Vice-président de la Chambre des Métiers, Paul Nathan, a fait état des difficultés persistantes du secteur de la construction au Luxembourg ce lundi au micro de RTL. Le secteur a perdu 9% de ses salariés en 2024.

"La situation reste extrêmement tendue. La stagnation de la croissance, se fait nettement sentir dans le secteur du bâtiment. Rien que l'année dernière, les entreprises de construction ont enregistré une baisse de 4% de leurs effectifs en raison de radiations et de faillites. De plus, le nombre d'employés a diminué de 9%, avec la disparition de près de 4.600 emplois dans le secteur", a déclaré lundi matin sur RTL Radio Paul Nathan, gérant d'une entreprise de construction et vice-président de la Chambre des Métiers. Il a ajouté que la responsabilité en incombait au "contexte international, marqué par des polycrises" de la pandémie de coronavirus à la guerre en Ukraine, et à la situation actuelle. Les coûts de construction ont augmenté en raison de la hausse des prix de l'énergie et des matériaux.

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© Annick Goerens

Mais les coûts de financement ont également augmenté en raison de la hausse des coûts de construction, de l'inflation et de la hausse des taux d'intérêt bancaires. "Cela a entraîné une crise du secteur immobilier". En conséquence, les entreprises de construction ont soudainement cherché du travail pour occuper leurs salariés. Pendant des années, le Luxembourg a eu une croissance de 3 à 4%, et n'avait dès lors aucun problème pour occuper les salariés.

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Le bâtiment est complètement dépendant de la main d'oeuvre étrangère. Et pour que les professionnels étrangers viennent au Luxembourg, il faut pouvoir leur proposer un logement. Le coût de la vie élevé actuel constitue un frein à l'installation au Luxembourg. "Le ministère du Logement a développé un modèle à cette fin: le 'logement dédié aux salariés'. Ce modèle permet à une entreprise de créer des logements abordables pour ses employés et de générer, grâce au capital investi, une aide à la pierre. Il s'agit d'une situation win-win pour toutes les parties", explique Paul Nathan.

Les temps sont durs pour le bâtiment: une opportunité pour investir

La situation actuelle est également une bonne opportunité pour les particuliers d'investir ou de rénover. Aucun projet ni aucune rénovation ne pourra être réalisé à un prix aussi bas qu'aujourd'hui. N'est-ce pas désormais aux promoteurs de baisser encore davantage les prix pour relancer le marché?  "Non, si nous réduisons encore maintenant, alors il ne sera plus rentable du tout de mettre en œuvre un projet" selon Paul Nathan.

La situation s'annonce un peu plus favorable concernant les appels d'offres publics. En 2024, cela a fonctionné au ralenti. Mais c'était tout à fait prévisible après une 'super' année électorale. "Mais en 2025, l'État, les communes et les organismes paraétatiques ont à nouveau lancé davantage de soumissions", et cela devrait rester ainsi. C'est du moins la revendication du secteur.

Les revendications du secteur

"Nous avons besoin de nouvelles infrastructures au Luxembourg pour attirer de nouvelles entreprises, générer de nouveaux emplois et relancer ainsi la croissance." En outre, "en matière de logements, il faudrait ne pas décourager les investisseurs à investir au Grand-Duché. Car tous les logements qui ne seront pas construits manqueront ensuite pour le développement économique". De manière générale, il faut encourager l'investissement dans la pierre, par exemple par une TVA réduite de 8% pour la construction de logements locatifs.

La simplification administrative promise par le gouvernement est également importante. Le secteur se réjouit que le gouvernement en ait fait une priorité. "C'est un grand pas. Au cours des dernières décennies, de plus en plus de procédures ont été mises en place, qui, tout en restant logiques prises isolément, ont conduit à une extrême complexité de la construction. Ce qui aurait parfois inutilement rendu la construction plus chère et l'aurait ralentie", critique Paul Nathan. Des groupes de travail, où le secteur de la construction est représenté, travaillent actuellement à l'élaboration d'une réglementation nationale de la construction pour les responsables politiques, qui devrait être présentée prochainement. Bien sûr, "cela n'ira jamais assez vite, mais c'est dû à la complexité du sujet et à la multiplicité des parties prenantes", selon Paul Nathan.