© Domingos Oliveira / RTL
La situation est tendue à la mairie de Contern entre une partie du personnel, le collège échevinal et Marion Zovilé-Braquet, la bourgmestre.
Depuis 2019, plus de 20 employés communaux sont partis ou ont été licenciés. Il y a des accusations de harcèlement moral. Le syndicat OGBL a dénoncé publiquement le conflit. Peu avant Noël, une personne qui travaillait à la mairie depuis 28 ans a été licenciée sans préavis. Un autre collaborateur, membre de la délégation du personnel, a écopé d'une mise-à-pied, en d'autres mots, il a été suspendu.
Que se passe-t-il à la mairie de Contern? L'été dernier déjà, l'OGBL affirmait qu'il y avait une ambiance de travail toxique. Fin août, deux employés ont déposé une dénonciation pour mobbing. Maître Alex Penning est leur avocat: "Mes clients accusent principalement Madame la bourgmestre de mobbing, mais aussi des personnes de son service et d'autres services. Cela signifie que ce n'est pas seulement, comme on le prétend parfois, la bourgmestre ou le collège échevinal qui sont visés, mais aussi des collaborateurs."
L'été dernier, la bourgmestre CSV de Contern, Marion Zovilé-Braquet, s'était déjà montrée étonnée. L'opposition s'est inquiétée de la situation et a interrogé la majorité. Une enquête externe a été réalisée pour déterminer s'il y avait harcèlement ou pas. Elle a conclu à l'absence de mobbing.
Le résultat de cette enquête laisse l'opposition sceptique. Les personnes concernées ont introduit un recours devant l'Inspection du Travail et des Mines. Peu après l'une a été licenciée et l'autre suspendue. Le tribunal du travail est saisi du licenciement. RTL a demandé à la bourgmestre sa réaction. Marion Zovilé-Braquet a accordé une longue interview et déclaré d'emblée:
"Je peux vous dire que je n'ai jamais encore harcelé quelqu'un et que je ne harcèlerai personne de toute ma vie. Je trouve cela terrible. J'aurais harcelé des personnes? Entretemps, je me demande qui est harcelé?"
Marion Zovilé est bourgmestre de Contern depuis 2017. La commune s'est beaucoup développée, de nombreux nouveaux résidents l'ont rejointe et elle a dû revoir son organisation.
"Il me semble que ce qui s'est passé ici, c'est que deux personnes n'étaient pas d'accord avec les décisions du collège des bourgmestre et échevins de réorganiser certains services de la manière dont cela devait vraiment l'être, selon nous, pour le futur. Car sinon, nous ne nous en sortirons pas. Nous sommes comme une entreprise, peut-être une petite entreprise. Et pourtant... nous nous développons et nous allons encore nous développer, et nous devons avoir les bonnes personnes aux bons endroits. Et avec cela, il n'a été dit à personne que c'était une personne moins bonne, ou qu'elle va perdre son emploi ou son salaire. Ces personnes pourront continuer à travailler comme jusqu'à présent, c'est seulement que le service sera plus étoffé et que d'autres compétences vont le rejoindre. Rien de plus."
Plus d'une vingtaine d'employés ont quitté la mairie ces dernières années, sans compter les départs en retraite. Selon la bourgmestre, c'est "dans Ia moyenne", d'après ce qu'a établi l'enquête. Ari Arrensdorff, membre de l'opposition verte n'est pas du même avis et doute un peu du résultat de cette enquête:
"Pour moi, le résultat est biaisé en ce sens que ce n'est pas une instance indépendante qui a décidé cela. Dans ce cas, il en faudrait impérativement une, comme par exemple, cette commission, dont le ministre Serge Wilmes ne veut pas dans la Fonction publique, qui est indépendante pour pouvoir décider de telles choses et les traiter. Cela manque dans ce cas. Ici, il a été décidé unilatéralement qu'il n'y avait rien."
S'il y avait quelque-chose, pourquoi personne ne m'en a parlé, s'interroge la bourgmestre.
"Personne ne m'a parlé. Personne n'est venu vers moi pour me dire: 'je ne suis pas d'accord'. Harceler, qu'est-ce que harceler? Il faut regarder la définition de harceler. C'est comme si je faisais chaque jour à quelqu'un une insulte ou une remarque stupide. Il faut que ce soit répétitif. Je pense que tout est dans la définition, tout le monde peut la chercher. Donc pour harceler quelqu'un, il faut le voir tous les jours ou toutes les semaines. Et cela n'est jamais arrivé."
Qu'en est-il de la suite? Même si la coalition soutient la bourgmestre, le travail doit se poursuivre pour la commune et ses administrés, selon Marion Zovilé-Braquet.
"L'ambiance a souffert. Que vous me croyez ou pas, il y a des gens qui viennent pleurer chez moi. Et ils disent: 'je n'y arrive plus'. Je pense que je suis encore ici avec tout cela, à cause de mon personnel. Nous venons d'avoir notre fête du personnel, notre fête de Noël, comme on l'appelle, 90% des employés y étaient. Et je leur ai promis de rester jusqu'à ce que toute cette affaire soit balayée, qu'ils puissent à nouveau venir travailler paisiblement. Pour tous ceux qui espéraient que je jette l'éponge. Je ne le ferai pas, mais je ne le ferai pas à cause de mes employés."
Lundi, le licenciement sans préavis passera au tribunal du travail, mais ce sera une simple formalité. Il s'agira seulement de fixer une date pour plaider l'affaire, peut-être ce mois-ci encore. L'avocat demande la nullité du licenciement. Selon la législation, un employé qui dénonce un harcèlement, est théoriquement protégé et il ne peut être licencié.
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