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Globalement mieux loties au Luxembourg que dans le reste de l'Union européenne, les femmes sont toujours confrontées à une certaine dévaluation dans le monde du travail.
Le 5 novembre, à précisément 16h47, les travailleurs français débrayaient pour protester contre les écarts de salaire qui persistent entre les hommes et les femmes: environ 15%. Au Luxembourg, un des pays les plus avancés dans cette quête de l'égalité en Europe, cet écart est d'environ 5%. Un chiffre très faible par rapport au reste de l'UE qui masque cependant des disparités encore bien présentes.
Si elles se disent aussi satisfaites que les hommes sur le niveau de leur salaire, les femmes sont, à rémunération égale, plus susceptibles de trouver leur travail "satisfaisant" que les hommes. En clair: à rémunération égale, les femmes prennent plus de plaisir dans leur métier que les hommes.
LES FEMMES ONT DES SITUATIONS PLUS PRÉCAIRES...
Au-delà du niveau de revenus, d'importantes différences existent encore entre les hommes et les femmes. Et ce sont généralement ces dernières qui sont soit défavorisées, soit plus souvent mises à contribution. À commencer par le taux d'emploi, inférieur chez les femmes: seules 68% des résidentes entre 20 et 64 ans sont en poste, contre 76% des hommes. Une situation loin d'être catastrophique mais qui place le pays en retrait par rapport aux très bons élèves européens, notamment les pays nordiques.
Les femmes sont aussi (beaucoup) plus nombreuses que les hommes à être embauchées à temps partiel: en 2018, 31,8% des femmes âgées de 15 à 64 ans travaillaient à temps partiel, contre seulement 5,8% chez les hommes. Le Statec note que la tendance est à la baisse, mais il faudra de nombreuses années avant d'atteindre un équilibre entre les deux.
Dans le même ordre d'idées, ce sont encore les femmes qui ont davantage recours aux CDD qu'aux CDI. Avec cette fois un écart plutôt faible entre les genres: 9,1% des hommes en 2018, et 10,7% des femmes.
ET C'EST EN PARTIE À CAUSE DES ENFANTS
Malgré son avancée dans la répartition de l'éducation des enfants, le Luxembourg tombe toujours dans le cliché du "papa au travail" et de la "maman à la maison". Ce que confirme le Statec dans son rapport "Travail et Cohésion Sociale": "l’emploi des femmes diminue avec le nombre d'enfants, alors qu'il augmente chez les hommes". Ce qui signifie que plus elles ont d'enfants, moins les femmes travaillent. Tout le contraire des hommes."Le taux d’emploi inférieur des femmes est principalement attribué aux responsabilités liées à la garde des enfants et à un manque de disponibilité ou d’utilisation des services de garde d'enfants ou de solutions alternatives."
Un phénomène auquel s'ajoutent d'autres facteurs, comme les habitudes héritées des générations précédentes ou les écarts de salaires qui poussent les hommes plutôt que les femmes à conserver leur poste. "Les interruptions de carrière pour la garde des enfants sont la norme pour les femmes (72% ont interrompu leur carrière pour une durée d’au moins un mois), tandis qu’elles restent l’exception pour les hommes (uniquement 16%)." Le Statec cite notamment une étude de 2017, qui évalue à 72% le taux de mères participant au congé parental, contre 13% pour les pères.
"Les disparités entre les sexes dans l’effet de la garde d’enfants sur le travail sont énormes. En moyenne, les hommes sont deux fois moins susceptibles de voir un effet sur leur travail que les femmes" quand se pose la question de la garde des enfants, affirme le Statec. "34% des femmes ont déclaré que la garde des enfants avait une incidence sur leur emploi, par rapport à 17% des hommes." Autant de données qui prouvent que quand les femmes auront obtenu l'égalité salariale qui leur fait défaut, elles ne seront pas au bout de leur peine.