
Mercredi, le docteur Pit Duschinger, président de la SLGO, la Société Luxembourgeoise de Gynécologie et d'Obstétrique, était l'invité de la rédaction de RTL.
Le Planning Familial demande que le délai pour un avortement soit augmenté, de 12 semaines actuellement à 14, comme en France par exemple. Nous sommes contre, a déclaré mercredi sur RTL le président de la SLGO. Le docteur Pit Duschinger explique qu'"une intervention après la 12e semaine serait avant tout plus dangereuse pour les patientes", ce qu'indiqueraient aussi les statistiques françaises. En effet, à ce moment-là, une méthode différente et plus invasive serait utilisée et l'acte ne pourrait être réalisé que par des personnes très expérimentées, ajoute l'invité de la rédaction.
Ne pas se comparer à la France
"Le Luxembourg ne serait pas facilement comparable à d'autres pays." "En France", par exemple, "l'accessibilité à la médecine serait beaucoup moins bonne" qu'au Grand-Duché. Il faudrait "souvent faire 150 à 200 kilomètres pour trouver le premier gynécologue." Et les gens seraient généralement moins bien informés par exemple en termes de contraception. "Au Luxembourg, en revanche, la prise en charge gynécologique serait facilement accessible" et les distances sont réduites. "Les patientes trouveraient toujours un gynécologue, si ce n'est dans un cabinet, alors aux urgences."
Le test NIPT pourrait entraîner des abus
Outre le risque accru pour les patientes, la principale crainte des gynécologues luxembourgeois est le risque d'abus. Le test prénatal non invasif dit NIPT (Non Invasive Prenatal Testing), qui est effectué à la 12e semaine via une analyse de sang, permet non seulement de dépister la trisomie 21, mais permet aussi aux parents de connaître le sexe de leur enfant. "Si le délai pour un avortement est repoussé à la 14e semaine, de nombreux personnes seront au courant du sexe de leur enfant avant de décider l'avortement", ce qui pose "définitivement un problème" à la SLGO, selon le docteur Pit Duschinger. "Cela mènerait avec certitude à une certaine quantité d'abus."
Ne pas supprimer le délai de réflexion
Le Planning Familial demande également que le "délai de réflexion", la période de réflexion de trois jours entre la première consultation et l'avortement, soit supprimé à l'avenir. Le gynécologue Pit Duschinger n'est pas d'accord avec cette revendication non plus. "La SLGO ne voudrait en aucune manière aller à l'encontre du droit de la femme à disposer d'elle-même, bien au contraire." Mais avec le maintien du délai, la SLGO voudrait protéger la femme d'éventuelles erreurs. Sur le terrain, on verrait souvent les patientes avoir une réaction de panique quand elles apprennent qu'elles sont enceintes, particulièrement les jeunes femmes. Cependant, "l'expérience des gynécologues indiquerait qu'après trois jours, les gens se reprennent généralement et demandent plus de temps pour réfléchir." Ensuite de nombreux couples décideraient d'avoir quand même leur enfant. C'est pourquoi la SLGO plaide clairement pour le maintien du délai de réflexion, selon le docteur Pit Duschinger.