Le président portugais a reconduit jeudi Luis Montenegro, arrivé en tête des législatives anticipées du 18 mai avec l'Alliance démocratique de droite modérée, au poste de Premier ministre, après avoir consulté les principaux partis représentés au Parlement.

"Le gouvernement va pouvoir poursuivre son travail", a déclaré M. Montenegro à l'issue de sa nomination annoncée en début de soirée par la présidence dans une note publiée sur son site internet.

Le Parti social démocrate (PSD, centre droit) de Luis Montenegro, à la tête de l'Alliance démocratique (AD) a remporté 91 sièges sur 230, loin toutefois du seuil des 116 pour disposer d'une majorité absolue.

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Après avoir écarté l'idée d'un "accord permanent de gouvernance", M. Montenegro a indiqué qu'il dialoguerait "avec toutes les formations politiques".

Le Premier ministre devra notamment composer avec le nouveau statut de l'extrême droite Chega, désormais première force d'opposition du pays. Créé il y a à peine six ans, son parti a remporté deux des quatre sièges de députés à l'étranger, et compte 60 élus, contre 50 lors de la précédente législature.

Les élections législatives anticipées avaient été convoquées le 18 mai après l'échec de M. Montenegro à remporter en mars un vote de confiance des députés, auquel il s'était soumis sur fond de soupçons de conflit d'intérêt.

Enfin de la stabilité au gouvernement ?

Au lendemain de la publication des résultats définitifs des législatives anticipées, le chef de l'Etat conservateur Marcelo Rebelo de Sousa s'est entretenu dans l'après-midi avec les responsables des trois principaux partis représentés au Parlement dans l'ordre inverse de leur place sur l'échiquier politique national.

Le président avait expliqué en début de semaine attendre des "garanties de stabilité" de la part des partis.

Dans l'après-midi, le président s'était entretenu avec André Ventura, le leader de Chega (Assez), qui a assuré qu'il exercerait "une opposition responsable": "Une nouvelle crise n'est pas souhaitable", a-t-il ajouté.

Le chef de l'Etat avait également rencontré Carlos Cesar, président du Parti socialiste. "Il est normal de nommer Luis Montenegro au poste de Premier ministre compte tenu du résultat des élections", avait reconnu à sa sortie le responsable socialiste.

Comptant 58 députés, désormais troisième force politique d'un Parlement qui a largement basculé à droite, le PS doit choisir fin juin, lors d'élections internes, un successeur au secrétaire général du PS Pedro Nuno Santos, qui a démissionné après son échec aux législatives.

Le PS "aura une attitude constructive" avec le prochain gouvernement, a aussi assuré jeudi José Luis Carneiro, le seul candidat en lice, pour l'instant, pour lui succéder à la tête du parti.

"Le pays a besoin d'une opposition capable de compromis", estimait dans un éditorial le quotidien Publico, invitant la gauche à mettre à profit cette "traversée du désert" pour "se rapprocher des électeurs".

Troisième élection législative en trois ans

Après ce troisième scrutin législatif depuis 2022, les partis affûtent déjà leurs stratégies en vue des prochaines batailles électorales: les municipales à l’automne et l'élection présidentielle en début d'année prochaine.

Le conseil national du PSD se réunit jeudi soir pour analyser les résultats des élections et devrait également, à cette occasion, apporter son soutien à la candidature de l'ancien ministre Marques Mendes à la présidentielle.

De son côté, Henrique Gouveia e Melo, un militaire à la retraite qui avait coordonné la campagne de vaccination contre le Covid-19, doit aussi présenter jeudi sa candidature indépendante au poste de chef de l'Etat.