Il a été beaucoup question du droit à l'avortement ces derniers jours au Grand-Duché. Dans l'attente d'une position claire du CSV sur le sujet sensible, les autres partis se positionnent.

Une proposition de révision de la Constitution visant à y inscrire ce droit est en effet en procédure législative à la Chambre des députés. Si cela devait arriver, ce serait "un jour triste dans l'histoire du Luxembourg", a estimé récemment le cardinal Jean-Claude Hollerich sur RTL. Lundi, la proposition a été discutée en commission des Institutions. À une exception près, la position de chaque parti est déjà claire.

Le droit à l'avortement doit être inscrit dans la Constitution, du moins c'est ce que réclame le député de la Gauche, Marc Baum. Après la discussion en commission, l'auteur du texte se dit prêt à des compromis:

"J'ai également dit que j'étais ouvert à des discussions, pour éventuellement travailler sur une autre formulation. Bien sûr, il faudra voir ce qui en ressortira. Oui, sauf le CSV, qui en est apparemment encore au stade des discussions internes, et où, bientôt, espérons-le, la direction du navire sera définie.

Le député CSV Laurent Zeimet a souligné que le texte devait encore être discuté en interne au sein de son groupe parlementaire:

"La procédure parlementaire a maintenant commencé, ce n'était pas aujourd'hui que le vote devait avoir lieu, cela viendra plus tard et d'ici-là, je pense que chaque fraction et chaque député aura le temps d'y réfléchir, de lire la proposition et de se forger sa propre opinion."

Le CSV n'a donc pas encore de position claire sur la question. Son partenaire de coalition, le DP, se dit "en principe" favorable à la proposition, mais voudrait discuter de la formulation, selon la présidente du parti libéral, Carole Hartmann:

"Nous sommes heureux que Marc Baum se soit montré ouvert dès le début pour parler lui-même de la formulation. Il est important pour nous que l'avortement ne soit pas considéré comme un acte médical banal. Cela signifie que c'est un élément que nous souhaitions apporter dans la discussion."

Pour Sam Tanson, élue des Gréng, il est positif qu’aucun des deux partis du gouvernement n’ait opposé de refus:

"Nous n'avons pas essuyé un refus catégorique. C'est déjà positif. De sorte que j'espère qu'il y aura également un mouvement au sein du CSV et que nous pourrons trouver un texte de compromis. Il ne doit pas nécessairement s'agir du texte original de Marc Baum. Ce qui est important pour nous, c'est qu'il existe un texte, qui puisse figurer dans la Constitution et qui garantisse réellement des droits non contestables aux femmes."
 
La présidente du groupe parlementaire LSAP, Taina Bofferding, espère toutefois que le CSV communiquera bientôt une position plus claire:

"Nous pourrons discuter de la formulation du texte ultérieurement, mais il aurait au moins pu dire maintenant s'il la soutient ou non. En tout cas, nous soutenons cette initiative, car il est important pour nous que ce droit continue d'être protégé. Nous constatons dans le monde à quelle vitesse les droits de l'homme sont bafoués, et c'est pourquoi il est essentiel d'ancrer ce droit dans notre Constitution."

Le député ADR Fred Keup, quant à lui, ne voit aucune nécessité d'inscrire l'IVG dans la Constitution. L'ADR votera donc contre un texte en ce sens.

Lundi matin, avant la réunion de la Commission des Institutions, quelque 70 manifestants s'étaient réunis devant la Chambre des députés pour défendre le droit à l'avortement. La manifestation était organisée par le Planning familial.

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