
Xavier Bettel, ministre des Affaires étrangères et Vice-Premier ministre libéral, mais aussi ex-Premier ministre, était l'invité de RTL jeudi matin. Il est revenu sur les dossiers "chauds" de la rentrée: avortement, tripartites et guerre à Gaza.
Droit à l'IVG : "nous sommes en 2025 et plus en 1700"
Une proposition de révision de la Constitution visant à y inscrire le droit à l'IVG, déposée par le parti déi Lénk, est actuellement examinée par la Commission des Institutions. Si elle est soutenue par la plupart des partis d'opposition, le DP y est favorable sur le principe, mais a émis des réserves sur la formulation et le CSV vient finalement de prendre position. Ce 17 septembre, Luc Frieden, président du CSV et Premier ministre, s'est exprimé sur le sujet et a jugé que l'IVG devait être considéré comme une "liberté" et non comme un "droit".
"Peu m’importe comment il est appelé, que ce soit un droit ou une liberté, l'important, c'est qu'il figure dans la Constitution", a déclaré Xavier Bettel jeudi sur RTL à propos de l'avortement. Selon le ministre des Affaires étrangères, il faut éviter qu'un jour, la loi actuelle sur l'interruption volontaire de grossesse puisse simplement être abrogée par "une future majorité de 31 sièges".
Xavier Bettel souhaite une "large approbation" à la Chambre des députés, même si c'est sans l'ADR, pour que l'avortement ne soit plus remis en question.
Au cardinal Jean-Claude Hollerich, qui avait exprimé de vives critiques sur cette proposition de révision de la Constitution samedi dernier sur RTL et demandé "mais où sommes-nous alors?", le Vice-Premier ministre libéral a répondu: "nous sommes en 2025 et plus en 1700".
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Tripartite: "des positions vraiment diamétralement opposées"
Lors de la table ronde avec les partenaires sociaux du 3 septembre, que le ministre a une fois de plus qualifiée de tripartite, c'était "extrême et extrême" entre syndicats et patronat, et le ministre d'évoquer "des positions vraiment diamétralement opposées". Xavier Bettel réagissait ainsi aux propos de la présidente de l'OGBL Nora Back, mercredi sur RTL, affirmant que les négociations auraient pu se poursuivre. Le vice-Premier ministre a admis qu'un accord aurait "certainement" pu "peut-être" être trouvé sur certains points. C'est pourquoi il a souligné que le Premier ministre, le ministre du Travail et le ministre de l'Economie sont prêts à continuer de discuter avec les syndicats.
A la question de savoir s'il n'est pas normal que les syndicats soient sur la défensive, car les solutions envisagées par le CSV et le DP ne leur laissent presque pas le choix, l'ancien Premier ministre répond qu'une "tripartite" n'est pas une réunion pour gagner quelque chose. "Il s'agit de l'intérêt du pays, de sécuriser des emplois". Il s'efforce toujours de "dire aux employeurs que les entreprises prospèrent lorsque leurs employés sont heureux. Et que lorsque les employés sont heureux, les entreprises prospèrent".
Le Vice-Premier ministre a réaffirmé que le gouvernement n'a "pas de mandat" pour mener une grande réforme des retraites, "car le sujet n'a pas été abordé pendant la campagne électorale". Les mesures décidées par le gouvernement ne sont pas très ambitieuses, mais elles sont nécessaires, comme le montrent les chiffres. Une réforme profonde des retraites sera certainement un enjeu de la prochaine campagne électorale, et il sait déjà, sans toutefois vouloir le dire encore, ce qu'il souhaite voir figurer dans le prochain programme électoral du DP.
Reconnaître la Palestine, sanctionner Israël...
La Commission européenne a proposé mercredi des sanctions contre Israël et le Luxembourg soutient ces propositions "dans les grandes lignes", a déclaré Luc Frieden. Concernant les sanctions contre les ministres extrémistes et les colons violents, Xavier Bettel, ministre des Affaires étrangères, a été clair jeudi matin: elles seront bloquées par des pays comme l'Allemagne. "Pour des sanctions, il faut l'unanimité, et je dois vous dire qu'elle n'est pas là."
Suspendre les avantages des tarifs douaniers avec Israël, pourrait en revanche devenir réalité, selon lui, car seule une majorité qualifiée au Conseil est nécessaire.
Le Luxembourg reconnaîtra officiellement la Palestine comme État la semaine prochaine lors de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York. Le ministre des Affaires étrangères a expliqué pourquoi cette reconnaissance intervient maintenant et non plus tôt. Aujourd'hui, davantage de pays vont le faire et il y a plus de garanties venant d'autres pays arabes – sans mentionner le Qatar, Xavier Bettel a clairement parlé du Qatar – que le groupe islamique radical Hamas ne pourra plus jouer aucun rôle et devra être désarmé.
... mais en même temps, les "obligations israéliennes"
L'UE et le Luxembourg souhaitent donc désormais faire pression sur le gouvernement israélien. Mais le 1er septembre, La Commission de Surveillance du Secteur financier (CSSF) a donné son accord pour la vente d'obligations israéliennes sur le marché financier européen et qu'ainsi, Israël puisse continuer à financer la guerre. Après que la CSSF ait renvoyé la balle à Xavier Bettel en lui adressant un courrier sollicitant un avis politique sur sa décision, Xavier Bettel fait une reprise de volée: "Personnellement, j'ai mon opinion, mais si je me risquais maintenant à dire, en tant que ministre, ce qu'ils (la CSSF, ndlt) devraient faire, on me dirait à nouveau demain que ce n’est pas mon rôle de leur dire ce qu’ils doivent faire".
Le ministre a souligné que la CSSF n'avait pas consulté le ministère des Affaires étrangères avant de prendre sa décision le 1er septembre, mais avait seulement écrit une lettre deux semaines plus tard. Le ministre des Affaires étrangères a ajouté que le gouvernement luxembourgeois avait "parfois déjà" été critiqué par la Banque centrale européenne, cette dernière estimant que la CSSF était trop proche du gouvernement et n'était pas indépendante.
Xavier Bettel sait ce qu'il déciderait. Il a cité la Cour internationale de Justice, qui enquête pour savoir si Israël commet un génocide à Gaza, la Commission européenne, mais aussi le gouvernement, qui préparent des sanctions, tout en soulignant que c'est à la CSSF, organe indépendant, "de prendre ses responsabilités". Selon lui, la CSSF serait ravie "de lui passer la patate chaude".
Succession au trône et au pupitre
Le Premier ministre Luc Frieden prononcera le discours du Grand-Duché à l'Assemblée générale des Nations Unies la semaine prochaine. L'année prochaine, c'aurait été au tour du ministre des Affaires étrangères. "Aurait été", car Xavier Bettel a annoncé jeudi sur RTL qu'il cédera la place au nouveau Grand-Duc Guillaume.