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Dans une interview au "Quotidien", le Premier ministre réagit à la controverse sur l'interdiction de la mendicité dans la capitale et précise avoir demandé aux ministres concernés de vérifier la situation législative et au besoin de la clarifier.
L'interdiction de la mendicité à Luxembourg-Ville, décrétée sur base d'un règlement de police, est entrée en vigueur le 15 janvier. Les polémiques n'ont cessé depuis que le nouveau ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, est revenu sur la décision de sa prédécesseure Taina Bofferding, qui avait mis son veto à ce règlement de police, autorisant ainsi les policiers à intervenir pour faire respecter l'interdiction de la mendicité à certaines heures et en certains lieux.
La base légale du règlement de police interdisant la mendicité est au centre de la controverse. La mendicité simple est-elle oui ou non interdite dans le Code pénal? "Il n'est pas possible de répondre à cette question en une phrase", mais le parquet considère que la mendicité simple ne figure plus dans le Code pénal, avait notamment déclaré le 17 janvier sur RTLGeorges Oswald, le procureur du parquet de l'arrondissement de Luxembourg.
Dans une interview parue vendredi dans le Quotidien, le Premier ministre, Luc Frieden, réagit et estime que le débat sur la mendicité est "largement exagéré". Il a toutefois demandé "aux ministres compétents de clarifier les choses, de vérifier la situation législative et d’y apporter les clarifications qui s’imposent après analyse dans le cadre d’une réforme du code pénal", explique-t-il dans le journal francophone.
Le sujet n'est toutefois pas "essentiel" pour le gouvernement, dont les deux priorités sont "la lutte pour une vie digne et le respect de l’État de droit". "Je voudrais que chacun puisse avoir un lit chaud, être nourri, avoir des services sociaux et de santé à sa disposition", précise le Premier ministre.
Luc Frieden précise encore que "l’État de droit doit fonctionner". Le règlement de police de la Ville de Luxembourg, qui interdit la mendicité, doit être conforme à la législation. "Il appartient aux tribunaux de décider si tel est le cas, sinon il appartient au Parlement, dans une démocratie, de clarifier les textes", souligne-t-il.
Pour une grande partie de l'opposition, notamment pour l'ex-ministre et actuelle députée socialiste, Paulette Lenert, qui a une formation de juriste, il est clair qu'il n'y a aucune base légale à cette interdiction. "L'incertitude qui existe ou qui a existé, a été évacuée par la jurisprudence. Les tribunaux se sont déjà prononcés à plusieurs reprises" sur ce dossier et "il faut respecter cette jurisprudence, " disait-elle mardi au micro de RTL.
Mercredi, quatre des partis de l'opposition (LSAP, déi Gréng, les Piraten et déi Lénk) avaient exigé une réaction du Premier ministre, appelant le gouvernement à respecter la séparation des pouvoirs et la hiérarchie des normes. Taina Bofferding, tête de file du LSAP à la Chambre, reprochant notamment à Luc Frieden sa "tactique de l'autruche".