La prochaine Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise aura lieu le 17 septembre 2025. L'occasion pour les deux États d'avancer sur plusieurs dossiers sensibles. Et, peut-être, de revoir le fonctionnement du codéveloppement acquis en 2018.

Il y a sept ans déjà, le Luxembourg et la France signait un accord officialisant le codéveloppement : une enveloppe commune de 220 millions d'euros, alimentée à part égale par les deux pays.

Le portefeuille a ensuite été portée à 440 millions d'euros, avec un but : financer des infrastructures de mobilité en France, principalement dans le ferroviaire et les parkings-relais.

Aujourd'hui, le sénateur de Meurthe-et-Moselle Olivier Jacquin (parti socialiste) milite avec d'autres pour repenser ce codéveloppement, que la France a du mal à assurer. "On constate qu'en raison de la différence de richesse des deux pays, lorsqu'il y a un projet côté français, les collectivités ont beaucoup de mal à le financer" regrette le sénateur. Quelques projets ont bien vu le jour, à Thionville, Longwy et le long de la ligne ferroviaire, mais on est loin d'avoir dépensé l'argent prévu.

Puisque le Luxembourg est le "principal bénéficiaire" de la relation franco-luxembourgeoise, il ne faut plus considérer les deux pays "à parité" avance-t-il. Car le Luxembourg "est beaucoup plus riche que la France". Ou du moins, financièrement parlant, il a les coudées plus franches que l'Hexagone, empêtré dans un budget avec peu de manœuvre.

Son idée : poursuivre le codéveloppement, mais en demandant un effort plus important au Luxembourg. L'effort financier pourrait être réparti à 80% sur le Luxembourg et à 20% sur la France, suggère le sénateur.

L'enjeu est également d'ouvrir cette enveloppe de codéveloppement à des projets qui sortent du cadre des transports. Notamment les crèches, une idée avancée depuis plusieurs années par le maire de Thionville Pierre Cuny. "Si on se contente d'augmenter les tuyaux, on ne va pas régler plein de problèmes côté français, notamment sur les pénuries de main-d'œuvre dans certains secteurs." Le sénateur espère donc que des projets utiles au quotidien seront intégrés dans l'effort commun.

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Olivier Jacquin, sénateur socialiste de la Meurthe-et-Moselle. / © Facebook / Olivier Jacquin

"On pourrait très bien adapter en fonction du projet" soutient le sénateur Olivier Jacquin. "Par exemple, en faisant un financement 80/20 pour un parkings-relais, mais en allégeant la note pour une crèche, surtout si elle est située plus loin de la frontière et ne profite pas qu'à des enfants de frontaliers."

Le sénateur espère également que le Luxembourg s'adoucisse sur les projets à financer. Notamment sur la liaison autoroutière de l'A31, pour laquelle le Grand-Duché ne souhaite pas mettre la main à la poche. Car le Grand-Duché conserve évidemment un droit de regard sur l'utilisation de son argent.

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Des discussions importantes pour les frontaliers en septembre

Le 17 juillet, un Comité consultatif de codéveloppement franco-luxembourgeois présidé par les préfets de Meurthe-et-Moselle et de Moselle a voté (en petit groupe) une motion pour aller plus loin que le codéveloppement établi.

Un vote symbolique avec la CIG du 17 septembre dans le viseur. Lors de laquelle la France aura plusieurs dossiers chauds à négocier avec le Luxembourg. Dont la revalorisation de la contribution chômage, très avantageuse pour le Luxembourg. Et il serait étonnant de ne pas y évoquer la proposition française de permettre aux frontaliers 40% de télétravail.

Concernant ce codéveloppement imaginé côté français, il reste à convaincre le Luxembourg. Et notamment le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, grand artisan de l'accord signé en 2018. "Étant parlementaire, ce n'est pas à moi de convaincre le Luxembourg. Je mise sur Benjamin Haddad, ministre délégué auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères" tempère le sénateur.

Côté français, le sénateur estime qu'il y a "une convergence" pour ce codéveloppement amélioré. Il faudra attendre septembre et la rencontre entre les deux gouvernements pour savoir si l'idée a fait son chemin au Grand-Duché.