Le Luxembourg va-t-il payer pour des services offerts aux frontaliers en France? Pierre Cuny, le maire de Thionville, espère faire de cette idée la prochaine étape du codéveloppement franco-luxembourgeois.

La France et le Luxembourg cofinancent déjà des infrastructures dans l'Hexagone. Vont-ils s'unir ensuite pour subventionner des services? À Thionville, l'idée fait son chemin. Soutien indéfectible du codéveloppement franco-luxembourgeois mis en place depuis 2018, le maire Pierre Cuny imagine la collaboration frontalière faire un nouveau bond en avant.

Après avoir mis plusieurs millions d'euros dans l'allongement des quais ferroviaires, et dans la construction du parking de Metzange, le Luxembourg cofinance effectivement le parking en silo de la gare de Thionville.

Maintenant que ce principe du codéveloppement des infrastructures est bien ancré, Pierre Cuny compte sur la "transformation incroyable des rapports franco-luxembourgeois" pour aller plus loin. "On pourrait passer d'un cofinancement d'infrastructures à un cofinancement de services, absolument. C'est quelque chose sur lequel je m'engage personnellement."

Contrairement à une rétrocession fiscale réclamée par ses opposants politiques, le maire de Thionville aimerait arriver à un financement du "reste à charge" de certains services locaux. Imaginons une crèche française située près de la frontière et accueillant de nombreux enfants de frontaliers: le Luxembourg pourrait régler une partie du coût de son fonctionnement, propose-t-il. "C'est quelque chose qui doit rentrer dans les discussions!"

Le Luxembourg n'est pas fermé à l'idée, assure le maire. Même s'il aurait ses conditions. L'enseignement de la langue luxembourgeoise aux jeunes mosellans de la crèche par exemple. "Chiche!" répond Pierre Cuny. "Si le Luxembourg nous trouve les locuteurs et locutrices, nous les payerons." Un effort donnant-donnant et surtout gagnant-gagnant selon lui: Thionville obtiendrait de l'équipement public avec un cofinancement tandis que le Luxembourg limiterait le poids de tels aménagements sur un foncier limité donc "problématique".

Pierre Cuny se défend toutefois de "faire l'aumône". Il considère plutôt sa démarche comme une nouvelle étape dans la relation franco-luxembourgeoise. "Je suis pour du cofinancement, des économies qui permettent un développement harmonieux des deux côtés." À charge au prochain gouvernement luxembourgeois de faire évoluer, ou non, son accord de codéveloppement frontalier avec la France.

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