
Avant son procès en appel, le docteur Ochs a émis des allégations à propos de cas de décès liés à la vaccination et de la relation aux patients Covid, dans son allocution et dans une interview à RTL.
L'année dernière, une procédure a été lancée contre le docteur Benoît Ochs, pour avoir enfreint le code de déontologie. Le généraliste a écopé en première instance d'une interdiction d'exercer d'un an. Il a fait appel et il peut continuer d'exercer jusqu'au verdict.
Le procès en appel a commencé le 26 janvier 2022. Une centaine de sympathisants du docteur Ochs s'étaient réunis devant la Cité judiciaire à Luxembourg. Avant d'entrer dans le tribunal, le généraliste s'est adressé à ses supporters et, dans la foulée, a accordé une interview à RTL. Tant dans son allocution que dans l'interview, le docteur Ochs a présenté comme des faits plusieurs allégations. Nos collègues de RTL ont vérifié ces allégations.
"Les médecins ont le choix de laisser les patients mourir chez eux", selon le docteur Ochs
Dans l'interview accordée à RTL, le docteur Ochs évoque une patiente Covid qui se trouvait chez elle en novembre et qui était très malade. La dame de Pintsch, près de Hosingen aurait appelé le 112 pour rencontrer un médecin. Ce soir-là, le docteur Ochs assurait une garde à Ettelbruck et il a été contacté par le 112. Le 112 aurait demandé au médecin s'il se rendrait chez une patiente Covid. Le docteur Ochs aurait alors demandé s'il avait le droit de ne pas y aller, Dans la foulée, il pose la question de savoir s'il aurait alors le droit de laisser la patiente mourir chez elle. Il affirme ensuite que les médecins pourraient laisser les patients Covid mourir seuls chez eux.
Selon le docteur Ochs, la patiente aurait tenté des jours durant de rencontrer les médecins de Hosingen. Mais aucun n'aurait été prêt à se déplacer chez la femme de 43 ans. Toujours d'après le généraliste, la dame aurait passé un mois à l'hôpital et aurait perdu 30% de ses poumons.
Le docteur Ochs dit avoir une attestation avec le témoignage de cette femme et l'avoir apportée comme preuve au procès. Et ce serait seulement un cas parmi d'autres au Luxembourg. Ici le docteur Ochs parle d'un nouveau protocole de 2020, qui fixe que les médecins ont le choix de laisser les patients Covid mourir chez eux et qu'ils doivent se rendre chez les patients Covid seulement s'ils sont si mal qu'ils ne peuvent plus parler.
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Qui a raison ici?
En raison de la protection des données, il n'est pas possible de découvrir l'identité de la patiente, ni si tout s'est déroulé comme le raconte le docteur Ochs.
Le fait est que l'on ne laisse pas les malades mourir seuls à leur domicile. Cela vaut pour les patients Covid comme pour tous les autres malades. Une personne qui est vraiment mal peut à tout moment appeler le 112 et reçoit de l'aide.
Les explications du CGDIS:
"Quand un patient a besoin d'une ambulance ou du SAMU en cas d'urgence, le CSU-112 envoie toujours de l'aide pour que le patient puisse être pris en charge le plus rapidement possible et avec compétence et ensuite transporté à l'hôpital. Cette décision est appuyée par notre système ELS (Einsatzleitsystem), mais l'opérateur est au final celui qui décide quels moyens sont alertés. Depuis l'an dernier, les équipes du 112 sont en plus soutenues jour et nuit par un officier-santé (infirmier). De plus, nous disposons en interne d'un protocole avec l'instruction d'envoyer de manière plus proactive une ambulance ou le SAMU chez les patients Covid en détresse respiratoire, car nous savons que leur état peut s'aggraver très rapidement."
Il est exact que le médecin de garde doit décider lui-même s'il est nécessaire de se rendre au domicile du patient ou pas. Là, la responsabilité incombe au médecin. Mais le médecin de garde est uniquement contacté par le 112 quand il ne s'agit pas d'une urgence et que la personne demande un médecin généraliste. On ne peut donc pas dire que le médecin de garde a le choix de laisser des personnes mourir chez elles. Car si une personne est vraiment mal et contacte le 112, a priori une ambulance ou le SAMU arrive.
Explications du CGDIS:
"Si une personne appelle chez nous parce qu'elle a besoin d'un généraliste et qu'il ne s'agit pas d'une urgence (en cas d'urgence, une ambulance est envoyée immédiatement), la Maison médicale du secteur concerné est contactée. Le médecin de garde doit ensuite appeler lui-même le patient et décider s'il se déplace ou pas."
Quel rapport avec le nouveau protocole de 2020 ?
Au début de la pandémie, un nouveau protocole a été élaboré pour les médecins, qui réorganise la prise en charge médicale. Tous les généralistes, spécialistes et dentistes ont pu s'inscrire dans cinq groupes médicaux différents, afin de garantir la prise en charge des patients. En mars 2020, des centre de soins avancés ont été aménagés pour les malades, pour éviter que des personnes infectées au coronavirus contaminent d'autres personnes aux urgences ou dans des cabinets médicaux. Mais les médecins qui étaient affectés au groupe médical 1, ont travaillé dans ces centres de soins ou se sont rendus au domicile des patients Covid pour les examiner. Les centres étaient accessibles sept jours sur sept de 8 à 20h00. Pour le reste, les visites à domicile aux patients étaient assurées et pour les cas d'urgence, le 112 était toujours opérationnel. De sorte que l'affirmation que l'on a pu laisser des patients mourir seuls à leur domicile, est fausse. Un groupe médical spécial, le groupe 1, a en effet été constitué pour faire toutes les visites à domicile chez les malades Covid. Un autre groupe médical, le groupe 2, a assuré les visites à domicile chez les patients non-Covid. Vous pouvez consulter ce protocole ici.
Pendant toute la pandémie, la prise en charge médicale de tous les types de patients a été assurée.
Surtout au début de la pandémie, l'accent a été mis sur les téléconsultations, afin d'éviter l'encombrement dans les salles d'attente. Pour les personnes malades, pour lesquelles une infection au Covid n'avait pas encore été diagnostiquée, le docteur contacté par téléphone pouvait faire quelques tests avec le patient pour se faire une première idée à distance de son état et déterminer si une visite à domicile était nécessaire. Il a ainsi été demandé à des patients d'inspirer et d'expirer profondément plusieurs fois ou de monter les escaliers en courant, explique le docteur Pit Buchler, président du Collège médical.
26 résidents d'une maison de retraite à Niederkorn décédés après l'administration de la dose booster?
Dans le bref discours qu'a tenu le docteur Benoît Ochs devant ses sympathisants, le généraliste a raconté qu'à la maison de retraite de Niederkorn, 26 résidents étaient décédés à cause du vaccin après l'injonction d'une troisième dose. Il reproche aussi aux médias d'avoir dissimulé cette affaire.
-> Servior réagit: Les déclarations "purement mensongères" du Dr Ochs
La maison de retraite "Um Lauterbann" à Niederkorn a connu un grand cluster de coronavirus en février 2021. Le premier cas positif a été détecté chez un résident le 17 février 2021. Le 18 février, les pensionnaires et le personnel ont pu recevoir une première dose de vaccin. Le même jour, un collaborateur a annoncé à la direction de l'établissement, qu'il était infecté par le coronavirus. Le virus était donc présent dans la résidence "um Lauterbann", avant la vaccination. Tout cela a évolué en foyer d'infections. Entre le 15 février et le 24 mars 2021, 22 résidents de la maison de retraite sont décédés du ou avec le Covid. L'âge moyen des personnes décédées était de 87,7 ans.
A la résidence "Um Lauterbann" de Niederkorn, la dose de rappel du vaccin contre le Covid-19, dite "booster" a été administrée le 30 septembre 2021. Depuis, huit résidents sont décédés (à la date du 28 janvier 2022). Aucun n'était infecté par le Covid-19.
Nathalie Hanck, porte-parole du CIPA "Um Lauterbann":
"[...] Nous vous confirmons que SERVIOR a à déplorer depuis le 30/09/2021 (date à laquelle l'ensemble de nos résidents ont reçu leur 3ème dose de vaccin dite "booster") jusqu'à ce jour, seuls 8 décès parmi ses résidents dont la moyenne d'âge se situe au-dessus de 86 ans. A notre connaissance, aucun de ces décès n'est en lien avec le Covid. Comme indiqué dans un communiqué publié hier, SERVIOR a eu connaissance qu'en date du 26 janvier 2022, le docteur Benoît OCHS, a tenu des propos diffamatoires à son égard en prétendant qu' "à la maison de retraite de Niederkorn, suite à l'injection du booster, il y a eu directement 26 morts ".
Il s'agit bien entendu de déclarations purement mensongères, relayées sur les réseaux sociaux, que SERVIOR dément fermement dans leur intégralité. SERVIOR ne peut tolérer de tels propos par respect pour son personnel, ses résidents et leurs familles."

© Servior
Aucun résident de la maison de retraite de Niederkorn n'est donc décédé à cause de la troisième dose de vaccin. La déclaration du docteur Ochs sur le sujet, est fausse.
