Le Luxembourg est victime de son succès économique, et les bouchons sont quotidiens dans le pays. Nous avons passé à la loupe les solutions proposées par les différents partis pour parvenir à une meilleure mobilité.

La mobilité est une préoccupation pour plus de six électeurs sur 10 au Luxembourg d'après le dernier sondage Politmonitor. En 2022 dans la capitale, les automobilistes ont passé en moyenne 46 heures dans les bouchons d'après le dernier traffic-index de TomTom.

Luxembourg-ville arrive (seulement) à la 253ème place des villes les plus congestionnées. Mais avec les grands chantiers en cours comme celui de l'A3 et ceux à venir (A4 et A6), le pays pourrait connaître des heures sombres en ce qui concerne la mobilité.

Nous avons étudié les programmes des différents partis sur la place de l'automobile, les transports en commun et les solutions alternatives.

Très chère voiture

C'est bien connu, pour les Luxembourgeois, la voiture est reine. Malgré de réels efforts d'investissement et la gratuité instaurée il y a trois ans, les transports publics peinent à concurrencer la voiture individuelle au Luxembourg.

Fin 2021, le Grand-Duché affichait le deuxième taux de motorisation dans l'UE, avec 681 voitures particulières pour 1.000 habitants, d'après l'institut Eurostat. 
Et le pays est aussi le champion du monde des voitures de luxe.

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Aucun parti - ou presque - n'ose s'attaquer frontalement à la sacro-sainte automobile. À part peut-être Déi Lénk qui propose de "réduire le trafic automobile en incitant les communes à diminuer le nombre de places de stationnement dans les centres-villes et en réduisant le nombre de voies consacrées au trafic automobile au profit des bus, des piétons et des cyclistes."

Le parti de gauche veut aussi réduire la vitesse maximale en agglomération à 30km/h, à 80km/h en-dehors des agglomérations et à 110km/h sur autoroute.

Tous les autres partis se gardent bien d'aller trop loin contre les voitures et donc contre les automobilistes qui sont aussi des électeurs.

Dans son programme, le DP s'engage pour une "limitation du trafic dans les villages et les quartiers" pour "laisser plus de place aux piétons et aux cyclistes par un partage intelligent de l’espace public", mais reste relativement vague sur l'application concrète de cette mesure.

Leur programme précise toutefois que "le DP veillera à ce que les citoyens puissent décider librement du moyen de locomotion qui répond le mieux à leurs besoins".

Même approche prudente au CSV qui affirme dans son programme qu'il n'y a "pas de mobilité efficace sans voiture". Les chrétiens sociaux souhaitent "décharger les localités fortement touchées par le trafic routier en construisant des contournements."

Le LSAP reconnait que "le trafic individuel motorisé reste pour le moment indispensable", mais précise que "l’objectif est de briser cette dépendance à la voiture en même temps que d’entamer une transition vers une mobilité durable".

Pour s'attaquer aux bouchons, les socialistes proposent une approche scientifique et veulent "évaluer l’apport du numérique et plus spécifiquement de l’IA dans la gestion des flux de trafic".

Ils envisagent également "un concept de voies changeantes pour les axes routiers principaux en fonction du trafic : pour une route à trois voies, deux sont dédiées au trafic rentrant le matin, et deux autres au trafic sortant le soir."

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Pour l'ADR, pas touche à la bagnole! Leur programme affirme que "ce n'est pas au gouvernement de décider comment et quand les gens se déplacent".

Le Parti Pirate propose lui de "changer la taxe automobile actuelle contre un système de vignette" afin que tous ceux qui utilisent le réseau routier apportent leur part financière à l'entretien des routes.

Transports gratuits: un modèle efficace?

Tramways, trains, bus et même funiculaires gratuits sur l'ensemble de son territoire: le Luxembourg est le premier pays au monde à avoir rendu les transports en commun libre d'accès.

La mesure, mise en place en 2020, rencontre un franc succès auprès des habitants du pays, et conforte son attractivité envers les travailleurs frontaliers.

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Aucun parti ne veut prendre le risque de remettre en cause cette mesure populaire. Et tous sont d'accord pour développer encore les transports en commun et en particulier le réseau ferroviaire.

Déi Gréng a le programme le plus détaillé sur la question et veut "achever le projet du siècle de modernisation du réseau ferroviaire".

À savoir construire de nouvelles gares, "s’engager à créer des liaisons longue distance supplémentaires et des trains de nuit au départ de Luxembourg."

Pour le LSAP, "le réseau ferroviaire doit faire l’objet d’une modernisation et d’un développement accrus". Le DP prévoit "l'extension du réseau ferroviaire".

Le CSV veut une "mise en place de trains avec une plus grande capacité de passagers" et "une meilleure connexion au réseau ferroviaire international."

Même chose pour le Parti Pirate qui réclame en outre plus de trains de nuit pour concurrencer les lignes aériennes low-cost.

Déi Lénk veut "augmenter de manière conséquente les investissements dans les transports en commun" et propose de "créer un réseau express régional public sur rail (S-Bahn et tram) qui relie la capitale aux pôles d’échange régionaux."

Idem pour Fokus qui réclame "une forme de transport express régional sur rail" comme le RER français ou le S-Bahn allemand.

L'ADR a tout de même cette formule plus ambiguë: "Au lieu d’exercer une pression sur les gens pour qu’ils utilisent les transports publics, l’ADR préfère analyser l’offre actuelle au niveau de l‘accessibilité, de la ponctualité, de la sécurité et de la transparence et dit très clairement qu’il faut, en vue d’une croissance limitée, miser sur la qualité plutôt que sur la quantité.

À bicyclette !

Presque tous les partis s'engagent à développer la mobilité douce. Le CSV propose "d'étendre les pistes cyclables pour en faire un réseau national continu."

Le DP prévoit "d’installer des places de stationnement pour vélos, des douches et des casiers dans tous les bâtiments publics."

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Les écologistes de Déi Gréng veulent "intégrer des aménagements cyclables ininterrompus, sûrs et confortables dans les projets routiers de l’État" et "adopter au Luxembourg le modèle à succès néerlandais de la piste cyclable colorée en rouge sur l’ensemble du territoire".

Les socialistes promettent qu'ils vont "élargir le réseau national de pistes cyclables avec un maximum de pistes réservées aux seuls cyclistes."

Et chez Déi Lenk on veut "développer l’offre en matière de pistes cyclables sécurisées", et "veiller à ce que les pistes cyclables soient continues et ne s’arrêtent pas aux frontières communales, qu’elles soient éclairées à des points stratégiques et qu’elles soient bien entretenues".

Les solutions innovantes

Quelques partis politiques avancent des solutions de mobilité alternatives et innovantes. Le CSV se propose de "développer davantage la conduite autonome. Le Luxembourg devrait jouer ici un rôle de premier plan en Europe".

Même son de cloche au DP qui "investira dans des infrastructures intelligentes pour permettre la conduite autonome." Et le parti de Xavier Bettel veut "créer une base légale qui permet l’utilisation de drones [...] pour l’intervention des services de secours, à des fins de renseignement ou en vue d’effectuer des livraisons."

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Les Pirates évoquent "le monorail, les trains à sustentation magnétique, les téléphériques et pourquoi pas les Hyperloop qui sont aussi des options dans d'autres villes du monde".

Fokus évoque dans son programme "des infrastructures supplémentaires telles qu'un monorail vers Belval ou un téléphérique traversant la vallée de l'Alzette dans la ville devraient également être sérieusement examinées."