
L’interdiction des certificats de virginité est prévue pour cette législature, a une nouvelle fois répété la ministre de la Santé Martine Deprez mercredi à la Chambre. Mais si cette problématique a trouvé un écho dans le monde politique, c’est grâce à une pétition lancée l’an dernier.
Les pétitionnaires se réjouissent du fait que leur revendication ait été intégrée dans l’accord de coalition et que la volonté d’élaborer une loi interdisant clairement aux médecins de délivrer un certificat de virginité, soit bien présente. Non seulement ces certificats ne reposent sur aucune base scientifique, mais ils humilient également les adolescentes et les femmes qui sont contraintes par leurs familles de fournir de telles “preuves”, a affirmé Gilbert Pregno, l’ex-président de la Commission consultative des droits de l’homme (CCDH). Martine Deprez s’est dite choquée par le fait qu’alors qu’il n’est absolument pas possible de dire si une adolescente ou une femme a déjà eu des relations sexuelles, de tels documents soient encore délivrés. La ministre de la Santé a souligné que l’interdiction ne doit pas être “juste une phrase quelque part dans un texte”, mais qu’elle doit contribuer à ce que le droit des femmes à décider elles-mêmes soit considérablement renforcé. La nouvelle loi devra en outre lutter contre toute discrimination sexuelle et protéger la dignité de la femme.
Les pétitionnaires, Sandra Dessi et Enji Ismaili, travaillent dans un lycée et leur aide a été sollicitée presque au même moment par des élèves. Mais elles étaient dans l’incapacité d’agir parce qu’il n’est pas explicitement interdit de délivrer un certificat de virginité au Luxembourg. C’est pour cette raison qu’Isabelle Schmoetten, directrice de la plateforme “CID Fraen an Gender”, présente au côté des pétitionnaires à la Chambre, a salué le fait qu’un changement survienne. Outre une interdiction des certificats de virginité, une meilleure information est également indispensable. La sexualité des adolescentes et des femmes est bien trop souvent perçue et jugée différemment de celle des adolescents et des hommes. Ce sont précisément de tels stéréotypes et de telles discriminations qui sont la cause de pratiques patriarcales telles que les certificats de virginité. Il ne s’agit pas là d’une problématique qui concerne d’autres cultures ou religions, ont insisté les pétitionnaires. Car même si un Luxembourgeois n’exige pas un tel certificat de sa fille, les blagues suggérant que le sexe est quelque chose de mauvais pour les filles, mais d’attrayant pour les garçons, sont encore suffisamment nombreuses et fréquentes. Une telle mentalité est répandue dans l’ensemble de la société, indépendamment de la culture.
Afin de pouvoir mettre en œuvre une sensibilisation efficace, la pétitionnaire Sandra Dessi a proposé de s’orienter vers le modèle français de l’interdiction. Chez nos voisins, la loi prévoit en effet que tout médecin confronté à une demande de certificat de virginité, doit faire un signalement, pas nécessairement pour entraîner une sanction, mais bien plus pour pouvoir atteindre ces personnes et fournir des informations aux parents et à la famille, selon Sandra Dessi.
La Chambre suivra avec attention l’élaboration de cette loi, mais il ne faut pas en rester uniquement à l’interdiction, a déclaré la présidente de la commission des Pétitions, Francine Closener, après la séance. Les députés s’attacheront également au volet sensibilisation et s’intéresseront à la manière dont ce point important sera mis en oeuvre par le gouvernement.