
Tels ont été les premiers mots du Premier ministre Luc Frieden mardi après-midi à la Chambre, où il était attendu pour une déclaration gouvernementale sur l’Ukraine et la sécurité européenne.
Le coup d’éclat exceptionnel à la Maison Blanche vendredi dernier a constitué une rupture nette dans la manière dont les États-Unis agissaient avec l’Ukraine jusqu’à présent. Conjuguée au discours du vice-président américain JD Vance à la Conférence de Munich sur la sécurité et à l’annonce d’un éventuel arrêt des livraisons d’armes à l’Ukraine, cette rupture constitue un changement fondamental dans la politique américaine et dans ses relations avec l’Europe.
Le Premier ministre a une nouvelle fois répété que c’est l’Ukraine qui a été attaquée et que cette guerre est une violation évidente du droit international. C’est pourquoi le Luxembourg continuera de soutenir l’Ukraine, tant financièrement que militairement. L’Ukraine devra donc également s’asseoir à la table de négociations lorsque son avenir sera décidé. De la même manière qu’il ne peut être décidé de la sécurité de l’Europe sans l’Europe, selon Luc Frieden.
Un cessez-le-feu ne pourra réussir que s’il repose sur un concept de paix durable, c’est-à-dire sur des garanties de sécurité crédibles. Le Premier ministre a également annoncé que, si nécessaire, le Luxembourg s’associera à de telles garanties de sécurité. Il a en même temps affirmé que des soldats luxembourgeois ne seront envoyés dans cette région que dans le cadre d’un mandat européen ou international de mission de maintien de la paix.
À propos des relations avec les Etats-Unis, Luc Frieden a expliqué que les Américains restent nos amis même dans les moments difficiles. Le Luxembourg doit sa liberté aux États-Unis et le gouvernement luxembourgeois souhaite continuer à coopérer avec les États-Unis et l’OTAN, dans l’espoir que les États-Unis n’oublient pas leur responsabilité dans la paix en Europe.
La réaction rapide et claire du Premier ministre Luc Frieden après les discussions catastrophiques à la Maison Blanche a été un signe fort, a indiqué ledéputé CSV Laurent Zeimet. Il est évident que le président russe a attaqué l’Ukraine et violé le droit international. On ne peut plus faire comme si tout était pareil, le monde a radicalement changé et il faut réagir avec courage à cette nouvelle situation, selon Laurent Zeimet.
Le député DP Gusty Graas a évoqué une rupture entre les Etats-Unis et l’Europe. L’humiliation qu’a fait subir le président américain à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky est une attaque contre une coexistence civilisée. A la question de savoir comment y faire face, le député libéral n’a qu’une seule réponse: l’UE doit devenir plus forte à l’intérieur et aussi à l’extérieur. Il faut mettre en oeuvre concrètement une politique de défense commune et il faut être conscient que la paix coûtera beaucoup d’argent dans les années qui viennent.
Les États-Unis ne sont pas actuellement un partenaire fiable, nous vivons un moment historique et l’ordre mondial tel que nous l’avons connu depuis la Seconde Guerre mondiale n’existe plus, a réagi le député LSAP Yves Cruchten. Pour l’avenir, nous avons besoin d’une Union politique plus forte, selon lui, il faut parler d’une seule voix. En outre, Yves Cruchten plaide pour la fin du principe d’unanimité. L’Europe a besoin d’une meilleure défense et d’investissements plus élevés et conséquents.
“Nous voulons la paix et préférons une paix injuste à une guerre juste”, a dit le député ADR Fred Keup. La guerre n’est plus gagnable pour l’Ukraine, nous avons besoin d’une paix concrète et cela sera possible en discutant avec la Russie, a estimé Fred Keup. L’ADR doute que les populations européennes acceptent que l’UE investisse à nouveau dans l’armement. Des déclarations qui ont suscité de nombreuses critiques et réactions en séance plénière.
“America first“ signifie aussi “Europe alone“, a déclaré Sam Tanson, élue des Gréng. Il est extrêmement important que l’Europe parle d’une voix mais l’unanimité fait clairement obstacle. Il n’y a aucune garantie que le président russe s’arrête à la frontière ukrainienne et c’est pourquoi nous devons nous réarmer au niveau européen pour garantir la paix. En tant qu’Europe, nous devons pouvoir nous défendre, car personne ne le fera pour nous, a ajouté la députée.
“Nous avons trop longtemps compté sur les Etats-Unis! Et nous ne pouvons pas compter sur le fait que tout sera différent après Donald Trump”, a souligné le député pirate Sven Clement. Selon lui, il faut devenir économiquement indépendant autant que faire se peut des États-Unis, de la Russie et aussi de la Chine. Comme Yves Cruchten et Sam Tanson, l’élu des Piraten a plaidé pour la fin de l’unanimité. Sven Clément estime en outre qu’il faut investir davantage dans l’armée luxembourgeoise.
“Il faut tout faire pour renforcer économiquement l’État et le peuple ukrainiens!”, a indiqué David Wagner, élu de déi Lénk. Si l’Ukraine a besoin d’un soutien militaire, elle doit l’obtenir, mais il est illusoire de penser que des aides strictement militaires seront son salut. Pour déi Lénk, il faut s’engager à ce que la dette de l’Ukraine soit entièrement effacée et que l’argent des oligarques russes soit saisi au bénéfice de la population ukrainienne.