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La Chambre des salariés présentait son rapport "Panorama social" ce jeudi 9 octobre 2025. Elle constate une hausse de la pauvreté et des inégalités sociales. Au point que de nombreux habitants seraient vite en difficulté face à une dépense imprévue.
C'est un phénomène qui "interpelle" et qui "inquiète". Ce jeudi, la Chambre des salariés a présenté dans son enquête "Panorama Social" des données claires montrant qu'il y a "toujours beaucoup d’inégalités au Luxembourg".
"Depuis 2005, le risque de pauvreté a constamment augmenté au Luxembourg et ce n’est pas normal. On ne fait rien pour y remédier" regrette Nora Back, présidente de la CSL. "Nous sommes plus mauvais que nos voisins."
Parmi les nombreux indicateurs de ce phénomène de pauvreté, un chiffre retient notre attention : 2 278€. Soit le montant d'une dépense imprévue et qui mettrait en difficulté plus d'un ménage sur cinq (22,5% précisément). Une somme qu'il ne leur serait pas possible d'assumer sur leurs propres deniers.
"Cela peut arriver à tout le monde d'avoir un problème de voiture ou des travaux chez soi" avance-t-on à la CSL.
Pire, cette dépense est jugée comme difficile à assumer pour plus de 40% des parents célibataires. Et pour près de 29% des familles nombreuses (un couple et trois enfants).
Le travail ne protège pas de la pauvreté
Chiffres à l'appui, la Chambre des salariés constate surtout qu'une classe de travailleurs pauvres se développe : les "working poor". Alors même que le pays garantit le salaire minimum le plus élevé d’Europe, le travail "ne protège pas de la pauvreté".
Selon les calculs de la CSL, environ un travailleur sur sept est sous le seuil de risque de pauvreté (13,4%). Pour un total de 18,1% de la population du pays. Plus que la Belgique (11,5%), que l’Allemagne (15,5%) ou que la France (15,9%). "Nous sommes, au plus, dans la moyenne de la zone euro et plus mauvais que nos voisins" explique Félix Martins de Brito, économiste et conseiller de direction à la CSL.
La CSL a notamment estimé que ce taux de pauvreté augmentait, malgré les transferts sociaux créés pour lutter contre. "Leur efficacité diminue" précise Patrick Dury, vice-président de la CSL. "Ce gouvernement voulait "relancer l’économie, créer des emplois", et ce n’est pas mauvais si on peut intégrer des gens dans le marché du travail avec les bonnes mesures, y compris une formation adaptée. Mais ce que nous constatons, c’est qu’il y a très peu d’impulsions."

En bleu foncé, au milieu de chaque trio, le seuil de risque de pauvreté. Et en rouge, le salaire net, allocations familiales incluses. / © Chambre des salariés / Panorama social 2025
Les indicateurs de la CSL indiquent qu’en 2023, le seuil de risque de pauvreté était de 2 540€ pour un adulte seul. Alors même que le salaire minimum net atteignait péniblement les 2255€.
Même constat pour un parent célibataire avec un enfant en bas âge (2 880€ de salaire minimum net par mois, allocations familiales incluses, pour un risque de pauvreté fixé à 3 302€) ou avec deux enfants adolescents (3 405€ de salaire minimum net pour un seuil de risque de pauvreté fixé à 4 572€ ).
Idem pour un couple avec deux enfants adolescents : 5 282€ de salaire minimum net (allocations familiales incluses) pour un seuil à 5 842€.
Seuls les couples, avec un enfant jeune ou sans enfant, ont un revenu net supérieur au seuil de risque de pauvreté :
- Couple sans enfant : 4 457€ de salaire net pour un seuil de pauvreté à 3 810€,
- Couple avec un enfant en bas âge : 4 756€ de salaire net (allocations familiales incluses) pour un seuil à 4 572€.
Pour ne pas laisser le phénomène s'amplifier, la mesure la plus urgente serait "d'augmenter les salaires" rappelle Nora Back. "Ce que nous demandons depuis longtemps. Et même si nous sommes contents de la réindexation des allocations familiales, elles aussi devraient augmenter."