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Sous pression depuis plus d'un an, le secteur luxembourgeois de la construction devrait bientôt repartir de l'avant. Avec un défi de taille à surmonter.
La crise de la construction dure toujours, mais le pire est-il derrière nous ? Au Luxembourg, le Statec se veut optimiste : il constatait cette semaine que le recul de l'emploi dans le secteur n'était plus aussi marqué. Signe d'une possible reprise de l'activité et des embauches.
Ce jeudi, la Chambre des Métiers se montrait beaucoup plus prudente. Et c'est également le cas des syndicats. "C'est vrai que les chiffres donnent de signaux positifs, mais la réalité du terrain est moins nette" estime Robert Fornieri, secrétaire général adjoint du LCGB. "Je reste d'avis que 2025 est une année de transition. Il n'y a pas de quoi se réjouir."
Le syndicaliste du LCGB pointe notamment du doigt plusieurs freins à une bonne reprise. À commencer par les nouveaux chantiers et les nouveaux projets, trop peu nombreux. Des carnets de commandes peu remplis qui obligent les entreprises à réduire la voilure : "Les départs à la retraite ne sont pas remplacés, la main d'œuvre temporaire n'est pas renouvelée. Il y a une insatisfaction générale mais on reste optimiste."
Comme la Chambre des Métiers, le LCGB estime que l'État doit poursuivre son soutien à la construction. Les aides censées prendre fin cet été mériteraient d'être prolongés, selon lui.
Et comme la Chambre des Métiers, le syndicat appelle à la bonne volonté des banques. "Il y a encore une rigidité sur l'octroi des prêts, et les baisses de taux ne sont pas significatives. On se retrouve parfois avec des habitants qui doivent assumer des loyers plus onéreux que la mensualité de crédit qu'ils n'ont pas obtenu."
"Le problème, ce sont les prix exorbitants" martèle Jean Luc De Matteis, secrétaire central de l'OGBL pour le secteur. Avec une solution "magique" selon lui : les logements sociaux. "On atténuerait les prix et ça amènerait de l'activité et des constructions pour les habitants."
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"Le secteur va repartir mais on n'arrivera pas à répondre à la demande"
À l'OGBL, on constate bien que les chiffres du Statec indiquent une reprise de l'emploi. Avec quelques limites : "La pyramide des âges est inversée dans le secteur de la construction" estime Jean Luc De Matteis. "Il y a des départs à la retraite qui ne sont pas compensés, et dans quelques années, une grande part de la main d'œuvre va partir."
Le problème pourrait même se trouver devant nous : même s'il a dû réduire la voilure pour passer cette période compliquée, le secteur est encore en pénurie de main d'œuvre. "C'est un vrai paradoxe" reconnaissent les deux syndicats. Le secteur est en crise, mais il a besoin de travailleurs.
"Même lors des grandes faillites de 2024, il y avait de la demande pour embaucher ceux qui perdaient leur emploi" se souvient Jean Luc De Matteis. "Une grande majorité des employés ont pu rebondir" ajoute Robert Fornieri. Signe que le secteur, prudent aujourd'hui, n'est pas à l'arrêt total. Et pourrait connaître un rebond : "À un moment, le secteur va repartir mais on n'arrivera pas à répondre à la demande" prévient le LCGB. Et la main d'œuvre frontalière, déjà très présente dans la construction, ne suffira peut-être plus. Laissant le Luxembourg face au défi qu'il tente encore de résoudre : construire plus.
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