
Des appartements photographiés au Luxembourg au mois de septembre 2025 / © Domingos Oliveira/ RTL Luxembourg
Le ministre du Logement, Claude Meisch, n'est pas serein quant à la trajectoire que pourrait prendre le marché de l'immobilier en cas de relance. "Je crains une nouvelle explosion des prix", a-t-il admis dans l'émission RTL "La Bulle Immo". Entretien avec le politicien qui mène a barque du logement dans une situation très délicate depuis près de deux ans.
Malgré un paquet logement particulièrement généreux, il n'y a pas eu de miracle sur la VEFA ces deux dernières années. "On est toujours dans une situation délicate", admet le ministre du Logement, Claude Meisch, dans l'émission "La Bulle Immo". Si les mesures gouvernementales ont eu un effet certain sur le marché de l'existant, le neuf a continué à plafonner à des niveaux très lointains de ce que l'on avait connu avant la "crise des taux d'intérêt".
À savoir qu'à l'époque, le pays construisait déjà trop peu de nouveaux logements. En effet, selon les estimations du Statec, il faudrait 6.000 nouveaux logements par an pour satisfaire la demande liée uniquement aux nouvelles arrivées (10.000 par an). En moyenne, le Luxembourg en construisait 3.200 chaque année, avant la hausse de taux. C'est dire le retard que le pays a pris ces deux dernières années. La Chambre des Métiers estimait d'ailleurs, il y a deux semaines, ce "manque"à 6.000 logements sur deux ans. "La pénurie de logements s'aggrave", affirmait alors très justement le directeur de la Chambre des métiers. Et le ministre n'a pas essayé de le contredire.
Repenser le modèle immobilier luxembourgeois

Le ministre du Logement photographié dans les studios RTL / © Archives RTL
Il en est même à remettre en question le modèle de la VEFA (Vente en état de futur achèvement). "On ne sait pas si ce modèle va retrouver la force qu'il avait" avant l'épisode de hausse des taux. "Il faut peut-être chercher des alternatives, de nouveaux modèles", a-t-il déclaré. Et c'est précisément là-dessus que planche son ministère.
Claude Meisch a misé gros sur l'association entre les acteurs publics et privés pour trouver une solution à la crise "long terme" que traverse le marché du logement. Dans ce contexte, il confirme que l'Etat continue à racheter des projets pour en faire du logement abordable. Mais cette solution ne se suffit pas à elle-même, il en est conscient.
Le ministre encourage également les projets mixtes qui prévoient des logements classiques et de l'abordable. "C'est une manière pour les promoteurs de contourner une partie du problème qu'est le financement en vendant une partie du projet à l'Etat", explique-t-il. Car c'est aujourd'hui le plus grand obstacle quand on veut mener à bien un projet immobilier.
Ici aussi, le ministre estime qu'il y a encore beaucoup de pistes à explorer. Il évoque notamment celle des financements selon des modèles tels que la "tokenisation" ou le "crowdfunding". Il rappelle d'ailleurs que le "Biergerfong" fait partie des initiatives annoncées dans l'accord de coalition.
Les fameux logements vides

Des logements à vendre photographiés dans une commune luxembourgeoise en 2025 / © Domingos Oliveira/ RTL Luxembourg
Claude Meisch insiste sur le fait qu'il n'existe pas de solution unique à la pénurie de logements. L'effort doit être collectif, d'après lui. Dans cette réflexion, il inclut les propriétaires de logements inoccupés. Une source importante de logements qu'il ne reste qu'à mobiliser, selon lui. "On estime qu'il y en a entre 7.000 et 9.000 sur le marché luxembourgeois", a-t-il déclaré dans La Bulle Immo.
Mais ces chiffres sont probablement faussés, comme l'ont récemment expliqué le directeur de l'Observatoire de l'habitat, Antoine Paccoud, et l'économiste et auteur, Michel-Edouard Ruben. Cela étant dit, le Luxembourg pourrait potentiellement être assis sur une réserve de logements non-négligeable et le marché luxembourgeois en a désespérément besoin.
C'est ici que la Gestion Locative Sociale entre en jeu pour Claude Meisch. Un levier qui a déjà convaincu de nombreux propriétaires de mettre leur bien sur le marché locatif. Et pour les plus réfractaires, le politicien assure qu'il n'hésitera pas à "serrer la vis" s'il le faut. Il fait évidemment référence àl'impôt national sur la non-occupation de logement.
Un impôt qui ne risque pas d'entrer en vigueur de sitôt. En effet, il va devoir attendre la création du Registre national des Bâtiments et des Logements (RNBL) pour pouvoir être mis en application. "C'est une évidence qu'il faut savoir combien de logements on a, autrement on ne peut pas développer une politique concrète. On soutient toute démarche qui va dans ce sens", a déclaré le ministre du Logement.
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Une relance pas forcément souhaitable

Une relance rapide dans les circonstances actuelles pourrait faire exploser les prix / © AFP
Interrogé au sujet d'une éventuelle relance sur le marché de la VEFA, Claude Meisch a émis plusieurs réserves. "Je me fais du souci. Avec la crise que l'on vient de traverser, le Luxembourg a perdu une partie de sa capacité à construire. On a vu des faillites, le départ de salariés compétents, bien formés, dans leur pays d'origine...", a-t-il déclaré. Dans ces circonstances, le ministre démocrate ne pense pas qu'une reprise "rapide" soit souhaitable.
En effet, le Luxembourg a très peu construit ces dernières années et les arrivées sont restées approximativement aux d'avant-crise. La demande reste donc haute pour des logements au Grand-Duché, estime Claude Meisch. Ce qui signifie que la demande si la situation venait à se débloquer, les prix pourraient à nouveau exploser. "C'est pour ça qu'il ne faut pas aller trop loin (avec les aides) ou trop vite", a-t-il résumé.
Tous les détails de nos échanges sont à découvrir en cliquant sur l'audio en haut de cet article. Nous y évoquons la Semaine nationale du Logement, des structures d'accueil pour salariés ainsi que l'état du marché immobilier en général. Vous pouvez aussi retrouver l'émission sur RTL Play, Apple Podcast et Spotify