Les violences physiques, sexuelles, financières et psychologiques sont aussi une réalité au Luxembourg, bien plus fréquentes qu’il n’y paraît à première vue.
Selon une étude réalisée il y a trois ans, plus de 80.000 personnes au Grand-Duché ont déjà été victimes de violences. Trois quarts des cas ne sont jamais signalés. De nombreuses personnes concernées, surtout dans des situations extrêmes ou complexes, ne savent souvent pas, dans un premier temps, vers qui se tourner. C’est précisément là qu’intervient, depuis avril, le Centre national pour victimes de violences, CNVV en abrégé.
Dans un quartier calme de Belair, non loin de la place de l’Étoile, ce centre a été conçu comme un point d’accueil pour adultes et enfants ayant subi des violences ou s'interrogeant sur ce sujet. Aucun rendez-vous ni document n'est nécessaire pour s'y rendre. Il ne faut pas non plus envisager de décision radicale. La première étape consiste à venir, se sentir en sécurité et enfin pouvoir raconter sans pression.
“Nous n’avons aucune attente. Si la personne veut simplement nous raconter ce qui lui est arrivé, c’est très bien. Si elle nous dit qu’elle a certains besoins ou qu'elle souhaite entreprendre certaines démarches, nous l'informons, nous la soutenons et nous la guidons dans cette direction”, explique Ashanti Berrend, responsable du CNVV à la Croix-Rouge luxembourgeoise.
De nombreux hommes contactent aussi le CNVV
Entre fin avril et fin novembre, 120 personnes sont venues au centre, 80 autres ont demandé de l’aide par téléphone ou par courriel. La violence, ce n'est pas seulement des coups et blessures. De nombreux cas traités au centre concernent la violence psychologique : contrôle, humiliations, isolement. Environ deux tiers des situations se déroulent dans un contexte intrafamilial : partenaire, ex-partenaire ou autres membres du même ménage. Ce qui a surpris l'équipe, c'est qu'il n'y a pas uniquement des femmes qui se manifestent. “Nous sommes à environ un tiers d’hommes qui nous contactent. Il faut aussi préciser qu’il y a des jeunes parmi eux. (…) Souvent, nous avons les parents qui viennent accompagnés de leurs enfants, et nous constatons alors que les enfants sont directement ou indirectement victimes dans le cadre de la violence domestique”, explique Ashanti Berrend.
De nouveaux recrutements
Pour les plus jeunes victimes, il existe un espace dédié aux enfants avec des jeux. Un coin sécurisé où les discussions avec les parents et les enfants peuvent se dérouler sans pression. Au lieu d’envoyer les victimes d’une instance à l’autre, ce sont les professionnels qui viennent au CNVV : infirmiers, travailleurs sociaux, une avocate et bientôt aussi des psychologues. “En plus des infirmiers et des travailleurs sociaux que nous avons déjà et qui vont encore rejoindre l’équipe, nous allons également recruter des psychologues pour offrir une première prise en charge, une thérapie brève, afin d’accueillir les personnes et de les stabiliser un peu en situation de crise. Et nous avons aussi une collaboratrice qui forme actuellement son chien comme chien d’accompagnement”, explique la responsable de la Croix-Rouge.
À partir du printemps prochain, le service, créé à l’initiative du ministère de l’Égalité des chances et géré par la Croix-Rouge, sera accessible 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Pour toutes les victimes de violences, quel que soit leur profil, quel que soit le moment.
Si vous avez besoin d'aide, vous en trouverez sur Violence.lu et au numéro de téléphone 20601060.































