
Le Planning familial appelle à manifester le 22 septembre devant le Parlement avant l'examen par la commission des Institutions de la proposition de loi visant à ancrer le droit à l'avortement dans la Constitution, a indiqué jeudi sur RTL sa présidente, Fatima Rougi.
L’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution est actuellement l’une des priorités du Planning familial au Luxembourg. Le 22 septembre, la Commission parlementaire des institutions examinera la proposition de loi correspondante de déi Lénk, qui a reçu un avis positif du Conseil d'État. Le Planning familial souhaite manifester devant la Chambre des députés ce jour-là, a indiqué jeudi sur RTL sa nouvelle présidente, Fatima Rougi.
Avec ses trois centres de soins à Luxembourg-ville, Esch-sur-Alzette et Ettelbruck, le Planning familial est un lieu d'accueil dédié à l'éducation sexuelle et affective, qui offre un accès à des informations et surtout à des services médicaux. Sa présidente le décrit comme "un centre d'information, de consultation, d'accompagnement et de défense des droits liés à la sexualité". Si l'ASBL se définit comme politiquement "neutre", Fatima Rougi n'a pas caché qu'elle n'est pas proche de l'ADR et qu'elle approuve l'initiative de déi Lénk, d'inscrire le droit à l'IVG dans la Constitution.
C'est un symbole, mais pas seulement: "Il vaut mieux sécuriser maintenant le droit à l’avortement avant qu’il soit menacé". Ce droit doit être garanti avant qu'il ne soit attaqué et que des partis politiques ou "certains hommes conservateurs" ne le remettent en question. "La situation aux Etats-Unis mais aussi plus près de nous, à Malte, en Pologne ou en Hongrie, le prouve."
Aucun abus à signaler sur le terrain
Etant donné que "ce qu'une loi fait, une loi peut le défaire", il est plus difficile d'annuler un article de la Constitution qu'une loi, car pour modifier la Constitution, une majorité des deux tiers est nécessaire, souligne Fatima Rougi. Les détails tels que le délai jusqu'auquel une IVG est autorisée, seront toujours réglementés par la loi. Sur ce point, le Planning familial continue de demander un prolongement de ce délai de 12 à 14 semaines. "Il faut savoir quec'est vraiment petit deux semaines", selon Fatima Rougi. "Cela ne concerne pas énormément de femmes, parce qu'au Planning familial, les interventions se font en moyenne autour des quatre semaines." Si le Planning familial continue de revendiquer l'allongement du délai, c'est pour protéger les femmes en situation précaire. "En fait il y a très peu de personnes qui veulent avorter au-delà, à 10-12 semaines ou au-delà, mais ce sont souvent des personnes dans des situations très précaires, qui vont avorter au-delà de ce délai. C'est donc les mettre dans une situation encore plus difficile parce qu'elles doivent alors partir à l'étranger".
La présidente du Planning familial balaie la mise en garde de la SLGO, la Société Luxembourgeoise de Gynécologie et d'Obstétrique, selon laquelle l'allongement du délai pourrait mener à des abus, par exemple que les couples attendent de connaître le sexe du foetus avant de prendre la décision. "Ce n'est pas ce que disent nos médecins et ce n'est pas le retour du terrain", selon Fatima Rougi.
"La religion est rarement l’amie des femmes"
Fatima Rougi est née au Maroc, mais sa famille a déménagé en France alors qu'elle était âgée d'un an. Elle sait cependant que dans ce pays d’Afrique du Nord, les droits des femmes "sont peu développés". Même si en comparaison, les femmes ont beaucoup plus de droits au Luxembourg, elle souligne que le Grand-Duché a de fortes racines catholiques et que "la religion est rarement l'amie des femmes".
Le Planning Familial est bien plus qu'un lieu d'accueil pour les femmes souhaitant avorter. Ses quelque 40 collaborateurs fournissent des conseils notamment sur l'accès aux services médicaux et éduquent sur la santé sexuelle et affective. Ils se déplacent régulièrement pour fournir des informations. Le Planning Familial ne s'adresse pas seulement aux femmes, mais aussi aux hommes.