L'affaire concernant les accusations de harcèlement moral dans la commune de Contern prend désormais une dimension politique.

Lors d'une réunion du conseil communal mardi, Stéphanie Ansay, élue LSAP, a démissionné de son poste de première échevine. C'est une nouvelle escalade dans une affaire qui provoque des remous dans la commune de Contern depuis septembre 2024.

Il s'agit effectivement du troisième acte d'un drame politique communal qui a débuté en septembre de l'année dernière avec des accusations de harcèlement moral de la part de deux employés. L'échevine LSAP vient à présent de démissionner. Stéphanie Ansay ne pouvait plus assurer son service aux citoyens, car ses batteries étaient épuisées. Les échevins avaient été montés les uns contre les autres, et c'est pourquoi elle avait présenté sa démission au ministère des Affaires intérieures, selon le Tageblatt, qui cite l'ex-première échevine mercredi.
 
Dans une interview mercredi matin, RTL a demandé à la bourgmestre de Contern Marion Zovilé-Braquet (CSV), comment les choses avaient pu aller si loin.

"Pour nous, ou du moins pour moi, cela a été une véritable surprise. Nous travaillons ensemble depuis deux ans maintenant. Mme Ansay était toute nouvelle. Je dois dire que nous avons très bien travaillé ensemble. Nous avions une relation collégiale et il n'y a jamais eu de tensions. C'est pourquoi c'était vraiment surprenant hier. Pas plus tard qu'hier à 12h25, elle confirmait aussi au collège échevinal par message qu'elle voterait pour les deux "ester en justice" [procédures judiciaires, ndlr] et puis hier soir lors du conseil communal, ndlr] c'était soudain complètement différent."

Elle ne sait pas à quoi Madame Ansay fait allusion, mais en tout cas, ni la bourgmestre ni l'échevin CSV Yves Loose n'ont fait pression sur l'échevine LSAP.

"D'où vient la pression, je l'ignore. Elle a aussi une vie de famille et un travail. C'est beaucoup à gérer, et puis entrer directement au collège échevinal sans avoir siégé auparavant au conseil communal, ce n'est pas évident. Mais comme je l'ai dit, que cette pression soit venue de nous, c'est-à-dire ce qu'a lu à haute voix Madame Ansay hier, je ne peux pas le comprendre, car sinon, nous aurions déjà eu une discussion à ce sujet. Mais cela n'a jamais eu lieu."

Toute cette affaire remonte à des accusations de harcèlement moral et de climat de travail toxique au sein de la commune. La mairie avait alors licencié deux employés, qui avaient intenté une action en justice contre leur licenciement et obtenu gain de cause. Mardi soir, le conseil communal a décidé de ne pas saisir la justice. Le LSAP a voté contre le partenaire de coalition, le CSV.

Il n'est évidemment pas habituel de voter contre le partenaire de coalition au conseil communal, a déclaré le conseiller LSAP Pol Thomé à RTL, et la démission de l'échevine Stéphanie Ansay est un message fort. 
 
Le vote de mardi après-midi ne serait pas un "coup de griffe" contre le CSV, mais le LSAP souhaite ici qu'un jugement soit respecté. Tout comme le DP et les Verts, le parti socialiste s'oppose à un recours en cassation, car l'issue est incertaine et on ignore ce que cela coûtera à la commune. La situation du personnel a coûté jusqu'à présent 430.000 euros à la mairie de Contern, dont 130.000 euros en frais d'avocats.
 
"Une discussion de fond doit maintenant être menée avec le CSV pour voir si la coalition est sur la même ligne", selon Pol Thomé. Ce dernier refuse toutefois de spéculer sur l'évolution de la situation.

Pour la bourgmestre, il est évident que depuis le 29 août, c'est elle qui est visée.

"Je trouve catastrophique qu'une politique politicienne soit pratiquée ici au détriment de nos employés. Je ne crains absolument rien. Je n'ai rien à perdre."

Elle n'a actuellement aucune intention de démissionner. Sa priorité est désormais de ramener le calme dans la commune, selon Marion Zovilé-Braquet.

Et maintenant?

Dans la configuration actuelle, Pol Thomé deviendra probablement échevin et Stéphanie Ansay conseillère communale. Les deux élus LSAP échangeraient donc simplement leur mandat. Jusqu'à présent, l'équipe a bien fonctionné, mais rien n'est encore certain.
 
D'un point de vue strictement mathématique, le LSAP a la possibilité de renvoyer le CSV dans l'opposition et de former une coalition à trois avec le DP et les Verts. Une telle coalition a déjà existé à Contern entre 2011 et 2017. Cela avait bien marché, estime le conseiller communal vert Jean-Jacques Arrensdorff, qui n'a rien contre une coalition à trois, comme il l'a déclaré dans une interview à RTL. En tout cas, il a du mal à imaginer comment le CSV et le LSAP pourraient faire le ménage dans cette affaire.

Les origines de l'affaire

Pour résumer très brièvement toute cette affaire qui a commencé par des accusations de mobbing et d'ambiance de travail toxique, il faut rappeler que les autorités communales ont pris la décision de licencier deux collaborateurs. Tous deux ont fait appel de leur licenciement avec succès.

L'un des deux hommes concernés travaillait pour la commune de Contern depuis 1996. Il avait été licencié en décembre 2024. Selon le jugement, son salaire devait lui être versé rétroactivement et la mairie devait lui trouver un autre emploi. La commune a alors décidé de l'envoyer en "congé extraordinaire", pour protéger le reste du personnel. En février, alors que l'affaire faisait à nouveau la une des journaux, le personnel de l'atelier communal avait soutenu le collège des bourgmestre et échevins de Contern dans une lettre. Selon lui, le climat de travail s'était nettement amélioré depuis le départ de l'employé en question.

Une deuxième personne, membre de la délégation du personnel, avait également perdu son emploi et avait été suspendue. Comme elle était déléguée du personnel, la procédure est différente. Dans son cas, le tribunal avait déjà statué en mai que la personne devait continuer à percevoir son salaire.

A lire aussi: