
Le ministre de l’Immigration a fait passer un message plutôt alarmant vendredi en annonçant que seulement 70 lits étaient encore disponibles à l'Office national de l'accueil (ONA).
"Ce lundi, lorsque les bureaux du service des réfugiés ouvriront leurs portes, ce nombre sera encore plus réduit. Des migrants attendaient déjà devant la porte dimanche", a ainsi déclaré Jean Asselborn à la presse.
Pour Nadine Conrardy de la Croix-Rouge, l'afflux plus important de personnes en cette saison n'a rien d'exceptionnel. Elle s'occupe depuis 20 ans des réfugiés: "ce n'est peut-être pas un pic, mais en prenant en compte tout ce qui se passe dans le monde, on voit que les arrivées augmentent. On peut donc partir du principe que cela va continuer ces prochains mois".
Elle explique également que personne n'est surpris que les 600 lits du centre de primo-accueil TonyRollman au Kirchberg, la structure d'accueil initiale pour demandeurs de protection internationale, sont tous pratiquement occupés. Nadine Conrardy précise que "l'année passée à la même période, le nombre de personnes arrivant au Luxembourg était plus élevé. Les 68 structures avec leurs 7.700 lits sont généralement débordées, et le problème ne date pas d'hier".
Problème de logement
Selon la Croix-Rouge, "le problème principal des structures d'accueil est que beaucoup de personnes qui bénéficient d'une protection du Luxembourg ne trouvent pas de logement. C'est un problème plus vaste bien connu au Luxembourg, et cela impacte également ces personnes. Les structures hébergent 2.100 personnes, nous en avons également 900 qui ont le statut de réfugié mais qui n'arrivent pas à se loger et qui restent donc coincés dans les différents centres d'accueil".
Cette situation a donc des conséquences sur l'accueil des nouveaux réfugiés. Le Foyer Don Bosco au Limpertsberg, qui ne dispose même plus de sanitaires, ne fermera finalement pas ses portes comme prévu fin novembre alors qu'il aurait dû être détruit il y a six ans. Des halles provisoires à Mersch seront également conservées plus longtemps.
Les ONG comme Caritas et la Croix-Rouge redoutent l'apparition de camps de migrants sauvages au Luxembourg, comme on les connaît dans d'autres pays car à court terme, les autorités souhaitent accueillir prioritairement les personnes vulnérables et les familles avec enfants. Les hommes qui voyagent seuls et qui ont déjà fait une demande d'asile dans un autre pays sont placés sur une liste d'attente.
"Il s'agit d'une décision de taille, en 20 ans de carrière, je n'ai jamais vécu une telle situation, qui ne permet pas à certaines personnes de bénéficier de l'accueil. On voit bien que l'ONA est en train de serrer les vis ces derniers mois, en demandant plus tôt aux bénéficiaires de quitter les foyers. Tous les acteurs sur le terrain sont du même avis, il y a de plus en plus de personnes à la rue. Cette décision ne fera qu'empirer les choses", déplore Nadine Conrardy.
Ces organisations doivent désormais également faire des choix afin d'aider au mieux: comment intervenir ? Distribuer de la soupe, des sacs de couchage ? Sans oublier que toutes les personnes impactées ne sont pas suivies par un encadrement psychosocial nécessaire.
La question est de savoir si cette décision de placer les hommes seuls sur des listes d'attente parviendra effectivement à réduire le nombre de réfugiés masculins solitaires arrivant au Luxembourg.