Les représentants de l'Union des entreprises luxembourgeoises ont dressé jeudi un portrait particulièrement pessimiste de l'avenir du système des retraites luxembourgeois. "Il faut agir maintenant", a martelé son directeur, Marc Wagener.

Le nouveau gouvernement va se pencher, dans les prochains mois, sur la question des retraites. Assurément un des dossiers les plus épineux de ce mandat et le Premier ministre, Luc Frieden, le sait. Il a d'ailleurs récemment évoqué le sujet, à la sortie d'un conseil de gouvernement où l'affaire Caritas a encore accaparé les discussions. Le politicien a assuré que la question des retraites serait traitée dans le cadre d'un "débat ouvert" et qu'une consultation publique aurait lieu dans les mois à venir.

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Il n'en fallait pas plus pour que l'Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) organise une table ronde ce jeudi. Le but étant de "contextualiser le débat" en évoquant notamment le fameux rapport de l'IGSS qui prédit un déséquilibre du système des pensions dès 2027. Un rapport qui a déjà beaucoup fait parler de lui dans la presse luxembourgeoise et qui risque de précipiter les discussions alors que le point de bascule approche.

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Alors quelles sont les solutions imaginées jusqu'ici pour rééquilibrer le système des pensions? Travailler plus longtemps? C'est l'option plébiscitée par un panel d'experts consulté au début de l'année par la fondation Idea. Réformer le Fonds de pension de la fonction publique? C'est une autre piste qui pourrait alléger significativement les dépenses publiques. En effet, cela fait des années que l'Etat luxembourgeois met la main à la poche pour combler le manque de recettes dans la fonction publique.

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"Le système actuel n'est pas soutenable"

Avant de parler de solutions, les représentants de l'Union des entreprises luxembourgeoises ont d'abord insisté sur le fait qu'ils n'avaient "rien à gagner ou à perdre" dans ce dossier. Pour son président, Michel Reckinger, la priorité doit être de "garantir la pérennité du système des pensions" au Grand-Duché. Un système qui se dirige droit dans le mur, d'après les experts de l'UEL.

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De gauche à droite: Marc Wagener, directeur de l'UEL, Michel Reckinger, président de l'UEL et Nicolas Simons, chef économiste auprès de l'UEL. / © Gaël Arellano/ RTL Luxembourg

"Le système actuel n'est pas soutenable", a lâché son directeur, Marc Wagener. Il rappelle, en se basant sur le rapport de l'IGSS, que les importantes réserves constituées lors des dernières décennies seront épuisées dans 10 à 15 ans. Le système, lui, commencera à être déficitaire dès 2027. Concrètement, cela signifie que les recettes ne suffiront plus à couvrir les dépenses liées aux pensions. Cela à cause d'une progression trop importante du nombre de personnes qui partiront à la retraite dans les années à venir.

Pour maintenir un équilibre entre recettes et dépenses lors des prochaines années, il faudrait que l'emploi progresse à un rythme endiablé. Une prévision irréaliste si l'on en croit les experts de l'UEL. "L'emploi ne continuera pas à progresser de la même manière que ces 20 dernières années", a prédit M. Wagener. Il soutient qu'augmenter les cotisations "tous les cinq ans" n'est pas une piste crédible non plus. "Il faut que le Luxembourg reste attractif", a-t-il rappelé. Que faire alors que d'après l'IGSS, le Luxembourg comptera approximativement 385.000 pensionnés à l'horizon 2030?

S'attaquer aux pensions les plus élevées

L'Union des entreprises luxembourgeoises a présenté un plan en sept points à la presse ce jeudi. Un des points importants étant le maintien du taux de cotisation actuel. Mais cela ne changera en rien le niveau des recettes. C'est pourquoi l'UEL propose une intervention sur le volet des dépenses notamment en s'attaquant aux pensions les plus élevées. Dans ce contexte, Marc Wagener a tenu a rappeler que le Luxembourg propose des niveaux de pension "qui défient toute concurrence". Pour lui, s'attaquer aux grosses retraites est un premier pas logique. "C'est un coût extrêmement important pour la communauté publique" a-t-il noté.

Nicolas Simons, chef économiste auprès de l'UEL, a abondé dans son sens en affirmant que "certains niveaux de pensions sont trop élevés". Il a d'ailleurs mis en garde tous ceux qui s'attendent à ce que la progression de l'emploi vienne compenser le poids des retraites. "La passé nous joue des tours", a-t-il ajouté en se référant à la "success story" du marché du travail luxembourgeois. Les trois représentants de l'UEL ont rappelé que l'IGSS s'attendait plutôt à une stabilisation des recettes qu'à une progression de celles-ci dans les années à venir. Plus important encore, les dépenses devraient "exploser".

Michel Reckinger a encore insisté sur le fait que les prévisions de l'IGSS restent "une base très optimiste". Quand on sait que son rapport prédit un déséquilibre dès 2027 et l'épuisement des réserves dans les 15 prochaines années, cette déclaration prend tout son sens. C'est dans ce contexte que l'UEL a lancé un appel à "agir maintenant" sur le dossier des retraites. Une première entrevue entre le patronat et le gouvernement est prévue dès le mois d'octobre. Affaire à suivre.