longtemps. "FF7", "FF8", "FF10"... Ce sont des jeux qui ont vachement accompagné mes années lycée, collège. Ils sont très importants pour moi, ils m'ont beaucoup ouverts artistiquement, ils m'ont permis de comprendre que l'on pouvait raconter des histoires d'autres manières, très sombre, très fantasmagorique, baroque parfois... C'est toujours très émouvant de pouvoir y revenir avec le petit update technologique d'aujourd'hui.
Cela veut-il dire que vous avez trouvé des passerelles entre les jeux vidéo et votre musique?
Oui, les musiques de "FF7" font partie de ma sensibilité. Dans mon premier single Iron, il y avait déjà une esthétique propre aux jeux vidéo, sans que je l'intellectualise forcément. Aujourd'hui, il n'y a plus du tout de complexe à revendiquer son adoration des jeux vidéo. C'est ancré dans la culture. Même la mode, qui a longtemps craché sur la culture du gaming pendant des années, lui court après aujourd'hui. Il y a un alignement générationnel autour de la question des jeux vidéo. En particulier autour de ceux des années 90, 2000, qui ressurgissent aujourd'hui dans une culture contemporaine, adulte, de la mode, des médias, du cinéma...
Racontez-nous comment vous en êtes venu à participer à des bandes-sons de jeux vidéo, justement.
Je joue depuis très longtemps aux jeux Square Enix, à ceux de Kojima aussi... Les jeux vidéo sont sortis de ma vie à un moment donné, durant mes études supérieures et mes premières années de travail. Puis, c'est revenu très vite, notamment quand j'ai démarré ma carrière musicale. Cela s'est fait naturellement. On "digère" toujours ce qui a construit notre adolescence dans l'art que l'on crée lorsqu'on devient adulte. Il y avait déjà dans mon premier single Iron une esthétique de "scroller", quelque chose qui va de gauche à droite. Bref, des traces de cette culture du jeu vidéo sans que je l'intellectualise plus que ça. Cela a tout de suite attiré Ubisoft, puis plus tard Hideo Kojima, etc. Pour moi, c'est une reconnaissance.
Tout a commencé avec un épisode d'Assassin's Creed, c'est bien ça?
Oui, je dois beaucoup à Ubisoft. J'ai sorti Iron et le morceau a été utilisé dans les mois suivants dans le trailer d'Assassin's Creed Revelations. Ça a fait un buzz énorme. Puis, Ubisoft a réutilisé ma musique dans deux autres jeux. Il y a eu pas mal d'emprunts pour des trailers, aussi, comme celui de Dying Light. J'en suis très honoré. Ensuite, il y a eu la rencontre avec Hideo Kojima qui a été extrêmement formatrice. Cette rencontre était une évidence car Metal Gear Solid est une série qui a énormément ouvert mon esprit artistique. Cela a influencé mon travail, notamment mon dernier album (S16, ndlr). Je suis très fier de ces collaborations. C'est un rêve de gosse qui se matérialise. J'ai vraiment hâte qu'on annonce la suite. Des choses se préparent, ça va être assez dingue.